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[Test] Saints Row (PS5)

2 Septembre 2022 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Tests PS5

Après un virage complètement dingue à travers plusieurs épisodes, la série Saints Row était dans une longue pause jusqu'à l'annonce de son retour il y a quasiment un an maintenant. Un retour sous la forme d'un reboot nommé Saints Row avec toujours le studio Voliton aux commandes de la franchise. Si l'annonce peut séduire les amateurs de GTA-like en attendant l'arrivée d'un nouvel épisode du roi de la catégorie, ce retour suscite tout de même quelques craintes. Le ton change pour visiblement se rapprocher d'un épisode comme Saints Row 2 et surtout Saints Row 3. Un nouvel épisode incontournable dans sa catégorie ou au contraire un retour raté ?

Bienvenue à Santo Ileso ! Après Steelport et Stillwater, ce reboot nous propose un nouvel environnement qui marque une nette différence pour le meilleur mais surtout pour le pire... Avant de faire mention des détails qui fâchent, on souligne déjà les nombreux efforts pour nous plonger dans une ambiance différente des derniers opus. En effet si la conception et les environnements se rapprochaient des ville de New-York ou Chicago, on bascule ici nettement plus au sud en s'inspirant de Las Vegas mais aussi du désert du Nevada. Le côté urbain, froid, gris, laisse place à une ambiance plus chaude avec un côté western évident. L'ambiance se rapproche donc un peu plus de Saints Row 2 mais l'univers proposé affiche moins de charisme. Une panne d'inspiration chez Volition ?

Si le jeu tente de piocher un lieu comme Las Vegas, la référence n'est pas très prononcée. On note plutôt un mélange, presque cliché, d'un far-west qui souffre de plaines vides. Il y a heureusement des décors, parfois amusants, mais la sensation de vide est quand même encore trop présente à notre goût. Le sable est de la partie et notamment des tempêtes de sable, une présence météorologique qui fait son petit effet. Si cet épisode affiche un peu plus de sérieux que les précédents, on retrouve quand même une petite dose de délire qui colle toujours aussi bien à la série, même avec un changement de décor aussi radical que celui-ci.

Le jeu affiche moins d'effets visuels et surtout un univers moins coloré que les derniers opus mais difficile d'en faire un reproche, ce nouvel épisode mise sur une cohérence de son décor et donc une palette de couleurs forcément limitée. Pour revenir sur l'ambiance, cette touche désertique n'affiche pas autant de personnalité que l'on pouvait l'espérer. Même constat pour les personnages principaux et les ennemis, on est très loin du charisme des opus précédents. Alors cela peut s'expliquer par la volonté de miser sur un outil de personnalisation dans la conception du personnage. Sauf que l'outil peut éventuellement excuser l'absence de charisme du personnage que l'on contrôle mais pas des autres personnages. Le choix du désert offre quelques opportunités comme celle d'offrir la plus grande zone jouable du jeu. 

C'est techniquement vrai mais on ne profite pas totalement de cette immense carte. Si des efforts sont visibles dans le remplissage de la carte avec des décors et des bâtiments assez variés, la conception de certaines zones affichent de la maladresse et d'éventuelles lourdeurs dans la conduite des véhicules. Le level-design n'est donc pas toujours convaincant, même trop classique, et participe à cette absence de charme, un constat assez décevant pour une telle série. Cette sensation de vide par le choix artistique mais aussi par une limite du level-design, est heureusement atténuée par des efforts dans le remplissage mais aussi dans la ville de cette nouvelle zone de jeu. C'est vivant et la mise en scène est un minimum variée avec des déplacements de la population mais aussi des crimes ou encore des accidents sur la route.

