Jeuxvideo-world

[Critique] Godzilla Rage Across Time

25 Juillet 2021 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Coin Lecture (News et Critique)

Lorsqu'on a fait la connaissance du label Vestron avec un comics de l'univers Terminator (Terminator Tempest), on avait bien précisé la richesse du catalogue de ce label. La preuve avec ce qui va suivre puisque l'on se tourne désormais vers un récit complet de l'univers Godzilla. Oui, le roi des monstres ne se contente pas seulement d'apparitions au cinéma, en série d'animation ou encore en jeux vidéo. On retrouve aussi à travers les comics ce monstre (ou Kaiju) dont on connaît l'immense popularité au Japon. Le comics qui va suivre s'intitule donc Godzilla Rage Across Time (ISBN : 9791095656708) et possède 128 pages. A l'image des autres comics du label, celui-ci se présente sous un format particulier (23,5 x 16,2 cm) dans un style "paperback", c'est-à-dire un comics avec une couverture souple. Ce récit est disponible depuis le mois de juin 2021 avec un prix affiché à 17,95€.

Derrière ce titre on découvre la participation d'une série d'artistes. Du côté du scénario on peut citer : Jeremy Robinson, Chris Mowry, Kahlil Schweitzer, Ryan Ferrier, Ulises Farinas, Erik Freitas, Jay Fotos, Jeff Zornow. Même constat au niveau des dessins avec une collaboration étendue : Matt Frank, Tadd Galusha, Hugo Petrus, Pablo Tunica et enfin Jeff Zornow que l'on retrouvait déjà au scénario. Au niveau des couleurs, on note trois artistes : Paul Hanley, Gonçalo Lopes, Jay Fotos. Enfin le travail d'encrage est attribué à Mostafa Moussa. Un récit qui sollicite donc de nombreux artistes, c'est assez rare à ce point, chez les grands éditeurs ce genre d'organisation est souvent synonyme d'un numéro spécial (anniversaire par exemple).

Mais dès que l'on va se plonger dans le comics, on va vite comprendre cette longue liste d'artistes. Je vais même ajouter que la liste est encore plus longue lorsqu'on va découvrir les bonus, certains font intervenir des artistes non cités jusqu'à présent. Mais avant, on insiste une nouvelle fois sur la qualité de l'édition. Un avis global très positif qui concerne à la fois le format et la qualité du papier. Cette idée de remettre en avant un comics souple avec une couverture cartonnée est de très bon goût. Le choix de ce format est également intéressant dans l'optique d'un confort de lecture, l'équilibre idéal pour les lecteurs (petits et grands) face à un comics : ni trop grand, ni trop large. 

En dehors du récit complet (mini-série en 5 chapitres), on pourra déjà noter la présence d'une préface intéressante sur trois pages de Nicolas Jeantet, spécialiste Godzilla auteur de l'ouvrage de référence Godzilla : ère showa. On note aussi un second bonus que l'on retrouve essentiellement à la fin de l'ouvrage mais aussi au début : des illustrations par différents artistes. D'ailleurs chaque début de chapitre fait l'objet d'une superbe illustration.

Avant d'aborder la préface au début du comics, on pourra par exemple tomber sur une illustration de Cory Smith avec Ian Herring pour les couleurs. A la fin, on pourra profiter de neuf illustrations avec la participation de James Biggie, Bob Eggleton ou encore Aaron John Gregory en plus des artistes qui participent déjà à certains chapitres du comics. On approuve totalement le soin des bonus pour une telle série, le contenu est intéressant et surtout cohérent avec l'approche de ce récit qui s'ouvre à la patte de nombreux scénaristes et dessinateurs. On en profite aussi pour rappeler que l'éditeur Vestron prévoit pour la fin de l'année un second ouvrage qui s'intitule Godzilla in Hell.

L'éditeur prévoit également une baisse de ses tarifs sur ses publications à partir de septembre 2021. Une annonce récente via les réseaux sociaux que l'on ne peut que féliciter et qui concerne l'ensemble du catalogue. Sans entrer dans les détails, cette baisse est de l'ordre d'un ou deux euros selon la publication en plus d'une augmentation du nombre de pages pour certaines séries. On aborde maintenant le scénario en commençant par un rappel du synopsis : Voyagez à travers les âges pour découvrir l’origine des mythes qui alimentent les cauchemars. Voyez le Japon féodal, l’Angleterre médiévale, l’Antiquité des dieux et des conquérants et la préhistoire se faire piétiner par Godzilla et les colossaux Kaiju…

Un synopsis qui nous amène directement à évoquer la notion de récit complet pour ce comics. Dans ce cas précis, selon moi, ce n'est pas vraiment un récit complet composé de 5 chapitres constituant un arc mais plutôt 5 petites histoires dans des contextes radicalement différents. Il y a bien un fil conducteur, celui de découvrir Godzilla à travers les âges (avec la mise en scène de scientifiques à la a recherche de traces) mais de ma perception, il s'agit plutôt de 5 petits récits que d'un récit de 5 chapitres. Si l'idée de faire un lien entre les chapitres n'est pas mauvaise, notre curiosité ne penche pas du côté de l'évolution de ce fil conducteur mais plutôt des aventures de Godzilla, qu'importe l'ordre de lecture.

