Jeuxvideo-world

[Critique] Dai Dark tome 1

28 Mars 2022 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Coin Lecture (News et Critique)

La maison d'édition Soleil propose depuis le 16 mars dernier un manga très spécial Dai Dark. Le terme "très spécial" n'est clairement pas exagéré, bien au contraire. D'ailleurs l'ensemble de cette série peut être considérée comme inclassable, mangaka inclus. En effet il est question d'une oeuvre écrite et dessinée par Q Hayashida (Kyu Hayashida de son vrai nom). Elle est connue pour son oeuvre culte Dorohedoro, un seinen post-apocalyptique à l’humour très noir et au style très particulier.

Un visuel aussi spécial que l'écriture mais qui fait complètement son charme et sa réputation qui mériterait d'ailleurs d'être encore plus grande surtout en France. On fait face à une mangaka qui casse les codes et tente des mélanges audacieux. La sortie du tome 1 de Dai Dark (EAN : 9782302095601) attire donc la curiosité et s'annonce aussi étonnant. Un premier tome aux dimensions classiques (13.2 x 18.2 x 1.6 cm) pour un total de 208 pages et un prix surprenant de 11,95€.

Oui, il faut bien avouer que son prix de 11,95€ est pour le moins surprenant. Habituellement il faut compter 7,99€ chez l'éditeur. Un prix qui ne se justifie pas par le format ni même par le nombre de pages ou l'usage d'un papier plus épais. Le manga Dorohedoro avait déjà le droit à ce tarif supérieur et certains mangas de l'éditeur sont concernés comme par exemple une sortie récente, celle du tome 3 de la série Le Chat qui Rendait l'Homme Heureux - Et Inversement. Selon nous, ce tarif paraît vraiment excessif dans une édition simple même si on va le voir, la qualité de l'édition est très bonne et cherche à être fidèle à la version japonaise. Néanmoins encore une fois cela n'explique pas ce prix trop élevé au regard de certaines versions deluxe ou perfect.

C'est bien simple il s'agit du même prix qu'un tome de Fullmetal Alchemist en perfect edition, une comparaison suffisamment forte pour confirmer que le tarif pratiqué sur ce manga laisse un peu perplexe. On ferme la parenthèse du prix et l'on revient sur le rendu de l'édition de ce premier tome. Derrière ce tarif un peu inhabituellement pour ce format simple, on découvre tout de même une très jolie couverture en plastique transparent avec une illustration imprimée en couleurs. Elle fait son petit effet d'autant qu'elle met en scène un petit jeu amusant avec les illustrations présentes sur la couverture cartonnée du manga ainsi que la quatrième de couverture.

Même le dos du manga a le droit à cette petite attention. Lorsqu'on parle de jeu entre les deux couvertures, il faut entendre deux versions différentes comme c'est parfois le cas dans certains mangas. Prenez par exemple la couverture du manhwa Hellbound, elle offre deux visages à un même personnage, l'approche est dans les mêmes intentions avec Dai Dark mais dans le respect de son univers qui ne manque pas de folie. En dehors de cette particularité que l'on valide totalement, il ne se dégage pas une qualité de papier, ou d'impression, différente des autres ouvrages de l'éditeur, cela reste très propre. On ne l'évoque pas assez souvent mais le travail de traduction est également impeccable. A l'intérieur pas de rabat ou plutôt pas de rabat cartonné car c'est la couverture en plastique transparent qui se charge de proposer le rabat.

On note la présence de quelques pages en couleurs, à la fois au début du tome mais aussi un peu avant la moitié. On l'a dit cette mangaka respire un certain délire et une certaine originalité. Cet esprit, on le retrouve à la lecture d'un sommaire particulièrement original. Non seulement dans la mise en page mais aussi dans le contenu. On ne parle pas ici de chapitres ou de parties mais de "bone", un mot anglais qui signifie "os" en français. C'est là que l'on retrouve son côté glauque qui annonce clairement la couleur. On souligne d'ailleurs que les noms de certains chapitres restent également en anglais tandis que d'autres profitent bien d'une traduction française, un mélange qui peut déplaire à certains lecteurs. Pour ce premier tome, on pourra donc découvrir 6 "bones" en plus d'un "bonus bone".

Ce dernier est original et démontre une nouvelle fois cette volonté de faire un manga selon ses idées et loin de ce que l'on peut voir en majorité sur le marché. Ce "bonus bone" est une forme de petits chapitres annexes avec une mise en scène original avec une mention verticale en tête et fin de page. A la fin de chapitre supplémentaire, on découvre une belle surprise. En effet on fait face à un jeu bonus : une grille mots croisés de 15 mots. Une fois la grille terminée, vous obtenez un mot qui permet de donner une idée des aventures du tome 2. De notre côté on adore cette démarche et ce style de communication. D'ailleurs toujours dans le registre de bonus, plusieurs fins de chapitre proposent une ou plusieurs pages bonus.

