[Critique] Lost Boy
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404 Editions est une maison dédiée à la pop-culture, avec un catalogue varié dans le domaine du roman, du comics, des jeux de cartes ou même divers loisirs créatifs. On a déjà pu découvrir quelques ouvrages de l’éditeur, notamment dans l’univers du comics avec des propositions toujours aussi intéressantes et rafraîchissantes. En ce printemps 2025, on va s’intéresser à un roman de l’éditeur intitulé Lost Boy, qui intègre pour l’occasion la collection "A travers le miroir" de l’éditeur. Un ouvrage qui fait référence à l’univers Disney, l’histoire de Peter Pan, sous la forme d’un récit dark fantasy.
Un roman en un seul tome (EAN : 9791032409534) disponible depuis le 30 avril 2025 dans un format broché (14,70 x 22,60 cm) avec un total de 328 pages et un prix de 19,95€ dans sa version papier. Ce récit est également disponible en version numérique au prix de 14,99€. Une réécriture captivante dans l’univers de Peter Pan ?
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Pour commencer, on peut déjà dire que l’orientation de cet ouvrage est sensiblement la même que celles du catalogue Hachette Heroes. En effet, ce dernier propose plusieurs séries comme Disney Villains ou encore Twisted Tales dont le but est de redécouvrir une ou plusieurs productions Disney sous un autre angle. Parfois, il s’agit d’envisager une évolution différente de l’histoire originale, tandis que pour d’autres récits, on cherche à offrir une extension de la première version en approfondissant des personnages ou des événements passés. Dans le cas de Lost Boy, il s’agit bien d’apporter une version étendue de l’histoire de Peter Pan mais aussi d’y apporter un ton plus adulte et horrifique. Cela ne veut pas dire que l’auteure s’écarte des ados, bien au contraire, c’est la cible première, mais il faut bien avoir conscience que ce récit possède un ton sombre et adulte, on est clairement dans de la dark fantasy, bien loin de l’aspect mignon du dessin animé par exemple.
Le premier contact visuel avec cet ouvrage est vraiment séduisant avec déjà une première de couverture sobre qui mise sur 2-3 couleurs, pas plus, et qui surtout fait l’objet d’un effort dans les détails. Du noir pour deux personnages, du vert pour un crochet, mais aussi quelques branches d’arbres qui complètent l’aspect froid souhaité. L’édition est superbe non seulement par cette première de couverture mais aussi la présence d’un splendide jaspage. Pour information, le jaspage est une technique qui consiste à offrir une ou plusieurs couleurs sur la tranche d’un livre (et donc l’ensemble des pages de l’ouvrage) avec parfois la mise en oeuvre d’un ou plusieurs motifs. L’idée est d’offrir une décoration de la tranche. Parfois on trouve une seule couleur brute (avec un effet brillant par exemple) mais on trouve aussi un jaspage un peu plus poussé.
C’est justement le cas ici puisque la tranche est verte (même couleur que la première de couverture) avec tout un tas de branches rappelant les fameux arbres de la première de couverture. L’éditeur 404 Editions met donc le paquet pour l’édition de cet ouvrage et le rendu est vraiment chouette, au point d’en faire un bel objet dans une bibliothèque. Ce soin extérieur, on le retrouve à l’intérieur avec un vrai effort pour rendre l’ensemble lisible, sans faute de goût. Pas de pages en couleurs, ou de contenu spécifique, l’essentiel est là de manière simple et propre. On l’a dit, l’ouvrage contient 328 pages. On va donc trouver une préface de 7 pages de David Bry, un prologue sur une page ou encore un épilogue de 6 pages. Concernant l’histoire, celle-ci est découpée en 4 parties avec un total de 18 chapitres.
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Derrière ce récit se cache une auteure, Christina Henry. Née à New York, Lost Boy n’est pas la première réalisation de l’auteure américaine. Sa bibliographie comporte une bonne dizaine d’ouvrages dont la série Black Wings. Elle a déjà proposé plusieurs histoires dans le même style que Lost Boy : Alice, Red Queen, The Girl in Red ou encore The Mermaid. Elle affectionne particulièrement les histoires horrifiques ainsi que l’univers dark fantasy, autrement dit des critères qui définissent Lost Boy. Pour cette adaptation française, on doit la traduction à Cédric Degottex.
Voici maintenant, le synopsis proposé par l’éditeur à l’occasion de sa sortie : Et si le capitaine Crochet n'était pas vraiment le méchant de l'histoire ? Il existe une version de mon histoire que tout le monde connaît. Et puis il y a la vérité. Il était une fois, j'adorais un garçon qui s'appelle Peter Pan. Peter m'a emmené sur une île où les règles n'existent pas et où aucun adulte ne peut déranger les enfants. Il a fait venir d'autres garçons dans le Pays Imaginaire pour qu'ils s'amusent avec nous, mais pour Peter l'amusement est plus tranchant que la lame d'un pirate. Il veut toujours incarner ce soleil brillant autour duquel nous tournons tous. Et il est prêt à tout pour cela. Dans le Pays imaginaire, Peter a promis que nous serions à jamais jeunes et heureux. Peter vous dira que je suis le méchant, que je lui ai fait du mal, que je n'ai jamais été son ami. Peter ment.
