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[Critique] Saison de sang

1 Juillet 2022 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Coin Lecture (News et Critique)

Si le comics en France n'est pas aussi populaire que le manga, ce type de bande dessinée possède son public. Il y a des éditeurs majeurs qui proposent notamment les licences Marvel Comics et DC Comics mais on trouve également d'autres éditeurs avec des licences moins connues ou carrément des comics indépendants. En ce mois de juin 2022, l'éditeur Dupuis réalise une tentative dans l'univers du comics avec l'ouvrage Saison de sang. On connaît l'éditeur dans le registre des beaux livres ou de la bande dessinée européenne.

On va donc se pencher sur Saison de sang (ISBN : 9791034765775), un ouvrage très spécial disponible depuis le 17 juin 2022 sous forme d'un album cartonné dans un joli format (320mm x 211mm). Il s'agit d'un récit complet de 192 pages en couleurs vendu au prix de 19,95€. Un mélange de fantasy, d'action et d'aventure qui ne laisse pas indifférent et qui incarne potentiellement la première tentative d'une longue série de la part de l'éditeur dans l'univers du comics. Une belle surprise estivale ?

Dès la première prise en main, on peut dire que l'éditeur met les gros moyens pour séduire avec ce comics. Un grand format idéal (en particulier la hauteur) pour profiter et mettre en valeur les différentes planches du récit. L'extérieur de l'ouvrage est une totale réussite avec déjà une superbe couverture signée Matias Bergara, le dessinateur de ce récit. Le scénariste est Simon Spurrier et le coloriste est Matheus Lopes. On aura l'occasion de revenir avec un peu plus de précisions sur ces différents artistes connus dans le monde du comics. Pour revenir sur cette couverture, non seulement l' illustration est jolie mais la qualité d'édition saute aux yeux avec en plus la présence d'un vernis sélectif et d'un effet spécial au niveau du titre de l'ouvrage. En effet il se dégage une légère profondeur à l'intérieur de chaque lettre du titre par rapport au reste de la première de couverture.

C'est clairement un sans-faute et de très bon goût. Le dos est plus sobre à l'image de la quatrième de couverture qui comporte quelques informations sur le contenu de l'ouvrage. Cette quatrième de couverture aborde un noir dominant pour laisser place à quelques touches de rouge (une trace de pas pour être précis). La première de couverture misait quant à elle sur un rouge dominant avec une touche de noir au niveau des personnages. Un duo rouge et noir qui fonctionne à merveille et permet d'aboutir à un beau rendu visuel de l'ouvrage dans son ensemble. On souligne aussi la qualité du papier et de l'impression, là encore c'est du très bon travail, aucun défaut constaté.

En matière de bonus, on est également séduit par le contenu proposé qui se situe à la fin du tome. En effet si le début de tome nous plonge directement dans le récit sans page particulière, on trouve à la fin des bonus intéressants. On peut découvrir une section nommée "Dans l'atelier de Matias Bergara" qui permet de découvrir des couvertures et concept art de chaque chapitre sur un total de 14 pages. Enfin l'ultime section du tome se nomme "Galerie d'hommages" et propose 7 illustrations de différents artistes. En plus du récit, le contenu bonus se montre sympathique et classique pour ce type d'ouvrage. Les bonus permettent d'ailleurs de confirmer l'excellent choix du format.

On va maintenant aborder brièvement l'histoire en commençant par rappeler le scénariste, un certain Simon Spurrier. Si vous êtes lecteur de comics, ce nom vous parle forcément, il s'agit là d'un artiste britannique qui a fait ses preuves plus d'une fois avec X-Men Legacy, Star Wars : Docteur Aphra, Hellblazer, Justice League, Suicide Squad ou encore Coda Omnibus. Ce dernier proposait déjà ce même duo avec donc le dessinateur Matias Bergara. Autant dire qu'après le succès de Coda, on peut être enthousiaste à l'idée de se plonger dans Saison de Sang. Le synopsis est le suivant : Une petite fille s'avance. Elle ne sait rien de plus. Elle doit avancer - toujours en ligne droite - à travers un monde dangereux, superbe, fantastique. Si elle tente de s'arrêter, ou d'opérer un demi-tour, ou de changer de direction, l'air autour d'elle prend vie et s'anime d'ombres furieuses qui la poussent à reprendre son chemin. Elle est terrifiée mais elle avance vers un destin aussi extraordinaire qu'inattendu.

