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[Test] Days Gone

4 Mai 2019 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Tests PS4

Impossible de ne pas se souvenir de son annonce lors de l'E3 2016, avec un trailer alléchant et surtout impressionnant où l'on pouvait découvrir un homme et une moto en pleine fuite face à une horde de zombies... à l'image du récent World War Z. Après quasiment 3 ans d'attente et quelques communiqués de presse sans jamais trop en dire à son sujet, Days Gone pointe le bout de son nez en cette fin de mois d'avril. Développé par Bend Studio, auteur de Syphon Filter et Uncharted: Golden Abyss (l'épisode PSVita de la série), le studio tente l'aventure avec un projet conséquent en cette fin de génération. On précise d'ailleurs qu'il s'agit bien d'une exclusivité PlayStation 4. Un monde post-apocalyptique qui sort de l'ordinaire ? Une aventure passionnante ?

Avant de se lancer, on précise directement que le test ne contient pas de spoil sévère. On se contente de quelques noms mais rien de trop précis de manière à conserver la surprise sur le contenu du jeu, le but étant de faire un tour d'horizon et d'afficher ses forces et faiblesses sans dévoiler l'intrigue ou quelques aspects qui pourraient donner trop d'indices sur l'aventure. Days Gone nous plonge au coeur de l'Oregon dans la peau d'un certain Deacon St John qui connaît des moments difficiles dans sa vie personnelle et qui se déplace à moto. Oui, même si l'on se retient d'en dire un peu plus à son égard, ce ne sont que des détails démontrant ainsi un problème d'identité au sein du jeu. Sans aller jusqu'à dire qu'il s'agit d'un jeu générique au niveau des différents protagonistes, on alterne clairement entre des personnages assez soignés et marquants et d'autres en manque d'inspirations.

On va sûrement faire de la répétition à ce niveau-là mais il est évident que le jeu se compare à la série The Walking Dead sur de nombreux points mais aussi à d'autres jeux en monde ouvert, à certains films... Les inspirations sont donc nombreuses pour aboutir à un univers qui peut manquer un peu d'identité au premier coup d'oeil mais qui offre tout de même une ambiance post-apocalyptique assez immersive avec des séquences impressionnantes. Déjà le choix de l'Oregon en guise de terrain de jeu, c'est rafraîchissant et invite clairement à prendre le temps de découvrir cet immense monde ouvert. La notion de liberté est mesurée puisque le jeu cherche à contrôler notre progression en gérant l'accès à certaines zones ou encore en se montrant dirigiste (et même un peu trop) lors de certains objectifs. En tout cas ce paysage rarement exploité dans les jeux vidéo est un plaisir pour les yeux. 

Les paysages sont superbes et variés, des forêts, des montagnes, des plaines, des déserts ou encore des villes. Le souci du détail est important et ne cesse d'agréablement surprendre lors de notre exploration. Ce soin dans les décors s'accompagne d'une météo dynamique absolument renversante rappelant sans problème celle de Red Dead Redemption 2 par exemple pour comparer avec un autre monde ouvert. Des tempêtes spectaculaires, que ce soit de la pluie ou de la neige en plus d'une brume selon la période de la journée. Le cycle jour-nuit est bien exploité avec à chaque fois un travail sur la lumière maîtrisé et aussi brillant que le reste du jeu. Un même décor dispose de plusieurs visages tellement la météo et la l'éclairage possèdent une forte influence sur la représentation du décor. Un environnement qui ne contient pas que des arbres ou des maisons, la faune est dense (loup et ours par exemple) et rend l'ensemble vivant.

Comme pour chaque jeu en monde ouvert, ce n'est pas qu'un décor, elle peut aider mais aussi être une menace ou encore être utile lorsqu'il est question de partir à la chasse. On trouve aussi d'autres humains et surtout.... des zombies enfin ce n'est pas le terme employé, on parle ici de mutant. On retrouve le concept de hordes de World War Z avec une centaine de mutants à l'écran pour offrir là aussi une belle mise en scène. On précise d'ailleurs que la nuit est plus terrifiante avec une menace plus forte (un aspect rappelant un peu Dying light). Les codes et l'esprit post-apocalyptique sont donc respectés et permettent d'aboutir à un monde varié et vivant même si l'on verra par la suite qu'en matière d'activité, le jeu devient vite vide affichant ainsi un contraste avec la partie artistique.