Celles-ci offrent des croquis et illustrations de personnages avec parfois des petites explications. On note également le style des premières pages de chapitre. On a parfois une belle illustration mais aussi une mise en scène particulière (lecture en paysage) confirmant le délire de l'univers du manga. En plus d'une belle édition dont la volonté est de respecter au maximum l'édition japonaise, ce premier tome démontre une présentation et un contenu qui colle à merveille avec le côté décalé de la série. C'est tellement frais et étrange à la fois qu'il est bien difficile d'évoquer son scénario, d'autant que l'on ne va pas surtout pas se risquer de trop en dire tellement ce type d'oeuvre mérite qu'on la découvre avec la plus grande surprise possible.

On peut quand même dire d'avance que c'est une forme de "dark seinen" dans un univers de science-fiction où l'humour accompagne les ténèbres et le glauque, pas de doute on est bien face à la mangaka de Dorohedoro. Avant d'aller plus loin, on peut rappeler le synopsis de la série : Sanko Zaha, un ado qui adore les spaghettis, voyage dans les ténèbres de l'espace infini. On raconte que ses os exauceraient n'importe quel souhait. C'est pourquoi les pires malfrats de l'univers veulent lui faire la peau ! Heureusement, toujours accompagné d'Avakian, son fidèle compère, il n'hésitera pas à désosser gaiement tous ses assaillants. Un résumé efficace qui donne un peu le ton particulier de la série. Ce n'est pas la première histoire dans l'espace mais celle-ci dégagement tellement un sentiment loufoque que le lecteur est rapidement captivé mais peut aussi décrocher très vite face à un niveau de délire trop important.

Ce premier tome se présente logiquement comme un tome d'introduction qui ne donne pas d'idées précises sur l'intrigue et son évolution. Il se charge plutôt de donner un avant-goût de l'ambiance avec quelques lieux et surtout des personnages principaux et secondaires. Lorsqu'on voit et qu'on lit certaines scènes, on se demande bien si l'on démarre très fort ou au contraire si ce n'est rien à côté de ce qui s'annonce dans les prochains tomes. On est une nouvelle fois dans un style décalé mais sans être trop absurde ou du moins l'écriture affiche sa propre logique avec un humour particulier. Même si le recul fait défaut sur cette série, son ambiance générale autant dans les environnements que les personnages suffit vraiment à convaincre et ne laisse pas indifférent.

Il faut évidemment être ouvert à ce type d'aventure et ne pas être à la recherche d'une écriture précise mais si c'est le cas, ce premier tome se déguste sans modération. Sanko Zaha et Avakian forment un duo à la fois amusant et étonnant avec un vrai potentiel et des pouvoirs prometteurs. On est en quête d'explications mais aussi de démonstrations avec toujours une dose d'humour et de glauque. La mangaka cherche constamment à mettre en oeuvre des créations, des concepts susceptibles de tenir sur la longueur et pas seulement quelques cases ou chapitre. On ne va pas faire mention des lieux et personnages secondaires rencontrés dans ce premier tome mais sachez qu'en 200 pages, la série affiche déjà une grande richesse. Pour profiter dans les meilleures conditions de cette écriture, il faut un dessin aussi étrange et étonnant.

Encore une fois c'est une réussite et surtout c'est encore une patte visuelle très personnelle. Une identité très forte en proposant un coup de crayon effrayant mais aussi dynamique. On peut clairement dire que la partie dessin participe autant à l'aspect étrange des oeuvres de la mangaka. Une cohérence totale qui laisse donc place à des personnages étonnants, même remarque pour les décors. On est vraiment face à un dessin qui cherche à inventer et à offrir des styles osés contrairement à d'autres mangas plus classiques mais tout aussi agréable dans le dessin. Visuellement, le titre dégage autant de richesse que dans son écriture, c'est une certitude. Les détails ne manquent pas dans chaque case en particulier sur les visages des personnages. Le style reste donc toujours aussi spécial et propre à la mangaka. Un décalage qui fait clairement sa force et qui fonctionne pour le premier tome de sa nouvelle série.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Conclusion : Dai Dark est une nouvelle série prometteuse par une mangaka qui ne manque pas de talent (Dorohedoro). Une histoire d'os qui n'a pas fini de nous surprendre et que l'on recommande si vous êtes à la recherche d'un seinen de science-fiction mélangeant l'humour et le gore de façon surprenante. Une nouvelle série dont l'édition est très bonne, originale, mais avec un prix excessif pour un format et un contenu standard (11,95€). Cependant il ne faut pas condamner le manga qui mérite votre attention surtout si vous aimez cette approche décalée d'une mangaka affichant un style étonnant dans le dessin comme dans l'écriture.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Partager cet article

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Commenter cet article