Un résumé qui laisse entrevoir de belles promesses et qui donne le ton sur cette proposition autour de l’histoire de Peter Pan. L’idée de proposer ce genre de réécriture est vraiment intéressante, et elle séduit un large public, pas étonnant de trouver plusieurs univers et styles d’écritures. Hachette Heroes connaît un joli succès avec ces diverses collections autour de ces histoires alternatives et de ces extensions des grandes histoires de l’univers Disney. Christina Henry joue une carte légèrement différente avec Lost Boy puisqu’elle ne se limite à pas une simple réécriture, elle pose aussi une ambiance surprenante et différente du dessin animé mais aussi du conte de James Matthew Barrie.
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En effet cette histoire se présente clairement comme une aventure sombre et horrifique de Peter Pan, et du Capitaine Crochet, qui se déroule avant les événements du conte de James Matthew Barrie. L’idée est donc de proposer un prologue mais dans un style opposé de ce que l’on connaît de l’histoire de Peter Pan. D’ailleurs, le récit cherche vraiment à mettre la lumière sur le Capitaine Crochet et l’évolution de son lien avec Peter Pan et le pays imaginaire. Il ne faut donc pas s’attendre à une histoire aussi mignonne et drôle, bien au contraire, on sera plutôt surpris par les sujets abordés. C’est vraiment bien écrit, le rythme est bon avec de nombreux chapitres pour participer à cette dynamique et éviter des passages trop longs.
L’histoire est captivante sans être trop décalée, même si l’ambiance est vraiment particulière. L’idée est vraiment de mettre en oeuvre les origines du Capitaine Crochet mais sans que celle-ci se montre drôle ou touchante. Au contraire, l’auteur cherche à élaborer un scénario relativement triste et impitoyable où les actes de Peter Pan sont bien plus discutables au point d’être l’un des responsables de l’existence du Capitaine Crochet. Une idée intéressante pour cette histoire qu’on ne peut pas mettre entre toutes les mains mais qui reste tout de même accessible, à condition d’être ouvert à un récit de dark fantasy, genre qui peut ne pas plaire à tous les lecteurs.
Malgré quelques rebondissements, le récit ne cherche pas spécialement à produire de gros effets de surprise, le déroulement et la fin sont prévisibles pour conserver un lien et un statut de prologue. En dehors de cette volonté de proposer une aventure sombre et des séquences potentiellement choquantes, ce récit proposer un casting plutôt bien maîtrisé même si sans surprise, un soin particulier est accordé aux personnages principaux, le développement reste plus modeste pour les autres personnages qui participent à l’histoire. On souligne également la présence de quelques références confirmant son lien avec la véritable histoire de Peter Pan.
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Même si l'on arrive assez facilement à deviner le déroulement, l’histoire parvient à se montrer complexe sur certains passages et ne cherche pas à prendre position. On se concentre sur l’histoire du Capitaine Crochet avec des détails et des souvenirs qui visent à dévoiler le vrai visage de Peter Pan, un visage évidemment complètement différent de ce que l’on avait pu découvrir jusqu’à présent. Un point de vue qui n’empêche pas de mettre en lumière les défauts du Capitaine Crochet et sa responsabilité dans ses choix et son évolution, il ne s’agit pas non plus de faire un simple procès à Peter Pan.
C’est donc vraiment intéressant à suivre, à découvrir, sans lassitude et surtout avec une lecture très fluide. On ne reste pas bloquer sur des passages compliqués, un vocabulaire trop spécifique, ce récit se dévore avec plaisir à condition d’apprécier cette approche et de connaître les grandes lignes de l’histoire de Peter Pan. Si l’on apprécie le traitement des deux protagonistes, on regrette cette idée de romance.
C’est certainement le seul vrai bémol de cet ouvrage, ce n’est ni intéressant ni convaincant dans la manière dont l’auteure tente d’introduire cette relation, on pouvait parfaitement s’en passer. Pour revenir sur l’ambiance générale de cette histoire, si celle-ci ne fait pas l’objets de passages violents, le ton reste sombre avec certains thèmes plutôt adultes, on est donc vers un titre qui vise les adolescents plutôt que la jeunesse. D’ailleurs, preuve supplémentaire, l’éditeur précise que cet ouvrage est recommandé dès 16 ans.
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Conclusion : Lost Boy est un récit très séduisant qui démontre le potentiel de l’univers Peter Pan. On connaît le conte, désormais, on peut aussi prétendre connaître la véritable histoire du Capitaine Crochet d’après Christina Henry. Une proposition vraiment intéressante et agréable à découvrir. Une histoire sombre, horrifique, tout en conservant une maîtrise pour aboutir à un minimum de cohérence avec l’univers exploité et un plaisir de lecture.
A l’exception d’une romance franchement dispensable et dont la présence est même agaçante, on peut affirmer que cette réécriture sous forme d’une préquelle est une chouette réussite. Cette nouvelle collection de 404 Editions se lance donc de belle manière, on a désormais hâte de découvrir les futurs récits.
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