Sur le plan technique, cette production s'en sort plutôt bien, elle surprend même à certaines occasions surtout lorsqu'on sait que le moteur est à la base l'Unreal Engine 4, évidemment avec de nombreuses modifications. Néanmoins à l'heure actuelle, le titre souffre encore trop à notre goût et malgré le déploiement d'un patch de plus de 20 Go... On peut se rassurer par le sérieux des développeurs dans les prochaines semaines afin d'obtenir une expérience plus confortable et stable. Les déplacements avec notre moto mettent de temps en temps le jeu en difficulté. Des chutes de framerates parfois importantes sont donc à déplorées tout au long du jeu. Des petits freezes, du clipping, des textures parfois vilaines, des collisions hasardeuses, des temps de chargements un peu longs... Comme vous pouvez le lire, la liste est encore trop longue.

On peut même ajouter un rythme étrange et pas franchement agréable dans la gestion des cinématiques, la mise en scène n'est pas top sur ce point malgré de bonnes intentions pour enrichir l'histoire. Days Gone se lance dans la catégorie des jeux en monde ouvert. Jusqu'ici pas de problème, bien au contraire, on profite d'une carte gigantesque mais on découvre aussi que le jeu tombe dans les nombreux pièges lors de la conception d'un tel jeu. Souvent vide en activités annexes, une fois les missions effectuées, le jeu va montrer rapidement ses limites et un étrange côté dirigiste pour un tel jeu notamment lors des missions. En gros vous recevez un avertissement sous forme de message indiquant que vous vous éloignez du chemin prévu pour la mission. Un écart important ou trop longtemps et.... la mission se relance. Pas d'inquiétude tout de même, il existe une certaine marge avant de subir une telle mésaventure.

La plupart du temps il faut vraiment le faire exprès mais cela reste quand même un détail qui pourra agacer les joueurs. Au rayon des pièges d'un tel genre, on retrouve l'intérêt douteux de certaines missions ainsi que la conception de l'ensemble d'un objectif. C'est souvent de nombreux déplacements pour de simples livraisons ou collectes. Parfois c'est amusant grâce à une mise en scène soignée, parfois c'est long et c'est lourd. L'avantage d'un jeu en monde ouvert avec un univers post-apocalyptique comme celui-ci, c'est de pouvoir offrir différentes approches sur la plupart des situations où il y a des ennemis (mutants, humains, animaux). En effet on peut très bien opter pour l'infiltration pour se faciliter un minimum la future séquence d'action à venir.

C'est d'autant plus vrai dans la gestion des hordes où il faudra impérativement connaître et maîtriser son environnement afin de réduire et ralentir de manière efficace la vague de mutants (explosifs par exemple) pour s'en sortir sans trop de blessures. D'une manière générale, la prise en main est rapide et accessible avec des mécaniques classiques et des sensations plutôt bonnes au niveau des tirs, des déplacements et de la conduite. En effet le jeu met l'accent sur une relation entre l'homme et sa moto, le jouet préféré de notre héros avec les armes. En plus d'être indispensable pour les déplacements, on aura le droit à des courses mais surtout un réflexe à rapidement obtenir en ce qui concerne l'entretien. Des modifications, des réparations ou encore s'assurer d'avoir un réservoir un minimum plein pour éviter la panne...

Des voyages rapides sont possibles mais cela consomme quand même de l'essence et à condition que la situation soit neutre autour de vous, un classique pour le genre. Même constat du côté des armes qui nécessitent une certaine surveillance puisqu'elles sont destructibles, mais la réparation est possible grâce à de la ferraille obtenue lors de votre aventure. D'ailleurs l'arsenal proposé est complet, sans être original avec également des grenades, des gadgets ou des pièges pour pimenter votre puissance face à l'ennemi. Le jeu exige aussi une certaine vigilance au niveau de vos différentes barres : barre de vie et barre d'endurance. Un système de concentration est aussi de la partie pour réduire le temps et donc enchaîner des tirs précis pendant un court instant. Une compétence très pratique comme bien d'autres. En effet vous disposez de trois arbres de compétences (combat rapproché, combat à distance, survie) pour obtenir des avantages intéressants tout au long de l'histoire.

Par contre sur le plan de l'équilibrage, le jeu joue la carte de l'exigence, pour obtenir un point de compétence, il faut forcément monter un niveau, ce qui n'est pas spécialement simple et rapide mais permet d'impliquer le joueur sur l'ensemble des activités du jeu. On le répète mais justement derrière cette grande surface de jeu, on est un peu déçu par la pertinence et la quantité d'activités annexes. C'est à la fois classique et faible, en dehors des missions principales, on retrouve des quêtes annexes très répétitives, des nids de mutants et des événements aléatoires qui ne sont pas franchement séduisants. La chasse et la cueillette peuvent amuser les premières mais très vite, on pourra comprendre que celles-ci ne sont pas indispensables pour l'aventure. Alors oui il y a des collectibles mais ils ne sont pas spécialement intéressants, le jeu se montre finalement plus intéressant pour le craft.