Une transition parfaite pour aborder la partie technique du jeu. Oui on n'est pas loin d'un accident, heureusement de futurs correctifs vont venir rendre l'expérience plus stable et plus digne d'une production actuelle. On parle ici de la version PlayStation 5 et très franchement, l'impression next-gen est quasiment absente, on est plutôt face à un jeu PlayStation 4, difficile de cacher sa frustration surtout que même dans cette prestation, le jeu est loin d'offrir une finition exemplaire... Il y a pourtant une évolution par rapport au dernier épisode mais la différence est maigre. Si le travail sur la lumière est plutôt percutant, on ne peut pas en dire autant sur les animations, les textures ou même la modélisation. La distance d'affichage est faible avec un rendu bizarre. Le clipping est carrément de la partie à l'image des ralentissements et surtout de plusieurs dizaines de bugs.

Si certains sont presque amusants, d'autres posent sérieusement problèmes. Ce reboot n'est clairement pas une production next-gen dans cet état. Aucune claque visuelle, ni artistique d'ailleurs, malgré des efforts et une évolution par rapport aux titres précédents. On peut toujours essayer le mode graphique pour profiter jusqu'à la résolution 4K sauf que si le résultat est effectivement plus séduisant, il implique un faible framerate bloqué à 30 fps. Si on veut miser sur un framerate deux fois plus élevé, il faudra se contenter d'une résolution plus basse (1080p et 1440p). Techniquement le jeu est donc pauvre, décevant avec une finition largement perfectible. On espère une réaction rapide du studio pour obtenir une expérience de jeu au moins plus confortable.

En parlant de confort, il est temps maintenant de faire le point sur le gameplay. Le résultat va forcément diviser, s'il n'est pas mauvais, il est quasiment identique aux opus précédents, sans évolution majeure. A l'époque, la formule proposée était plutôt convaincante en matière de TPS, mais à l'heure actuelle, son système de jeu accuse le poids des années. Ce type de jouabilité possède toujours le mérite d'être fun, arcade et accessible sans chercher à être réaliste. Ceci dit, cet opus respecte sa nouvelle approche en réalisant un retour aux sources avec des possibilités plus crédibles et donc moins vertical, moins aérien et donc moins super-héros. Un nouvel équilibre qui devrait donc séduire les joueurs en particulier ceux qui valident l'expérience offerte par Saints Row 3. Si les changements sont peu nombreux, les développeurs tentent tout de même d'apporter un peu de fraîcheur à la formule en respectant cette volonté d'avoir une aventure fun et simple à prendre en main.

On pourra désormais utiliser des compétences spéciales assignées aux flèches directionnelles. Ces compétences (grenade, mines, coup de poing en feu, tirs spéciaux...) se débloquent au fil de l'expérience obtenue tout au long du jeu. Des compétences passives sont également de la partie pour conserver une certaine sensation de puissance et de folie. On s'éloigne donc des super pouvoirs mais tout en conservant un certain degré de délire. Concernant le système de tir, cela manque de nouveauté comme par exemple la possibilité de se mettre à couvert. Dans ce registre, les développeurs figent complètement les bases des opus précédents sans jamais afficher la volonté de gagner en souplesse, précision ou réalisme. Les déplacements et animations sont identiques, pas de glissade possible, on se contente de viser sans précision et d'enchaîner les tirs. 

Il se dégage donc toujours un sentiment de nervosité et de fun mais sans réalisme particulier. C'est bourrin, explosif avec une IA qui n'a pas évolué et dont les choix et réactions sont forcément ridicules dans les échanges de tirs. Si vous étiez dans l'attente d'un côté old-school dans cet épisode, alors vous serez sous le charme de cette formule. La seule nouveauté assez maladroite d'ailleurs compte tenu du jeu, c'est la présence d'une combinaison de vol. Autant dans les épisodes précédents, on pouvait comprendre l'intérêt, autant dans ce reboot cet ajout n'a pas beaucoup de sens. On passe beaucoup moins de temps dans les airs et c'est souvent à bord d'un véhicule. Les situations où l'on pourra éventuellement exploiter cette combinaison ne sont pas nombreuses. Il faut donc le voir plus comme un gadget qui peut dépanner mais sans être la grosse nouveauté du gameplay d'autant que son utilisation n'est pas spécialement évidente.

