[Review] Duck and Cover
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Le catalogue comics de Delcourt vise à proposer un maximum de récits autour de certains auteurs dont le très connu Scott Snyder. En cette fin de mois de mai, l’éditeur propose justement un nouveau titre par un duo qui avait déjà totalement séduit sur American Vampire : Scott Snyder à l’écriture et Rafael Albuquerque aux dessins.
Du coup, dès qu’un nouveau récit pointe le bout de son nez avec un tel duo, difficile de ne pas être curieux. L’ouvrage, qui s’intitule Duck and Cover, est disponible depuis le 14 mai 2025 (EAN : 9782413049753) dans un format classique (19 x 28.5 cm) pour un total de 128 pages et un prix de 17,50€ dans sa version papier (11,99€ dans sa version numérique). Une collaboration séduisante pour un récit captivant ?
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On découvre une belle première de couverture de la part de l’artiste Rafael Albuquerque. Celle-ci peut sembler simple et sobre mais elle représente clairement le sujet principal du récit. La quatrième de couverture se montre aussi élégante avec un synopsis qui permet de situer le contexte proposé tout en laissant une bonne part de surprise qui pourra avoir un effet complètement opposé d’un lecteur à un autre, on va y revenir. A l’intérieur, pas de page spécifique en début de tome mais une introduction qui permet de clarifier le contexte, le titre de l’ouvrage et le sujet abordé sans être trop long ou trop lourd, c’est vraiment un bon point de départ.
A la fin du tome, on retrouve les bonnes habitudes de l’éditeur avec la présence d’une galerie d’illustrations où l’on retrouve les couvertures de Rafael Albuquerque mais aussi des couvertures alternatives de différents artistes. On profite pleinement des 7 couvertures proposées puisque chaque couverture occupe une page entière. Enfin, les deux dernières pages de l’ouvrage permettent d’effectuer un rappel de l’ensemble des récits de Scott Snyder dans le catalogue de Delcourt (Clear, La Nuit de la goule, Canary, Nocterra, ou encore Démons pour citer quelques exemples).
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On l’a dit, c’est donc l’artiste Américain Scott Snyder qui se charge de l’écriture de cette nouvelle histoire, annoncée comme un récit complet. Avant d’évoquer le contenu sans commettre comme d’habitude le moindre spoil, voici un rappel du synopsis proposé avec la sortie du comics : Dans les années 1950, la menace nucléaire nourrit les peurs issues de la guerre froide. On enseigne aux élèves de se cacher sous leur bureau en cas d'attaque ("duck and cover" en anglais). Mais quand une bombe atomique détruit bel et bien les États-Unis en 1955, seuls ceux qui ont suivi ces consignes sont épargnés. Ces adolescents doivent désormais tenter de survivre dans une Amérique post-apocalyptique, étrange et sauvage.
C’est un résumé du récit mais aussi de la fameuse introduction visant à expliquer brièvement le point de départ de cette histoire. On se trouve donc dans les années 1950 où un court-métrage américain nommé "Duck and Cover" avait pour but d’enseigner les bons gestes aux élèves en cas d’attaque nucléaire. Une vidéo sérieuse sous la forme d’une chanson et d’une mise en scène spécifique pour tenter de captiver au mieux les élèves à ce sujet sérieux en pleine Guerre Froide. Le sujet est vraiment intéressant et si cela peut paraître simple d’accès, on va très vite être surpris par la tournure des premières planches, des premières pages et même de l’histoire dans son ensemble.
Aussi captivante que perturbant, l’aventure proposée part dans de multiples directions et surtout dans différents styles. On part d’un fait réaliste pour basculer très rapidement dans différents genres, pas seulement du fantastique. On se pose de nombreuses questions sur les intentions de l’auteur sur la manière de mettre en lumière ce sujet d’autant que le rythme est particulier et pas spécialement convaincant en plus d’une présentation des personnages un peu maladroite. On va vite comprendre que si sur le papier l’histoire semble être sérieuse, elle démontre vite le contraire. On va plonger dans une histoire fun avec des idées amusantes mais avec des passages moins sympathiques et un peu plus lourds.
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On a comme l’impression de faire face à un défouloir où l’auteur possède de nombreux concepts et de nombreuses idées mais sans tenter de mettre un rythme et une cohérence. Il se lâche totalement, peut-être un peu trop avec beaucoup de textes. Jusqu’au bout la lecture donne un sentiment mitigé, surtout en fonction des attentes. Il ne faut pas espérer prendre un cours d’histoire ou une anecdote qui reste réaliste du début à la fin, bien au contraire. Il y a de nombreuses références à ces histoires un peu étranges où le lecteur va rapidement se perdre dans un univers difficile à suivre. Il faut parfois accepter d’avancer et d’apprécier les surprises et les événements sans forcément s’attarder sur les explications ou la crédibilité de la mise en scène car c’est à cet instant précis que l’on sera potentiellement déçu de la proposition de l’auteur.
Il ne faut pas trop prendre au sérieux cette histoire et la prendre comme un bon délire avec un peu de réalisme mais surtout beaucoup de folies. Même si cela peut paraître fun et amusant, surtout le temps d’un seul tome, on pourra également comprendre que cette formule déroutante ne convienne pas à une partie des lecteurs. Un récit décalé que l’on peut d’ailleurs considérer comme un inclassable par rapport à d’autres histoires du scénariste. Pour accompagner cette écriture très spéciale, Scott Snyder s’accompagne d’un artiste brésilien : Rafael Albuquerque.
Illustrateur et coloriste sur cet ouvrage, on avait déjà pu apprécier son talent sur d’autres récits comme American Vampire mais aussi Huck, Prodigy ou encore All Star Batman. Avec ce nouveau récit, l’artiste se montre une fois de plus en grande forme avec de superbes dessins et un travail régulier. Son trait est d’une efficacité redoutable pour donner ce supplément aux personnages au niveau de l’expression des visages mais également au niveau des postures. On note également sa capacité à légèrement faire évoluer son style en fonction des différentes parties de l’histoire qui impliquent parfois un ton légèrement différent. Une belle réussite sur le plan visuel.
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Conclusion : Duck and Cover n’est certainement pas la meilleure histoire de Scott Snyder. Ceci dit, il faut bien avouer que le délire proposé fonctionne et même si certains aspects sont perfectibles, on passe un bon moment. Un point de départ sérieux qui bascule dans le fantastique ou encore la science-fiction (et pas seulement) sans raison particulière et sans explication très claire.
Qu’importe la démarche, on suit jusqu’au bout sans être certain d’avoir compris toutes les références ou les messages. Le rythme n’est pas sa force mais ces ambiances différentes avec ces superbes dessins de l’artiste Rafael Albuquerque maintiennent suffisamment notre curiosité jusqu’à la dernière case. C’est original, particulier, pas incontournable mais loin d’être mauvais.
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