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[Critique] Gone

6 Février 2025 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Coin Lecture (News et Critique)

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On a pu découvrir de belles sorties du côté des mangas de l’éditeur Delcourt, mais ce dernier propose également plusieurs sorties dès ce mois de janvier 2025 avec notamment la sortie d’un ouvrage intitulé Gone. Un récit complet qui possède plusieurs particularités dont celle de provenir de la récente maison d’édition américaine DSTLRY. Un éditeur en "creator-owned" fondé en avril 2023 par David Steinberger et Chip Mosher dont le but est d’établir un vent nouveau dans le monde des comics dans la liberté et la reconnaissance des artistes mais aussi dans la distribution.

Un éditeur qui comporte déjà de grands noms d’artistes "fondateurs" que l’on devrait donc continuer de découvrir au fil des sorties chez Delcourt tout au long de l’année. Pour ce mois de janvier, on s’intéresse à la sortie de Gone. Un récit complet (EAN : 9782413088295) disponible depuis le 22 janvier 2025 dans le catalogue comics de Delcourt. L’ouvrage s’offre un format légèrement différent de la majorité du catalogue de l’éditeur (dimensions : 22,4 x 28,6 cm environ) avec un total de 168 pages et un prix de 21,50€ pour sa version papier (14,99€ pour la version numérique). Une bonne surprise ?

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Delcourt propose de plus en plus de comics dans un format un peu plus grand et carré. Une approche visant à mettre en lumière des ouvrages souvent qualifier de roman graphique. Qu’importe le nom, il est indéniable que l’éditeur frappe une nouvelle fois très fort en offrant une très belle qualité d’édition. Le choix de la première de couverture est déjà très convaincant et accroche immédiatement à l’oeil avec ce mélange de plusieurs nuances de rose et de violet. C’est à la fois sobre et élégant, la quatrième de couverture possède la même approche en se montrant très simpliste et épurée. L’ouvrage s’offre aussi un dos arrondi pour aboutir clairement à un très bel objet dans une bibliothèque.

C’est déjà un bon début mais si la forme est séduisante, il faut aussi que le coeur de l’ouvrage se montre à la hauteur. A l’intérieur, l’histoire est constituée d’un prologue ainsi que de trois chapitres. Pas de pages spécifiques en début de tome, par contre, à la fin, on pourra profiter d’un joli contenu bonus. On trouve la traditionnelle galerie d’illustrations de couvertures. Un bonus dense et varié puisqu’il se compose de 19 pages où l’on retrouve donc des couvertures alternatives de l’auteur mais aussi de différents artistes Peach Momoko, Cliff Chiang, Christian Ward… Au niveau de l’édition, Delcourt réalise donc un joli travail d’ensemble.

Le prix peut sembler un petit peu élevé par rapport au nombre de pages, mais le format et la direction globale de l’édition explique un peu le prix demandé. On n’a pas évoqué jusqu’à présent l’artiste qui se cache derrière cet ouvrage, car oui il est bien question d’une seule personne qui se charge à la fois du scénario mais aussi du dessin. L’artiste en question est Jock. Un nom qui n’est pas inconnu dans le monde du comics, bien au contraire puisque son talent est acquis depuis bien longtemps à travers différents projets chez DC Comics (Batman), Vertigo (Losers) ou encore 2000AD (Judge Dredd). l’artiste écossais a également officié comme concept artist pour la production ou la promotion de films comme Hancock, Dredd, Batman Begins ou encore X-Men: Days of Future Past.

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Malgré sa participation sur de nombreuses oeuvres, Gone incarne sa première série en tant qu’auteur principal. Avant d’aller plus loin, sans spoil, on peut déjà rappeler le synopsis proposé par l’éditeur : Quand on vit sur une planète lointaine, où des pauvres travailleurs gagnent leur vie en réparant et en réapprovisionnant les vaisseaux spatiaux, le seul endroit où on rêve d'être, c'est... Ailleurs ! C'est exactement là que Abi, 13 ans, veut aller ! Mais la vie dans le cosmos est loin d'être ce dont elle avait rêvé. Défis et trahisons l'attendent au tournant, dans un voyage imprévisible qui va l'entraîner loin, très loin de chez elle... Un synopsis qui permet déjà de bien situer le type de récit proposé, il s’agit effectivement de la science-fiction. Pas de doute sur le talent de Jock pour les dessins, il suffit de découvrir son travail pour les couvertures de comics.

