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[Test] Disgaea 6 : Defiance of Destiny

9 Juillet 2021 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Tests Switch

La série Disgaea est de retour avec cette fois-ci un épisode inédit. En effet ces derniers, on pouvait surtout découvrir des versions corrigées de certains épisodes comme Disgaea 1 Complete ou encore Disgaea 4 Complete+. Cela fait donc 6 ans que l'on attendait le sixième épisode qui s'intitule Disgaea 6 : Defiance of Destiny. Un nouvel opus disponible depuis le 29 juin 2021 sur Nintendo Switch. Nippon Ichi Software espère bien bonifier la formule de cette excellente série en matière de Tactical RPG. Un épisode fidèle rappelant l'univers toujours aussi déjanté de la série ?

Habituellement la série n'a pas réputation de faire preuve d'une quelconque révolution dans son concept. On trouve bien quelques nouveautés pertinentes à chaque fois mais cela reste léger. Ce sixième opus tranche complètement avec cette approche puisqu'il est synonyme de changements majeurs notamment sur la partie visuelle. Ce nouvel opus adopte un nouveau moteur de jeu et bascule donc complètement sur des modèles 3D. Auparavant on avait déjà des environnements en 3D mais la partie personnage était en 2D avec de superbes sprites. Ces derniers disparaissent (possible déception du côté des fans absolus de ce style) pour laisser place à une 3D totale y compris pour les personnages. Cela implique donc un travail important chaque personnage, ce qui pourra d'ailleurs expliquer un casting un peu plus limité.

Le passage 3D reste tout de même de très bon goût avec une modélisation plutôt chouette où l'on profite toujours de décors et de personnages riches en couleurs. Les animations ne progressent pas spécialement mais l'ensemble se montre agréable à l'oeil. Cette transition technique n'influence pas de manière négative la patte artistique du jeu qui reste toujours aussi drôle et folle. Ce style si personnel dans l'élaboration des personnages reste donc toujours de la partie. Ce choix fois de changement de moteur va de toute façon diviser les fans, il faudra plusieurs épisodes pour déterminer si cette option était la bonne. Pas d'inquiétude, ce passage vers une ère visuelle un peu plus moderne ne possède aucun impact particulier sur le gameplay.

La série conserve tout de même son charme avec une bonne dose d'humour et de nombreux clins d'oeil, les ingrédients sont toujours présents et devraient une nouvelle fois séduire les fans. La mise en scène est toujours convaincante même si l'on conserve cette approche minimaliste avec de nombreux dialogues mais dans un style ancien avec l'illustration de celui qui parle avec la bulle en question. Le jeu est fidèlement bavard et quoi de mieux qu'une traduction française pour comprendre et savourer la folie des dialogues. Cela fait quelques épisodes que le français est au rendez-vous, un effort que l'on apprécie. Malheureusement comme c'est parfois le cas dans lorsqu'une série tente d'offrir une évolution technique, la finition n'est pas toujours irréprochable, c'est justement le cas avec ce sixième opus.

Avant même de rentrer dans les détails, on pourra constater par défaut des ralentissements, parfois importants, dans le hub central du jeu. On souligne cette zone de jeu précisément car d'une part on y passe une grosse partie de son temps mais surtout c'est loin d'être la zone la plus riche en éléments et qui pourraient donc expliquer cette baisse de framerate. Même s'il y a un nouveau moteur avec une approche entièrement 3D, l'évolution n'est pas non plus renversante dans la structure du jeu, son approche reste sensiblement la même sauf qu'on gagne en volume et on conserve notre belle palette de couleurs. C'est donc un point négatif un peu gênant qui peut être légèrement atténuer ou même contourner mais avec un sérieux compromis qui risque de déplaire une bonne partie des joueurs.

En effet le jeu, à l'image des productions de la nouvelle génération de consoles, propose plusieurs options visuelles : performance, jouabilité, balancé. Le mode performance est sélectionné par défaut dans le jeu et se concentre sur la résolution. Le mode jouabilité se concentre sur le framerate et permet d'obtenir une parfaite fluidité tout au long du jeu. Enfin le troisième mode joue la carte du compromis entre la résolution et le framerate. L'idée est d'avoir le moins de ralentissement possible tout en ayant une résolution satisfaisante. Pour faire son choix, il faut donc essayer les trois modes et l'on va vite découvrir que le mode jouabilité qui mise sur le framerate n'est vraiment pas la meilleure solution.

