[Critique] Hellbound L'Enfer tome 1
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Le label Kbooks finit fort l'année 2021. Une première année convaincante pour ce label imprimé proposant du manhwa, nom donné à la BD coréenne. Une création du groupe Delcourt qui fait l'objet d'une collaboration avec la plateforme numérique Verytoon pour promouvoir de la meilleure manière possible le webtoon en France. Pour son lancement, le label avait misé sur l'excellente et populaire série Solo Leveling. On a pu par la suite au cours des mois suivants découvrir d'autres séries en plus de constater un très bon rythme de parution, pour preuve 4 tomes sont déjà disponibles pour Solo Leveling. Pourquoi cette introduction sous forme de bilan et rappel ?
Pour faire un point sur la sortie incontournable chez Kbooks en cette fin d'année : Hellbound. Ce nom vous dit peut-être quelque chose mais pas forcément dans l'univers du livre. En effet ce webtoon a fait l'objet d'une adaptation en série sur Netflix avec à la clé une belle popularité. Un contexte idéal en matière de publicité. On va donc découvrir la version papier qui s'intitule Hellbound L'Enfer tome 1 (EAN : 9782382880180) dans un format similaire aux autres ouvrages du label (dimensions : 15 x 21 cm). Ce premier tome comporte 314 pages pour un prix de 14,95€, le tarif classique pour l'ensemble des ouvrages du label Kbooks.
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Autant le dire tout de suite, c'est quand même un coup de coeur. Il ne faut surtout pas juger l'oeuvre avant même d'avoir pris en main l'ouvrage et d'observer son contenu. En effet si de nombreux lecteurs issus de l'univers du manga n'accrochent pas spécialement à la formule proposée par Kbooks, ce premier tome de Hellbound marque une différence, si ce n'est plusieurs, par rapport à d'autres séries publiées comme Solo Leveling ou Noblesse par exemple. Même si vous n'aimez pas le webtoon ou le manhwa, prenez la peine d'être un peu plus curieux avec cette série d'autant que l'éditeur met le paquet pour l'occasion. Première précision importante, la série est terminée en VO (57 chapitres) et débarque en France en 2 tomes particulièrement épais (314 pages pour le tome 1) de quoi marquer une première différence appréciable.
En effet on avait pu constater que pour le même prix, certains tomes des autres séries en cours de publication proposaient moins de 200 pages ! Un habitué du label Kbooks reconnaît directement en main que ce premier tome est vraiment épais. C'est définitivement un bel objet lorsqu'on découvre la qualité, et la fraîcheur, de l'édition. La couverture est spéciale, il s'agit d'une sorte de double couverture pour la face avant. La première couverture couvre un peu plus de trois quarts de la largeur du livre. Une coupure complète sur toute la hauteur pour une bonne raison : attribuer une double face au personnage de la couverture. On a donc une première couverture en couleur rouge qui tire un peu sur l'orange et qui représente le mal avec une moitié de corps d'un monstre.
La partie coupée montre la deuxième couverture qui se situe donc derrière la première et qui possède elle une couleur grise dominante, avec un dessin au trait noir et qui représente la moitié du même être mais cette fois-ci dans une apparence humaine classique. Une couverture délicate à décrire mais dont le concept est original et surtout totalement séduisant. En dehors du personnage, la couverture précise le numéro du tome avec un effet dorée, les artistes de cette oeuvre mais aussi le titre de la série et de ce tome 1 : L'Enfer. La face arrière de la couverture marque une différence avec les autres séries du label, on peut découvre un récit majeur de chacun des deux artistes en plus d'un avis de trois personnalités (réalisateur, acteur, critique de BD) qui commentent cette série et ce premier tome à travers quelques lignes.
