[Critique] Snake Eyes : Deadgame
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Le catalogue de l'éditeur Vestron ne cesse décidément d'attirer la curiosité. Après des récits dans l'univers Godzilla, Terminator, Power Rangers, Transformers, la licence G.I Joe est elle aussi de la partie. Une nouvelle aventure qui se concentre sur le personnage le plus populaire et apprécié de la franchise, le célèbre Snake Eyes. On retrouve donc en ce milieu d'année le mystérieux ninja dans un récit complet intitulé Snake Eyes : Deadgame. Edité par Vestron, ce comics (EAN : 978238373026) est disponible depuis le 26 mai 2022 dans un format spécifique à l'éditeur (23,6 x 16,4 cm) avec une couverture souple et un total de 144 pages pour un prix de vente de 18,95€.
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Comme d'habitude avec l'éditeur, on n'est pas déçu de la qualité de l'édition et du format qui fait vraiment référence à l'univers du comics. Une couverture cartonnée souple, un petit format avec une bonne prise en main et une excellente qualité de papier sans défaut d'impression. Cela peut paraître encore un peu cher, malgré un bon nombre de pages, mais la qualité est au rendez-vous et il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un petit éditeur. La couverture est superbe, elle est signée Rob Liefeld, un constat également valable sur la quatrième couverture qui propose en plus un petit résumé. A l'intérieur, pas de pages spécifiques en début de tome si ce n'est la liste des artistes.
Par contre à la fin du tome, on pourra découvrir une galerie en guise de bonus avec une petite dizaine d'illustrations avec pour la grande majorité toujours Rob Liefeld au dessin mais avec différents coloristes. Sur la troisième de couverture, on peut également observer les différents ouvrages de l'éditeur qui possède un lien avec l'univers G.I Joe, simple et efficace pour ceux qui veulent poursuivre la lecture dans cette licence. Avant d'évoquer le scénario et les dessins, on commence déjà par faire un point sur les artistes en charge de ce récit complet. On l'a dit, l'artiste principal est le célèbre Rob Liefeld, il s'occupe à la fois du scénario et du dessin.
Un artiste qui divise autant par son écriture que son coup de crayon. Certains l'adorent, d'autres détestent, il est en tout cas le créateur du personnage Deadpool. On note tout de même la participation de l'artiste Chad Bowers pour les dialogues. Les lecteurs de comics ont croisé sa route sur des titres comme All-New X-Men ou Secret Wars par exemple, là encore dans l'univers Marvel Comics. Enfin, c'est Federico Blee qui se charge des couleurs en plus d'une longue liste d'invités pour l'encrage dont Neal Adams, Ryan Ottley, Kevin Eastman, Ed Piskor, Tom Scioli et bien d'autres.
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Voici maintenant le synopsis proposé pour cette histoire : Alors qu’il s’engage dans une course contre le temps et contre son rival, Storm Shadow, pour libérer le Général Colton d’une prison ultra-moderne en Norvège, une menace vieille de plusieurs milliers d’années va entraîner Snake Eyes dans la quête de l’arme ultime : le marteau de THOR. Un résumé court dont il est difficile avant le coup d'évaluer le potentiel de l'histoire. En tout cas, on est clairement dans un registre action et aventure avec un petit goût de mythologie et de sorcellerie. Une histoire sur fond de légende avec des passages dans le passé afin d'éclaircir certaines zones d'ombres du présent. Mais s'il y a bien des efforts pour tenter d'établir une narration sérieuse, en réalité le désir du scénariste est surtout de faire plaisir à ses fans inconditionnels, une orientation qui peut décevoir de nombreux lecteurs dans un premier temps.
En effet si l'on pense découvrir des informations et détails sur ce personnage qui connaît toujours une belle popularité au sein de la licence, on sera forcément déçu. Rob Liefeld fait le choix de construire une bande dessinée nostalgique, impossible de ne pas avoir le style des années 80 avec les qualités et défauts que cela comporte. Les dialogues ne jouent pas dans la finesse, au contraire on est toujours dans cette exagération, cette démesure à l'image des dessins et d'une manière plus générale du style de l'auteur. Une telle bande dessinée ne peut donc plaire qu'à ceux qui apprécient le travail de l'auteur où chaque page est synonyme d'action toujours plus folle. L'écriture passe clairement au second plan, parfois pour apporter de petites précisions ou au contraire pour provoquer mais jamais pour développer une histoire.
On enchaîne parfois de longs monologues intérieurs qui cassent un peu le rythme mais permettent de développer certains personnages. Malgré ces efforts, on ne peut pas dire qu'on y voit plus clair au sujet de Snake Eyes, en sachant que l'histoire a même tendance à se perdre. Il faut entendre par là que certains passages donnent plus l'impression d'être une histoire G.I Joe plutôt qu'une histoire réellement centrée sur le personnage. Un sentiment qui apparaît à plusieurs reprises au cours du récit, un constat un peu frustrant selon vos attentes. Il ne faut donc surtout pas avoir de grosses attentes sur le travail d'écriture et sur l'éventuel développement du personnage de Snake Eyes ou de l'univers G.I Joe.
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On est plutôt face à un enchaînement de combats toujours plus dingues dans la mise en scène avec un style démesuré, potentiellement lourd, mais souvent amusant à découvrir. Avec ce récit, on peut déjà dire que l'on faire face à un Rob Liefeld qui affiche davantage de maîtrise et d'expérience dans son coup de crayon qui ne cesse de diviser les lecteurs. Néanmoins malgré un meilleur équilibre, sa façon de dessiner est toujours portée sur cette exagération et cette folie que l'on apprécie personnellement. C'est drôle et jamais sérieux avec des scènes d'action improbables et des poses totalement délirantes. Les proportions humaines sont vraiment particulières, de toute façon l'artiste a toujours défié la science, la preuve une nouvelle fois avec cette histoire.
Qu'importe la gravité, la souplesse, la vitesse, tout est possible avec Liefeld. Forcément avec une telle dose d'action, le vrai coeur de l'histoire, on pourra découvrir de nouvelles armes avec là aussi une drôle de façon d'en faire usage, renforçant un peu plus le style de l'auteur. On regrette par contre, mais ce n'est pas une surprise, que l'artiste se concentre beaucoup sur les personnages et trop peu à notre goût sur le reste des cases et donc des décors. Certaines planches sont plus inspirées que d'autres mais on ressent clairement que les efforts sont focalisés sur les personnages et les poses réalisées. Un art très spécial qui offre une multitude de scènes d'actions tout de même passionnantes à découvrir surtout si vous êtes dans le délire.
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Conclusion : Snake Eyes Deadgame peut paraître comme une petite déception pour certains lecteurs. Cela va dépendre de vos attentes par rapport au personnage et à la licence G.I Joe. Derrière ce récit se cache un certain Rob Liefeld au scénario et au dessin. Cette seule information suffit à comprendre l'orientation du comics. Autant dire que ce n'est pas ici que vous allez en apprendre plus sur Snake Eyes ou sur l'univers G.I Joe. Mais vous allez profiter du style Rob Liefeld, et si vous validez cette approche, alors vous êtes le lecteur visé pour dévorer ce récit complet.
Une histoire qui n'est qu'un prétexte pour mettre en scène de nombreuses séquences d'actions. Un véritable défouloir où il faut s'attendre à découvrir des affrontements épiques et délirants. Une démesure à travers les personnages et les poses qui mène régulièrement à sourire si l'on est sensible à ce style. Vous l'aurez compris, c'est d'abord un comics adressé aux fans de Rob Liefeld.
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