Mais sur le plan de l’écriture et malgré des bonnes idées, on va ressortir un peu frustré de cette histoire qui pouvait certainement faire beaucoup mieux, cela ne veut donc pas dire que c’est mauvais, loin de là, c’est juste trop léger. Un récit d’aventure, de survie, dans un futur pas réjouissant et surtout doté d’une ambiance spéciale. Les ingrédients sont là pour plonger le lecteur dans une histoire prometteuse lors de la lecture du prologue. Mais on va vite se rendre compte que cette histoire ne se montre pas aussi originale que l’on pouvait l’espérer. Un récit qui devient rapidement très classique avec quelques petites surprises mais qui ne parviennent pas à rendre l’ensemble très surprenant ou captivant dans l’écriture.

Il y a certainement plusieurs explications pour en arriver à ce sentiment, le côté expéditif participe beaucoup à ce résultat. Un très court prologue avec ensuite trois chapitres pas plus longs que la moyenne du genre, il apparaît évident que le développement de l’univers sera limité au même titre que celui des personnages. C’est d’autant plus vrai que le démarrage est clairement prometteur mais qu’au fil de l’avancée de l’histoire, on a le sentiment que l’artiste ne sait pas trop où vraiment aller. On peut aussi envisager qu’il cherche à mettre en oeuvre des idées mais avec la complexité de respecter le format d’une histoire courte, un exercice difficile qui va se ressentir à la lecture. Attention, on ne passe pas un moment désagréable loin de là, on va d’ailleurs vite voir que le dessin parvient à soutenir ce projet de belle manière, mais cette conclusion, et même ce dernier chapitre, laisse un petit goût amer.

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On manque d’informations, de précisions, c’est un peu trop flou et facile. Le récit a l’avantage de ne pas être prise de tête, c’est simple et direct, pas d’éléments inutiles ou secondaires. Malgré des efforts, le manque de profondeur et ce rythme rapide, peut-être trop selon les goûts, participent aussi à ce rendu mitigé de cette aventure pourtant séduisante au premier contact. Du côté des dessins, l’artiste Jock se trouve totalement dans son élément, et on va vite le découvrir. Il est également en charge des couleurs avec la collaboration de l’artiste Lee Loughridge.

Sans surprise, la partie dessin est une très belle réussite, Jock confirme une nouvelle fois son talent pour produire des pages sublimes avec différents découpages. Les illustrations renforcent considérablement l’ambiance contrairement à l’écriture plus expéditive. Néanmoins, pour produire un bon comics, la patte visuelle ne suffit pas, elle est l’une des deux conditions, mais l’écriture ne peut pas être aussi légère et en retrait pour pleinement convaincre. C’est un peu le cas avec Gone.

Le choix du format est toujours aussi sympa et permet de vraiment apprécier les planches et les différents styles proposés avec un choix de couleurs intéressants pour créer cette atmosphère particulier, froid et sombre… Parfois même un peu trop mais pour le coup l’appréciation est subjective dans la mesure où cette démarche visuelle est volontaire. Les couleurs sombres offrent une vraie contribution à l’univers du comics, Jock réalise vraiment un très bon boulot dans ce registre, une fois de plus.

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Conclusion : Gone est un bel ouvrage sans être la perle espérée. C’est l’exemple parfait d’un ouvrage qui possède une partie visuelle solide sans avoir le scénario au même niveau. Un projet qui confirme une fois de plus le talent de Jock pour produire de splendides dessins. Un trait particulier qui possède du charme mais dont l’écriture peine à convaincre. Pourtant le début est prometteur, et même accrocheur.

C’est captivant et on se plonge avec plaisir dans une histoire qui sera malheureusement trop superficielle et expéditive. Il y a des idées, des moments intéressants mais d’une manière globale, le récit va trop vite et ne développe aucun élément pour aboutir à une fin qui ne laissera aucun souvenir au lecteur. C’est frustrant car on aimerait tellement en savoir plus sur cet univers et ses personnages…

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