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C'est original et confirme la belle impression dégagée par ce premier tome. Pour ceux qui ne connaissent pas bien ce label, on précise qu'il est question d'un sens de lecture occidental contrairement au manga et que le contenu n'est pas un dessin du même style que le manga mais plutôt une forme de report du scan du webtoon en question. L'originalité se poursuit au niveau des rabats. Celui de la face avant contient une description du scénariste et du dessinateur en plus de préciser la participation de Kang Jaeho (assistance scénario) et Choi Yunmi (dessin). Le second rabat en fin de page propose lui une petite liste de 5 protagonistes, que l'on ne va pas citer, avec un commentaire à chaque fois. Un nouvel exemple de l'approche différente par rapport aux autres séries. Autrement dans le contenu, pas de sommaire et pas de double page pouvant suggérer une forme de chapitre ou partie particulière.
On démarre avec une page annonçant le contenu du tome 1 et on enchaîne les planches jusqu'à la fin. Le seul contenu particulier, que l'on peut trouver sur les deux premières, est un dessin dédicacé du scénariste. Les amateurs de bonus en début et fin de tome seront donc un peu frustrés du contenu proposé mais les autres séries label affichait déjà ce côté léger en dehors du récit. En tout cas l'édition est de qualité si ce n'est encore mieux que les autres séries. Avec son épaisseur et ce style de couverture, ce tome se rapproche ce que l'on espérait à l'annonce du label et de l'arrivée du manhwa en papier, on retrouve enfin cette folie et cette identité qui faisait défaut pour les autres séries. On aborde maintenant le scénario en commençant par les présentations.
Le scénariste est donc Sangho Yeon (que l'on peut aussi écrire Yeon Sang-Ho), un nom qui vous dit peut-être quelque chose, l'artiste est connu pour l'écriture et la réalisation du film coréen Dernier train pour Busan. C'est son oeuvre majeur ou du moins la plus populaire. Ce film de 2016 n'est pas une exception, l'artiste a travaillé sur d'autres productions mais moins populaire malgré un travail qualitatif dans l'ensemble. C'est également lui qui est en charge de l'adaptation de la série Netflix en 6 épisodes. On revient sur l'ouvrage en évoquant désormais le synopsis proposé pour ce premier tome : Des hommes censés être honnêtes reçoivent un message mystérieux leur annonçant qu'il leur reste peu de temps à vivre avant d’être conduits en Enfer. À l’heure dite, des créatures apparaissent, ne laissant que des corps calcinés derrière eux ! Qui tire les ficelles de ce théâtre macabre ?
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Comme vous pouvez le constater, la lecture de ce résumé est intrigante et étonnante. Un sentiment à l'image du trailer pour annoncer la série Netflix, froid, captivant et surprenant. On va rester prudent sur les éléments évoqués, pas d'inquiétude aucun spoil à l'horizon, on va se contenter de faire usage des données connues et surtout de délivrer le sentiment général dégagée par cette lecture. Très clairement, on tient là un thriller fantastique doté d'une narration totalement maîtrisée. On pourrait croire à un énième récit fantastique ou même d'horreur, mais ce n'est pas le cas bien au contraire. L'équilibre est saisissant au point de vraiment scotcher le lecteur aux différentes planches. Une lecture fluide que l'on enchaîne à grande vitesse et s'il y a une interruption, c'est uniquement à cause du lecteur qui contemple une case, sûrement pour prendre du recul sur de nombreux passages marquants et étonnants.
Un vrai plaisir à suivre avec de nombreuses thématiques abordées : la religion, les réseaux sociaux, la justice ou encore certains défauts d'une société contemporaine. Chaque acte n'est pas gratuit, la mise en scène n'est pas forcée, on est vraiment dans un quotidien tranquille, une routine qui fait l'objet d'un bouleversement annoncé, celui d'une mort programmée. Une simple notification qui indique une heure précise, celle de la mort de la personne qui lit la notification. Pas d'explication, pas de compromis, des créatures débarquent et vous transforment en cendres. Un acte rapide, à plusieurs et dans une violence sans aucune limite, qu'importe le monde aux alentours, un objectif et une cible le reste n'est qu'un décor destructible.