Pour revenir à la chasse et à la cueillette, vos récoltes permettent d'obtenir de la confiance dans les camps et renouveler les magasins. En effet le jeu met en scène un système de camps alliés dans l'ensemble des régions du jeu, où l'on doit augmenter le niveau de confiance, une démarche classique pour un tel univers. On vous laisse la surprise sur les types d'objectifs au niveau des missions, sachez simplement que la variété n'est pas énorme. Au niveau du crafting, rien de bien original, on pourra se lancer dans la fabrication de soins, d'accessoires (grenades, cocktail) ou encore des pièges. Au-delà du manque d'inspiration dans les missions et d'une richesse douteuse dans les activités sur une aussi grande map, on est également un peu frustré par le niveau de l'IA que ce soit les mutants ou les humains (plusieurs types). Une IA limitée qui d'ailleurs contribue à cette difficulté pas très élevée du jeu même en choisissant la difficulté difficile.

Au niveau du contenu un peu plus chiffré, sans trop en dire, il est question d'une aventure découpée en trois actes pour un total de 40 heures environ. Sûrement un peu moins si l'on effectue le jeu en ligne droite mais au moins 10 heures de plus pour finir le jeu à 100%. On est donc entre 35 et 55 heures environ suivant votre approche et votre envie de creuser le jeu. En dehors des différentes activités annexes et collectibles pour prolonger l'expérience de jeu, on souligne la présence d'un mode photo particulièrement agréable et pertinent compte tenu des qualités visuelles du jeu. On y retrouve des options classiques pour un tel outil : filtres, cadres... Evidemment vous pouvez toujours compter sur la liste des trophées/succès pour obtenir une raison de continuer l'aventure.

Pour la bande-son, le studio met le paquet pour offrir une ambiance sonore qui accompagne à merveille notre aventure et sa direction artistique. Le thème principal est excellent tandis que le jeu mise ensuite sur des compositions relativement calmes, discrètes mais agréables. De belles mélodies en perspective en plus d'un doublage vraiment très bon que ce soit en français ou en anglais. Un choix que l'on apprécie pour un résultat vraiment très satisfaisant pour les voix françaises surtout pour un jeu où certaines séquences pourraient sembler difficiles avec des sous-titres. Si vous vous lancez en VO, il faut maîtriser cette dernière sans trop lire les sous-titres. Enfin on termine quand même par un sentiment global du travail d'écriture même si l'on va rester très simpliste et discret à ce sujet pour que chacun puisse découvrir et se plonger dans l'aventure avec le même effet de surprise.

Aucun détail ne va être donné, simplement une orientation de l'histoire. Sans surprise, le jeu n'est pas spécialement original, il pioche de belle manière dans de nombreuses productions que ce soit dans les jeux vidéo, le cinéma ou les séries TV (on pense forcément à The Walking Dead). On est évidemment sous le charme des hordes de mutants qui constitue non seulement une belle mise en scène mais aussi un moyen efficace de captiver le joueur lors de certaines séquences. On peut même y voir l'un des ingrédients majeurs de l'identité du jeu.

Concernant les différents personnages du jeu, on ne tombe pas trop dans le cliché, mais ça manque de charisme, de profondeur et globalement de fraîcheur pour un tel univers. Concernant notre protagoniste, il bénéficie logiquement d'un meilleur soin sur le plan de l'écriture sans pour autant un potentiel fort pour être l'une des figures emblématiques des licences exclusives de Sony. Une aventure longue, captivante mais qui manque d'inspiration et qui ne cherche pas spécialement à sortir de ce que l'on connaît déjà dans ce type d'univers.

Days Gone ne déçoit pas et confirme les belles promesses des différentes vidéos depuis son annonce. Cependant ce n'est pas non plus un résultat éblouissant, la faute à quelques soucis de finition mais aussi à un rendu final qui joue la sécurité au niveau de l'écriture et des mécaniques de jeu. Un univers post-apocalyptique sous la forme d'un jeu de tir à la troisième personne dans un monde ouvert. Alléchant sur le papier mais frustrant sur de nombreux points. La durée de vie est longue mais le contenu pas si énorme et surtout assez répétitif. L'effet mutant fonctionne effectivement bien mais en dehors de ce spectacle de jour comme de nuit, on tombe face à une aventure assez sobre. Efficace, amusant mais pas original.

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Graphismes : 16/20
Gameplay : 16/20
Durée de vie : 16/20
Bande-son : 15/20
Scénario : 13/20

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Note globale :  16/20

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