Un résumé efficace pour comprendre le concept de l'histoire qui possède un style très particulier... En effet il s'agit d'un récit muet ! Une précision importante qui va forcément décevoir certains lecteurs qui ne seraient pas sensibles à ce style de roman graphique. Une histoire en quatre chapitres qui met donc en scène une jeune fille et un géant (dans une posture de gardien évidemment) à travers une aventure fantastique. Ce type de duo est loin d'être original mais pourtant, il se dégage une certaine fraîcheur à l'enchaînement des planches et donc l'avancée d'un périple linéaire mais captivant. L'exercice est vraiment délicat de parvenir à donner de la profondeur à une histoire sans le moindre dialogue à l'exception d'une courte introduction et de quelques bulles dans une autre langue. Cela implique clairement une parfaite cohésion avec le dessinateur en plus d'un rythme maîtrisé, heureusement c'est bien le cas.

Il faut aussi un fil conducteur évident et un travail soigné sur la compréhension de la mise en scène pour ne pas perdre des détails importants pour comprendre l'évolution de l'histoire et les choix réalisés par le duo. Malgré le très bon travail de l'auteur, ce type de scénario muet implique quand même, selon nous, plusieurs lectures pour bien comprendre l'histoire dans son ensemble. L'aventure est en tout cas équilibré avec des moments plus intenses mais aussi de l'émotion avec un duo charmant. Les décors sont variés donnant une vraie sensation de voyage tout en permettant de mettre en valeur un chouette travail artistique. Malgré les efforts réalisés et le charme certain du récit, il est clair que ce type de lecture s'adresse à un public averti. 

On l'a dit, avec une telle particularité dans la manière de raconter, il faut absolument une patte artistique accrocheuse. Sur ce point le dessinateur, Matias Bergara, sort le grand jeu. Il a déjà travaillé avec Simon Spurrier et possède une belle expérience avec des titres comme Coda, Sandman : The Dreaming ou encore Hellblazer. Il ne faut pas non plus oublier qu'il est en charge régulièrement de la réalisation de nombreuses couvertures sur des séries de personnages comme Batman ou Thor. Pour mettre en valeur de la plus belle manière son coup de crayon, on trouve Matheus Lopes en tant que coloriste.

Si ce comics est marquant par l'absence de dialogues, il l'est également pour son style graphique. Il ne faut pas beaucoup de planches pour comprendre que le visuel du récit est vraiment splendide. Le choix du format de l'éditeur est évident le bon pour profiter du superbe travail réalisé. C'est d'une richesse folle avec un très bon niveau de détails et une large palette de couleurs avec une multitude d'effets. Le voyage n'est donc pas que scénaristique et renforce l'impression poétique dégagée par le récit. De nombreux sentiments, comme l'émotion, se retrouvent vraiment renforcés par la mise en page et les dessins.

C'est très agréable à contempler d'autant que l'histoire permet de découvrir de nombreux paysages différents ainsi que diverses menaces qui confirment la richesse de l'aventure malgré l'absence de dialogues. Un style fantasy qui renforce de nombreux moments mais aussi ce séduisant duo. Il ne faut surtout pas juger l'aspect cliché des deux protagonistes et prendre la peine d'observer et découvrir les comportements tout au long de l'histoire. Artistiquement, le résultat est vraiment beau et varié tout en parvenant à relever le challenge d'être le plus clair possible dans le déroulement de l'histoire.

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Conclusion : Saison de sang est un très joli comics. L'éditeur Dupuis propose ici un superbe récit qui ne va pas plaire à tous les lecteurs et pourtant il mérite une grande exposition. En effet il faut quand même savoir que l'histoire proposée ne comporte pas de dialogues. En matière d'écriture, il faut se contenter d'une introduction et d'un langage fantasy sur quelques planches. La lecture est donc surprenante, inhabituelle, mais pourtant très addictive.

Non ce n'est pas un artbook, les dessins se chargent de raconter l'histoire avec un très bon rythme et un niveau de précision suffisant pour comprendre la très grosse majorité de cette aventure sur une première lecture. Le choix du format est parfait pour apprécier les très belles planches d'un comics ni trop court, ni trop long. Il faut vraiment lui donner sa chance, en dehors du côté muet qui peut effectivement déplaire, cette aventure est vraiment agréable à suivre.

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