De toute façon sur le papier le challenge est colossal pour établir un récit complet avec autant d'artistes. En effet si la liste est longue, cela est dû à une organisation très simple : un chapitre est synonyme d'une collaboration. On a donc un scénariste ou deux et un dessinateur différents pour chaque chapitre. Forcément avec une telle approche, il est bien compliqué d'obtenir une parfaite harmonisation du récit d'où ce sentiment de faire face à 5 petites histoires plutôt que d'un arc complet des aventures de Godzilla. Le concept est en tout cas original et intéressant, il se prête bien pour raconter des histoires sur le roi des monstres. On profite ainsi de plusieurs styles d'écriture avec un point commun : une qualité identique.

Si l'on pourra évidemment être plus sensible à un contexte ou un type d'ennemis, le travail d'écriture affiche une belle constance d'un chapitre à un autre. Avec ce genre d'approche, les lecteurs se divisent davantage au niveau du dessin. Il convient aussi de faire un petit rappel sur ce roi des monstres que l'on nomme Godzilla (ou Kaiju, terme japonais pour désigner des créatures étranges, particulièrement des monstres géants). Ce monstre a été créé par le producteur Tomoyuki Tanaka avec une première apparition au cinéma en 1954 dans un film intitulé sobrement Godzilla et dont le réalisateur est Ishiro Honda. La créature va connaître par la suite de nombreuses apparitions au cinéma, plus d'une trentaine dont la dernière en date est dans le film Godzilla vs Kong.

Le monstre aura le droit à des séries d'animations, des jeux vidéos et donc des comics. Au niveau de ses origines, elles sont nombreuses avec parfois de petites variantes d'une adaptation à une autre. Le principe qui revient souvent est celui de l'exposition à la radiation, son alimentation préférée. La radioactivité serait la cause de sa mutation, les essais nucléaires dans l'océan pacifique serait l'explication de son réveil... Qu'importe l'orientation et les détails de son origine, chaque chapitre laisse paraître un monstre immense dotée d'une puissance colossale et d'une grande polyvalence, aussi redoutable sur terre qu'en mer.

Au niveau du dessin, vous l'aurez compris, il ne faut pas s'attendre à une régularité artistique. C'est loin d'être un reproche bien au contraire, il s'agit simplement d'un constat par rapport à ce que l'on peut trouver habituellement dans un comics. En effet la plupart du temps, il y a un ou deux dessinateurs pour plusieurs numéros, si ce n'est une série complète. Ici, chaque chapitre est synonyme d'une approche visuelle différente. Une rupture parfois très forte du trait qui possède ses qualités et ses défauts selon vos attentes. Dans le cas de Godzilla, cette conception me semble intéressante dans la mesure où le comics n'a pas pour vocation à lancer une série en plusieurs tomes ni même à jouer un rôle majeur (prologue, épilogue...) au sein d'une série.

Le but est de mettre en scène le roi des monstres dans des périodes radicalement différentes de l'histoire face à des menaces variées. Avec un saut dans le temps souvent important en plus d'environnements et ennemis imaginaires, l'idée de proposer une direction artistique différente ne devient pas choquante mais presque une évidence. Cela permet aussi d'avoir une vision différente de Godzilla tout en conservant une base commune : sa démesure et sa puissance. Qu'importe le chapitre son charisme est intact. On peut donc affirmer que l'on profite d'un joli coup de crayon d'ensemble avec en plus ces illustrations absolument sublimes démontrant le potentiel de Godzilla dans les mains de différents artistes. On souligne également le superbe travail sur les couleurs et l'encrage, deux aspects qui participent évidemment à la diversité et au succès de ce résultat visuel.

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Conclusion : Godzilla Rage Across Time est une entrée idéale dans l'univers du comics pour découvrir le roi des monstres. L'éditeur Vestron propose une nouvelle fois une très belle édition pour ce récit en 5 chapitres. On découvre avec joie des histoires et styles différents, et si l'on pourra évidemment dégager des préférences, il n'y a pas de mauvais chapitres, ni dans le texte, ni dans le dessin. Agréable à lire, délicieux à contempler, ce comics ne manque pas de référence tout en restant accessible pour séduire autant les fans du monstre que les nouveaux lecteurs.

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Partager cet article

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Commenter cet article