De toute façon, la combinaison n'est pas le seul moyen de transport délicat à prendre en main. La conduite fait l'objet elle aussi d'une absence d'évolution pour ce reboot. C'est donc toujours aussi arcade avec une caméra qui demande un temps d'adaptation. Les petites nouveautés se situent sur le potentiel offensif des véhicules. L'idée est de renforcer et de varier l'action dans ces séquences, on peut donc par exemple monter sur le toit pour utiliser ses armes, à condition d'avoir un pilote. Comme pour le personnage, il existe des capacités spéciales pour conserver quand même un brin de folie. L'idée de miser à fond sur l'action n'est pas mauvaise mais la conduite est vraiment trop ancienne dans son style. Cela manque cruellement de punch et de précision, il n'est pas rare d'échouer dans certaines missions ou défis à cause de ce gameplay particulier pour le pilotage.

Avec le temps, on s'en sort mieux mais sans forcément prendre un vrai plaisir. Pourtant le catalogue est plutôt solide avec des voitures, des motos, des bateaux mais aussi des hélicoptères ou encore des véhicules spéciaux rappelant une nouvelle fois la touche délirante de la série. Le gameplay n'est donc pas mauvais mais trop proche des productions précédentes sans vrais ajustements ou nouveautés suffisantes pour faire évoluer la série. Au niveau du contenu, le jeu offre donc plusieurs dizaines de véhicules différents ainsi qu'un arsenal classique mais complet avec là aussi quelques armes plutôt amusantes sans trop basculer dans la bêtise des derniers épisodes. Cette nouvelle histoire se termine entre 12-15 heures environ. Une estimation peu fiable dans la mesure où la durée de vie d'un jeu bac à sable dépend complètement de votre façon de jouer.

Cela permet de situer qu'en ligne droite ou en profitant de manière légère du contenu annexe, l'expérience de jeu n'est pas spécialement énorme. Qu'importe l'intérêt du jeu n'est clairement pas dans son histoire principale mais plutôt dans la richesse de ce nouveau terrain de jeu. C'est vraiment dans ce registre que ce reboot se montre bien plus séduisant en commençant par la création et la gestion de son empire. L'objectif est simple, il faut construire différents commerces en guise de vitrine pour masquer au maximum des activités illégales dont le crime. Une dizaine d'entreprises à mettre en place avec des activités diverses : service de nettoyage pour les crimes, vol de voitures, fraude à l'assurance, traitement des déchets...

Chaque activité permet de récupérer de l'argent en fonction de l'avancée du temps, une mécanique que l'on avait déjà pu découvrir dans les épisodes précédents et qui fonctionne toujours très bien sous cette forme. Il ne suffit pas d'attendre que l'argent rentre dans les caisses, pour faire évoluer le business, cela passe aussi par de l'action et même si vous le chef, il faudra intervenir et marquer son territoire face aux autres gangs, les combats seront donc nombreux. Des missions dédiées sont de la partie pour mettre en scène cette prise de contrôle de toute la ville. La variété est plutôt bonne tout en sachant que l'on peut aussi réaliser des contrats d'assassinat ou encore des défis pour améliorer les armes, les véhicules et obtenir des compétences. Enfin pour un tel genre, il ne faudra pas être surpris de la présence de différents types de collectible pour enrichir l'exploration ainsi que de l'usage de l'appareil photo pour certains éléments.

On n'a pas évoqué encore un autre point important du jeu, c'est le shopping. En effet l'aspect personnalisation va encore plus loin dans cet épisode (ce qui explique en partie le manque de charisme général du personnage puisque le rendu est très personnel) en offrant la possibilité de modifier dans le détail son personnage. L'éditeur est donc très poussé en jouant sur des détails comme les dents, le type de peau, les dimensions du corps et du visage, la nature des membres (robotique par exemple) en plus des modifications classiques pour ce type d'outil (cicatrice, tatouage, cheveux...). La personnalisation ne s'arrête pas à notre personnage, il est possible de modifier ses armes, ses véhicules mais aussi son gang et même son QG au niveau de la décoration. Alors oui cela reste cosmétique mais c'est l'esprit de la série et même si c'est un reboot, la présence d'une telle possibilité reste amusante.

