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[Critique] Lovecraft Infestation

9 Janvier 2022 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Coin Lecture (News et Critique)

L'éditeur poursuit sa volonté d'enrichir son catalogue avec l'arrivée d'un titre très particulier : Lovecraft Infestation. Il faut avouer qu'à la première lecture, ce titre surprend par rapport aux autres comics de l'éditeur (Terminator, Power Rangers, Transformers...).. Il s'agit d'une anthologie très spéciale où des licences cinématographiques de l'éditeur Vestron nous plongent dans l'univers de Lovecraft. Une idée étonnante mais ce genre de crossover n'est pas une première dans le monde des comics. On redoute d'ailleurs souvent le résultat avant le coup car cela donne généralement des récits assez dispensables et dont la qualité est totalement variable. On espérait donc, avant le coup, que Lovecraft Infestation se présente comme une bonne surprise. Cette anthologie (EAN : 9791095656876) est disponible depuis novembre 2021 dans un format classique (16.4 x 1 x 23.6 cm) dans le catalogue de l'éditeur Vestron. Il comporte 176 pages (en couleurs) pour un prix de vente de 20,95€.

Avant de se plonger à fond dans les différentes histoires, il convient de réaliser une présentation de l'inspiration de ce comics tout en apportant des précisions. On l'a dit, cette anthologie cherche à rendre hommage au travail Howard Phillips Lovecraft (1890 - 1937) à travers différentes licences populaires. Ce nom ne vous dit rien ? Il s'agit d'un célèbre écrivain américain connu pour ses récits très particuliers dans le domaine du fantastique de l'horreur mais aussi de la science-fiction. Si sa réputation n'était pas énorme à son époque lors de la sortie de ses différentes oeuvres, son travail ne va cesser de connaître jusqu'à ce jour une popularité croissante au point d'être l'une des références dans les catégories exploitées par ses récits notamment dans le domaine de l'horreur.

Au niveau de ses oeuvres, dont on vous invite à découvrir, on peut citer : L'Appel de Cthulhu, Les Montagnes hallucinées, Le Cauchemar d'Innsmouth, La Couleur tombée du ciel, Dans l'abîme du temps. On en revient à l'éditeur Vestron qui ajoute donc dans son catalogue cette anthologie qui met en scène différentes licences à la sauce Lovecraft. Des licences cohérentes avec le travail de Vestron jusqu'à présent puisque l'on trouve la série Transformers, Tortues Ninjas ou encore G.I Joe. L'originalité se situe donc dans sa proposition d'anthologie ainsi que dans le style des différents récits. Par rapport à l'édition, le format ne change pas et surtout la qualité est au rendez-vous. C'est toujours un point fort de l'éditeur et si son prix peut paraître élevé, même s'il comporte tout de même 176 pages, il se justifie par le soin apporté à ce tome unique.

Une couverture cartonnée épaisse et souple de très bon goût avec à l'intérieur du papier glacé. C'est vraiment soigné pour mettre en valeur le travail des artistes de cette anthologie et forcément vu le concept, ils sont nombreux. Le seul petit bémol que l'on peut reprocher concerne le contenu bonus. En effet il est plutôt maigre, seulement deux pages d'illustrations sous forme de grosses vignettes, on pouvait espérer mieux. Par contre, on découvre avec joie une organisation très claire et précise pour enchaîner les récits dans un bon confort. En effet ce comics s'offre une introduction générale de l'anthologie avec une table des matières pour rappelant la présence de 4 licences : 30 Days of Night #1, The Transformers #1-2, Teenage Mutant Ninja Turtles #1-2 et enfin G.I. Joe #1-2. Pour chaque début de récit, on pourra découvrir une page d'introduction de l'histoire en question en plus de la mention des différents artistes. 

On va maintenant tenter de faire un point sur le scénario de chaque récit de cette anthologie même si cela reste délicat. Le but est surtout de bien comprendre le type de contenu proposé tout en sachant qu'avec aussi peu de chapitres, les histoires sont forcément un peu expéditives et légères. On commence déjà par faire un rappel du synopsis de l'anthologie : Cthulhu, es-tu là ? Les créatures cauchemardesques dont parlait H.P. LOVECRAFT dans ses récits sortent des abîmes cosmiques pour infester les pages des comics Transformers, Tortues Ninja, G.I. Joe et 30 Jours de Nuit ! Au pôle nord, les vampires de 30 Jours de Nuit sont encore plus flippants que d’habitude… Les égoûts de New-York réservent de sombres rencontres aux Tortues Ninja Raphael, Leonardo, Michelangelo et Donatello… Optimus Prime et Nikola Tesla affrontent des forces obscures dans une histoire qui fait suite à l’album Transformers : Hearts of Steel… et Cobra joue avec les puissances occultes pour booster ses forces contre G.I. Joe… Une anthologie horrifique complètement folle et horriblement réussie !

Un synopsis assez dense qui fait le tour des licences exploitées en insistant bien sur un point, l'hommage au style Lovecraft. Un crossover de quatre récits où l'on fait une référence à une oeuvre de Lovecraft et donc une créature spécifique. Chaque histoire s'offre un duo unique au scénario ainsi qu'aux dessins. Après la petite introduction sympathique, on se plonge dans la première licence : 30 Jours de Nuit. Un chapitre qui s'intitule "La maison du monstre" et dont l'écriture revient à Duane Swierczynki. Pour cette première tentative, le mélange fonctionne assez bien. Nos craintes se confirment quant à cette approche d'anthologie, le récit est très court et peut ainsi dégager le sentiment d'être trop léger et anecdotique.