L'action prend place en Corée du Sud et si la population peine au départ à croire ces séquences qui font le tour du web, la peur s'installe petit à petit en même temps que la police réalise son enquête. C'est d'ailleurs ce qui rend le récit très intéressant, cette alternance entre enquête, action et révélations. Par la même occasion, le pays voit naître des sectes radicales dont l'une se nomme Neo Veritas. Celle-ci tient des propos étranges face à l'actualité du pays au point de poser des questions sur sa place dans cette histoire... On va s'arrêter sur ces quelques lignes au sujet de l'histoire. En tout cas, on fait face à un récit passionnant doté d'un bon rythme et de sujets intéressants.
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Un tel récit se devait d'être mis en valeur de la meilleure des manières pour afficher la peur, l'action et l'émotion des différentes séquences de ce premier tome. Pour les dessins, la série fait appel à Gyuseok Choi (que l'on peut aussi écrire Choi Kyu-Sok). Ce n'est pas sa première tentative dans le monde de la bande-dessinée coréenne. On a pu le découvrir à travers différentes oeuvres en tant que dessinateur mais aussi scénariste : Aiguille de pin, Nouilles Tchajang, Le Marécage ou plus récemment Intraitable. Pour ce premier tome, l'auteur répond présent de très belle manière. Le trait donné à l'histoire permet vraiment de ressentir l'aspect froid, glaçant et l'intensité du récit. Nul doute que certains s'amuseront à comparer les planches aux scènes de la série, non seulement c'est fidèle mais surtout il s'en dégage les mêmes émotions, preuve d'un coup de crayon maîtrisée et convaincant.
Pour renforcer ces qualités, il fallait faire un choix presque évident et pourtant étonnant pour un webtoon : le noir et blanc. Contrairement aux autres séries, il ne s'agit pas d'un récit en couleurs mais uniquement en blanc et noir en plus d'un gris bien présent. Un choix pertinent pour cette série, les illustrations sont renforcées, pas seulement pour les passages violents. Le soin offert aux expressions des visages contribue également à ce succès. Si les protagonistes bénéficient d'un soin, on trouve également que les décors sont soignés pour un webtoon ce qui est vraiment flatteur. Maintenant, ce choix artistique pourra déplaire aux amoureux du genre qui s'oriente vers cette catégorie justement pour la couleur des récits par rapport au manga.
Dans l'autre sens, les lecteurs de manga assez réticents à l'arrivée de ce label pourront voir avec ce récit la meilleure transition possible d'autant que, on se répète, l'histoire vaut clairement le coup d'oeil. En dehors de la présence ou non de la couleur, l'aspect image numérique que l'on retrouve parfois dans un manga lorsque le contenu est un scan de l'animé par exemple, peut aussi déplaire. Le rendu visuel, donnant cette sensation lisse et brillante, peut ne pas plaire aux puristes du manga mais encore une fois s'il y a bien une série où l'on peut tolérer ce style différent c'est bien celle-ci. Enfin, on en profite pour souligner la qualité du papier et de l'impression, le label ne connaît plus de fausses notes comme c'était le cas à son lancement. Nous n'avons pas constaté de tâches ou de défaut d'image, c'est propre de la première à la dernière page.
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Conclusion : Hellbound L'Enfer tome 1 est une très belle surprise. Surprenant, captivant, les émotions sont nombreuses. Une histoire totalement maîtrisée par son auteur et idéalement mise en scène par le dessinateur. Le genre de récit qui peut se traduire par un coup de coeur. Le rythme est bon, la lecture est agréable, ce n'est pas prévisible... Que dire de plus, sans spoil, si ce n'est que l'on fait face à une histoire équilibrée que l'on prend plaisir à lire et à contempler, vivement la sortie du deuxième et dernier tome de la série.
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