C'est bien simple le jeu ne se montre pas sous son plus beau visage, la baisse de la résolution est vraiment importante, cela devient très moche en mode TV et à peine acceptable en mode portable. On vous recommande donc le mode balancé qui permet de maintenir une résolution correcte tout en subissant de rares ralentissements. Autrement, vous conservez le mode par défaut mais il faudra accepter des ralentissements réguliers dans les combats et dans le hub tout en profitant d'une belle prestation visuelle. On est surpris de voir la licence autant en difficulté au niveau de sa finition, la petite révolution visuelle explique certainement les difficultés de cette transition mais on pouvait espérer mieux surtout après une attente aussi longue.

Heureusement on apprécie la possibilité offerte par les développeurs de choisir son mode visuel de manière à correspondre à l'attente de chaque joueur à défaut de proposer une expérience visuelle irréprochable. Si le jeu est parfaitement jouable en mode TV, on préfère largement le jeu en mode portable. Dans sa catégorie, la série Disgaea fait figure de très bon élève en matière de gameplay, complet et technique. On retrouve avec joie les solides bases de la licence dans ce sixième opus. Il faut donc s'attendre à une évolution mineure sur cet aspect même si on va le voir, les petites nouveautés possède un poids important sur l'expérience de jeu.

On est donc toujours face à un tactical-RPG au tour par tour classique avec des terrains sous forme de cases en sachant que la verticalité est au rendez-vous, il ne s'agit pas toujours d'une surface plane. L'objectif est toujours le même, vaincre les ennemis en ayant encore au moins un personnage en bonne santé. On vous rassure tout de suite, les combats sont toujours aussi intéressants, tactiques et jouissifs dès que l'on parvient à sortir de belles combinaisons. On l'a dit, c'est un tour par tour classique. Un personnage réalise d'abord un déplacement selon sa capacité de mouvement. Une fois son déplacement réalisé, il peut réaliser une action comme une attaque, une position défensive, une capacité spéciale, ou encore lancer un objet ou un personnage (avec toujours la possibilité d'empiler les personnages).

Dès que les actions sont terminées pour l'ensemble de l'équipe, c'est au tour de l'adversaire. Il est important aussi de ne pas négliger la cohésion d'équipe et donc de placer de manière très proche certains personnages. Cela permet de réaliser des combos nommés chaînes et ainsi faire de sérieux dégâts à l'adversaire. Il ne suffit donc pas d'avoir des personnages avec des gros niveaux et des grosses statistiques, l'analyse du terrain et des adversaires est primordiale pour réaliser les bons choix de déplacements. Autre aspect du terrain de jeu qu'il faudra tenir compte en permanence et qui constitue l'une des identités de la série : les géoblocs. Il s'agit de cubes colorés qui apportent des bonus ou malus en plus de modifier la couleur de certaines cases du sol en cas de destruction.

Un système qui peut paraître complexe mais qui renforce l'aspect tactique des combats et peut devenir autant un atout majeur dans une partie qu'un véritable piège. Jusqu'ici on est donc face à des mécaniques maîtrisées et que l'on apprécie toujours autant, maintenant ce sixième volet tente d'apporter un peu de fraîcheur en cohérence avec son histoire, on va donc rester prudent dans la description des nouveautés. Premier changement que l'on peut rapidement découvrir, il n'est plus nécessaire de se rendre à l'hôpital pour soigner son équipe après un combat. En effet le soin est désormais automatique après chaque combat. Un changement qui amène ce nouvel épisode vers un système de jeu un peu plus accessible, l'explication qui va suivre confirme ce sentiment.

En effet, il est temps d'aborder la nouveauté principale de cette nouvelle aventure : l’Ultra-Réincarnation. Il s'agit d'une capacité spéciale que notre personnage possède et qui est en lien avec l'histoire, on ne va pas donc revenir dans les détails sur les raisons mais plutôt sur son impact sur le gameplay. En gros l’Ultra-Réincarnation vous permet de recommencer au niveau 1 avec n'importe quel personnage. L'intérêt est de le rendre encore plus fort en conservant une très grosse partie des statistiques acquises avant de lancer la démarche. On se retrouve en décalage complet, il n'y a plus de cohérence dans les statistiques avec les adversaires, c'est une situation à la fois étrange et drôle ce qui colle totalement avec l'esprit de la série.