Si vous vous sentez un peu seul, le jeu reste sur sa philosophie des épisodes précédents en continuant à proposer un mode coopération à deux joueurs en ligne. Pas de mode ou contenu spécifique, il s'agit de profiter du jeu de la même manière qu'en solo mais de manière encore plus drôle. Cela permet aussi d'atténuer certains défauts et certaines lourdeurs de l'expérience de jeu en solo en plus de mieux profiter de certaines mécaniques de jeu, si vous le pouvez c'est certainement la meilleure manière de profiter du jeu. On passe maintenant à la bande-son du jeu et là encore, un petit goût de déception peut naître à l'écoute de cette ambiance sonore. Si le premier contact est quand même rassurant à la découverte des radios dont la mise en scène est fidèle à la série (musiques, présentateurs, pubs, infos...), on regrette la liste des musiques proposées.

Le problème n'est pas vraiment dans la répartition, même si certains styles sont absents, mais plutôt dans le choix des morceaux. Dans un GTA-like, la bande-son participe énormément à l'ambiance et à l'univers de l'épisode en question. Si la référence du genre l'a prouvé à travers plusieurs épisodes, du côté de chez Voliton l'inspiration musicale n'est pas franchement au rendez-vous. Cela reste tout de même subjectif mais sans aller jusqu'à la comparaison à un épisode de la série GTA, les autres opus de la série Saints Row semblaient un peu plus inspirés. Le résultat est loin d'être ridicule mais à l'image des autres aspects, on ne peut pas dire qu'on est agréablement surpris et que ce reboot respire les gros moyens et une grosse inspiration. Forcément, lorsqu'on évoque les doublages, il ne faut pas s'attendre à un doublage français.

Le jeu propose donc un doublage anglais avec les sous-titres en français. Si l'absence de voix françaises peut décevoir certains joueurs, on précise que le doublage anglais est convaincant. On termine avec le scénario de ce reboot. Le traitement réservé à cet aspect illustre très bien le résultat du reboot, très classique, sans saveur et avec un délire plus mesuré à notre grande surprise. Il faut dire aussi que l'histoire principale n'est pas très longue et empêche de poser un travail d'écriture capable de surprendre avec d'éventuels rebondissements. Ici, on reste donc dans une histoire simple mais tout de même efficace où l'on incarne un personnage qui passe pour le boss avec trois collaborateurs et dont le but est de fonder son empire criminel pour contrôler la ville de Santo Ileso.

Forcément, ils ne sont pas seuls à vouloir réaliser ce projet ce qui va mettre en scène des conflits et donc des guerres de gangs. Sauf qu'ici on est loin des affrontements d'un Saints Row 3, la faute à des personnages moins marquants et matures. On a une drôle d'impressions de gangs moins sérieux, si l'humour est la force de la série et toujours de la partie, les développeurs donnent l'impression de s'imposer plus vite des limites dans l'écriture et le délire générale. Un politiquement correct que l'on observe par comparaison aux derniers épisodes où il n'y a avait clairement aucune limite, un grand n'importe quoi qui pouvait autant séduire que déplaire. Dans ce reboot, on conserve le brin de folie de la série mais avec un ridicule différent qui peut déplaire aux fans des précédents opus. L'histoire n'est donc pas désagréable mais elle se déroule dans un univers trop générique et avec des protagonistes pas assez marquants.

Saints Row signe un retour correct. On espérait un peu plus de la part d'un reboot finalement très léger à notre goût. Un épisode qui n'offre pas une prestation visuelle digne de son temps et avec un gameplay quasiment identique. Le contenu est généreux mais avec une trame principale courte et peu marquante. C'est toujours aussi drôle et fun mais avec un délire plus mesuré que les derniers opus. L'orientation de cet épisode n'est pas déplaisante mais elle manque de fraîcheur et d'une vraie finition, si des correctifs sont en cours, il faut s'attendre à rencontrer de nombreux bugs pour le moment.

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Graphismes : 14/20
Gameplay : 14/20
Durée de vie : 15/20
Bande-son : 14/20
Scénario : 13/20

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Note globale : 14/20

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