C'est de toute façon le piège avec ce type de contenu, on mise d'abord sur le respect du mélange et de l'inspiration sans vraiment développer une grosse aventure. L'histoire proposée est tout de même bien écrite, poétique même avec une ambiance froide qui valide l'objectif principal, le clin d'oeil à l'univers de Lovecraft. Le chapitre suivant s'intitule "L'appel du fond des temps" et se charge d'exploiter la licence Transformers. Malgré quelques idées et passages intéressants, le mélange fonctionne nettement moins. La mise en place des Transformers dans l'univers de Lovecraft semble beaucoup moins évidente et percutante. Pourtant le récit affiche un certain volume grâce à un lien avec une autre mini-série. En effet ce chapitre se présente comme une forme de suite à la mini-série Hearts of Steel. 

Ceci dit, même s'il existe un lien, il est tout à fait possible de se plonger dans cette histoire sans forcément connaître l'autre mini-série. Une histoire qui peine donc à convaincre malgré la présence de Chuck Dixon dont on connaît le talent pour son travail du côté de Marvel notamment. De toute façon avec ce type d'anthologie il fallait s'attendre à quelques histoires moins évidentes. Le troisième chapitre s'intitule "Le culte de Dunwich" et s'intéresse aux Tortues Ninja. Après le résultat mitigé pour Transformers, les Tortues Ninja s'en sortent beaucoup mieux, l'univers s'y prête mieux. C'est l'artiste Tristan Jones qui se charge d'un scénario convaincant avec d'une part l'esprit de Lovecraft mais aussi celui des Tortues Ninja, la magie opère et le mélange est équilibrée pour une histoire aussi courte que les autres mais dont le résultat est bien plus captivant, une bonne surprise.

Enfin le quatrième et dernier chapitre de cette anthologie s'intéresse à l'univers de G.I Joe. Un chapitre qui s'intitule "Le chant de Cthulhu" et qui lui aussi à l'image des Tortues Ninja parvient à satisfaire malgré une lecture toujours aussi expéditive. Là aussi, le mélange fonctionne assez bien au point même de surprendre au fil des cases. Une écriture maîtrisée pour une petite histoire intéressant dont l'auteur est Mike Raicht, un nom également connu du côté de chez Marvel. Ce qu'il faut bien comprendre avec cette anthologie, c'est cette volonté de respecter d'abord l'univers de Lovecraft même si cela perturbe un peu les codes des différentes séries. La priorité est de tout mettre en oeuvre pour obtenir un mélange convaincant en très peu de cases.

Il faut donc une histoire simple mais efficace où le clin d'oeil fonctionne tout en sachant que les dessins occupent une place importante dans cette réussite rapide, et on pourra découvrir que ce n'est pas toujours irréprochable. Pour finir au sujet du scénario, il faut donc bien comprendre les difficultés d'une telle adaptation. Certains diront que la magie pouvait mieux fonctionne avec l'exploitation de moins licences pour se concentrer sur la profondeur des récits. En tout cas l'ambiance froide et horrifique est au rendez-vous, c'est sympa et facile à lire sans forcément maîtriser les licences ou l'univers de Lovecraft. Une anthologie dotée d'un bon rythme et surtout accessible;

On finit en évoquant les dessins pour les différentes histoires. Ce sentiment mitigé dans la lecture se retrouve aussi dans le dessin. Si d'une manière générale les artistes s'en sortent plutôt bien, le travail peut sembler irrégulier ou d'une orientation particulière susceptible de ne pas plaire à une partie des lecteurs. Rien de surprenant, un dessin fait rarement l'unanimité mais dans le cas présent, il s'avère que le coup de crayon n'est pas spécialement inspiré pour certains récits. Il ne faut pas non plus être trop sévère car à l'image de l'écriture, le résultat fonctionne vraiment bien lorsqu'on juge l'aspect principal de l'anthologie : le respect de l'univers de Lovecraft.

Les différents styles proposés collent à merveille avec une ambiance sombre, froide et horrifique. Les créatures sont soignées et certaines planches sortent du lot en captivant au premier coup d'oeil le lecteur, preuve du talent évident des artistes sur cette anthologie. Néanmoins, et c'est souvent le cas, on dégage quelques préférences. On apprécie par exemple le travail réalisé par Mark Torres qui nous propose de belles planches pour le récit mettant en scène les Tortues Ninja. Stuart Sayger s'en sort également assez bien avec le récit 30 jours de nuit.

Par contre, on n'est moins séduit par les artistes Guido Guidi (récit Transformers) et Valentine De Landro (Introduction et récit GI Joe) où le dessin se montre moins percutant. La volonté du clin d'oeil à l'univers de Lovecraft est bien visible même le résultat semble maladroit en sachant que l'écriture du récit Transformers n'est déjà pas le plus captivant. Ceci dit, on ne peut parler de dessins ratés, loin de là mais lorsqu'on lit un crossover avec l'intervention de plusieurs artistes, il est naturel et évident de sortir un ou plusieurs artistes de la liste.

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Conclusion : Lovecraft Infestation est une anthologie étonnante qui ne manque pas de charme et permet surtout de faire connaissance avec différents artistes à travers plusieurs licences dont certaines qu'on ne présente plus. Le pari du mélange avec l'univers de Lovecraft est globalement une réussite mais en voulant afficher un trop grand respect, on peine à reconnaître certaines licences donnant un résultat pas toujours convaincant par rapport au style proposé, autant dans l'écriture que dans le dessin. L'autre défaut d'un tel format est évidemment le côté léger, anecdotique avec des récits très courts. Un développement limité pour des aventures expéditives qui n'empêchent pas de prendre du plaisir dans la lecture, cette dernière est suffisamment décalée et originale pour mériter un minimum d'attention.

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