Vous aurez plusieurs niveaux de différence avec un ennemi et pourtant en deux coups ce sera réglé. Vous pourrez faire usage de capacités très rapidement alors que sur le premier cycle il fallait attendre bien plus longtemps. Il faut voir l’Ultra-Réincarnation comme un concept de développement inédit. Avant le coup c'est toujours frustrant de devoir recommencer un personnage sauf que là dès les premiers niveaux, on s'évite la peine de l'apprentissage et de la montée en puissance, on est tout de suite très compétitif. En dehors des dégâts plus importants, on pourra par exemple envisager des déplacements plus longs de quoi rendre vraiment son personnage redoutable sur le terrain.

Si l'on ne peut pas changer de classe pour les personnages principaux, pour un monstre on pourra parfaitement procéder à un changement radical de classe lorsqu'on procède à l’Ultra-Réincarnation. On laisse un peu de surprise sur cette mécanique mais clairement cet excellent concept mérite le coup d'oeil. On peut par contre estimer qu'il influence assez grandement le challenge du jeu avec une nouvelle fois le sentiment que ce sixième épisode tente par plusieurs moyens de rendre le jeu plus accessible et moins frustrant que dans les opus précédents. D'ailleurs au niveau des statistiques, une notion importante dans Disgaea tellement la démesure des chiffres est présente. Désormais le niveau max d'un personnage est 9999 ! (du moins dans un premier temps) vous vous en doutez avec un tel niveau, les coups portés feront des dégâts monstrueux avec un compteur qui s'affole à chaque coup.

Avec ce choix de pousser les limites nettement plus loin, cet épisode démontre le délire et la démesure de la série, si certains peuvent ne pas accrocher à ce style, cela reste totalement cohérent avec l'ambiance de la licence. Au niveau de la durée de vie, le jeu ne se montre pas spécialement long. En effet cet épisode est l'un des plus courts de la série avec un temps de jeu estimé entre 20 et 30 heures selon votre façon de jouer et votre expérience avec ce style de jeu et la licence. La rejouabilité est par contre toujours aussi bonne avec par exemple plusieurs fins différentes à découvrir. Ce nouvel épisode propose aussi des quêtes personnelles pour chaque personnage, une nouveauté intéressante qui ne demande qu'à s'enrichir encore plus dans de futurs opus.

On retrouve aussi un hub central qui ne va pas surprendre les fans de la licence. Les boutiques sont présentes, l'Assemblée Démoniaque (avec son fameux concept des lois) est toujours de la partie et une buvette fait son apparition. Le monde des objets est également présent, on y reviendra plus tard pour ceux qui ne connaissent pas le principe. Il faut aussi aborder les classes pour rappeler déjà que l'on retrouve un contenu classique avec les mages, les assassins, les soigneurs, les unités pour le combat rapproché et celles pour le combat à distance mais aussi les fameux Prinnies. Une créature qui participe à l'identité de la série depuis sa première apparition. C'est une créature au style proche d'un manchot de couleur bleue avec des petites ailes de chauve-souris.

S'ils peuvent paraître mignons en apparence ou au moins drôle, ça se termine souvent sous la forme d'une explosion... Heureusement cette classe est donc bien présente car on va rapidement découvrir que de nombreuses classes manquent à l'appel. En effet, peut-être en lien avec le changement de moteur, le jeu ne propose que la moitié des classes par rapport à d'habitude. Si on pouvait compter sur une quarantaine de classes habituellement, dans Disgaea 6 il faudra se satisfaire d'une petite vingtaine de classes... En dehors de l’Ultra-Réincarnation, le jeu revoit sa copie sur la progression des personnages et la répartition de l'expérience. Une fois encore, c'est simplifié. 

Désormais, les points d'expérience font l'objet d'une répartition globale contrairement aux opus précédents où seul le personnage qui réalisait l'action fatale profitait de l'expérience. Chaque personnage qui participe à un combat profite désormais des points d'expérience même s'il est en retrait. On profite également pour signaler la présence d'un comptoir de la triche pour influencer selon son envie les gains d'expériences, de mana mais aussi la puissance des ennemis selon votre perception de la difficulté. Cette liberté sur la difficulté et la vitesse de progression ne s'arrête pas là. Il existe plusieurs options pour progresser et surtout réaliser du farm sans le moindre effort, juste de la patience.

Le jeu propose donc un mode automatique. Vous appuyez sur une touche, vous définissez les personnages concernés et ceux-ci se lancent au combat, vous n'êtes plus que spectateur. Il est même possible de gérer la vitesse de ce mode, vous débutez avec un X2 mais par la suite, en faisant passer des lois, vous pouvez envisager des multiplicateurs encore plus grands. Cette fonctionnalité est loin d'être basique car le potentiel ne s'arrête pas là. Ce mode automatique s'accompagne d'un mode boucle qui permet de reproduire le niveau tant que la boucle est activée, on peut difficilement espérer mieux pour réaliser du farm dans le plus grand confort. Forcément aux yeux de certains joueurs, l'intérêt de telles options est plus que discutable mais pour ceux qui n'ont pas l'envie de se lancer dans le farm pendant plusieurs heures ou qui rencontrent des difficultés, c'est un moyen simple et efficace.

Ce mode automatique se permet même une pointe de stratégie puisqu'il propose au joueur d'établir un plan précis. En effet grâce à l'intelligence maléfique, des démonicodes proposent des actions plus précises sous la forme de questions et branches à définir. Ainsi lors des combats en mode automatique, les personnages feront précisément les actions souhaitées. Enfin lorsqu'on parle du contenu, il faut impérativement rappeler la présence du Monde des objets. Un concept de la série qui participe à son identité et qui est logiquement reconduit pour ce sixième opus. Pour ceux qui ne connaissent pas, dans Disgaea, les objets peuvent monter de niveau au même titre que les personnages. Il est donc possible de pénétrer dans le monde d'un objet ou d'un équipement, cela se traduit par une dimension différente où l'on découvre un donjon dont la construction est aléatoire.

Dans cet épisode, on pourra lui reprocher des niveaux légèrement plus petits et moins inspirés. Le monde des objets est toujours aussi fun et efficace, mais qui peut perdre un peu de son charme si vous souhaitez utiliser les options inédites comme le mode automatique et le mode boucle. Au niveau de l'ambiance sonore, ce nouvel épisode offre une prestation correcte mais peut-être pas aussi marquante que les opus précédents. On apprécie tout de même les différentes compositions musicales, elles sont parfois moins inspirées par comparaison à d'autres épisodes de la série mais elles restent d'un très bon niveau. Du côté des doublages, pas de problème, c'est toujours aussi bon avec le choix entre les voix anglaises et japonaises.

On termine avec quelques mots sur le scénario, mais si l'on va se contenter des présentations. On peut déjà dire que cette histoire est totalement fidèle à l'univers de la série. C'est drôle et toujours aussi démesuré. Un décalage complet qui fait toujours son charme et qui donne une histoire vraiment agréable à suivre. On fait donc la rencontre d'un simple zombie nommé Zed ainsi que de son ami Cerbère, un chien zombie. Zed n'a qu'une seule idée en tête, vaincre le Death-Tructor Divin. Il s'agit d'un être surpuissant qui massacre les mondes et ne rencontre aucune opposition. Avec un tel profil, Zed sait parfaitement qu'il ne peut vaincre seul ce méchant.

Il va donc accepter de faire équipe avec des alliés aussi délirants et étonnants que lui. Il va aussi faire usage d'une magie spéciale nommée l’Ultra Réincarnation. Il va donc enchaîner les morts sauf qu'à chaque fois il revient plus fort pour se rapprocher petit à petit de son objectif. L'histoire est plutôt simple et classique au départ mais avec un casting qui colle parfaitement avec le côté décalé de la série, cela devient vraiment amusant à suivre d'autant que la progression de l'histoire laisse paraître quelques passages intéressants prouvent que l'écriture est soignée.

Disgaea 6 : Defiance of Destiny signe un retour intéressant en se montrant fidèle aux codes de la série tout en proposant quelques nouveautés. On note déjà l'apparition d'un nouveau moteur de jeu 3D qui s'en sort assez bien pour une première tentative même si l'on constate quelques petits soucis techniques. Pour le reste, on retrouve la magie et la folie de Disgaea sauf que cette fois-ci les développeurs ne pensent pas qu'aux fans et cherchent aussi à séduire un public large en proposant de nombreuses options (combat auto par exemple) pour faciliter la progression du jeu et de son équipe selon ses besoins et ses attentes. Les nouvelles mécaniques sont intéressantes, la bande-son est convaincante et le scénario est totalement fidèle à l'esprit Disgaea. Les développeurs nous proposent une nouvelle fois, un très bon épisode.

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Graphismes : 16/20
Gameplay : 17/20
Durée de vie : 17/20
Bande-son : 16/20
Scénario : 15/20

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Note globale : 16/20

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