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[Test] Travis Strikes Again : No More Heroes

24 Janvier 2019 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Tests Switch

Si le nom de Suda51 ne vous parle pas, ou très peu, peut-être qu'en citant le jeu No More Heroes, vous commencez à comprendre la situation. Oui l'auteur de Killer7 et No More Heroes est de retour sur Nintendo Switch en attendant un potentiel et très souhaité No More Heroes 3. Après deux opus franchement bons, le troisième se fait attendre, encore et encore. Visiblement Grasshopper Interactive n'est pas encore prêt à franchir le pas et s'oriente plutôt vers un spin-off en ce début d'année 2019 avec le jeu : Travis Stikes Again : No More Heroes. Travis Touchdown est donc bel et bien de retour dans une nouvelle aventure loufoque sur la console hybride de Nintendo, pour le meilleur ou pour le pire selon votre addiction à l'auteur de ce délire...

On le sait très bien avant le coup, en posant les mains sur un jeu signé Suda51, c'est forcément déroutant et surprenant. Malgré tout on arrive encore à être surpris par le résultat qu'il soit positif ou négatif. Dès les premières minutes de jeu, on comprend clairement que ce spin-off ne sera apprécié que par ses fans et quelques joueurs en quête d'une expérience à la fois nostalgique et originale. Par contre si on peut faire un jeu complètement décalé, inclassable, ça n'empêche d'offrir un confort de jeu et une finition digne de ce nom. Là sur ce point, on ne félicite pas vraiment les développeurs qui ont misé bien plus sur la direction artistique, la mise en scène et l'univers que sur la partie technique. Il faudra déjà accepter de jouer dans un format 4/3, que ce soit en mode portable ou TV.

Le ton est donné, la première référence du rétrogaming est posée. Le début d'une longue série qui pourra amuser les joueurs mais quand même décevoir une grosse partie. Malgré un style punk et des décors normalement différents sur le papier de par son concept de plusieurs mini-jeux dans le jeu, on reste sceptique face au résultat. La Nintendo Switch est capable de beaucoup mieux, et si l'idée de rendre un hommage au monde du jeu rétro est une bonne idée, on pouvait espérer une meilleure dimension technique que ce soit dans les textures et la modélisation des environnements. D'un mini-jeu à un autre, les changements ne sont pas aussi marquants sur le plan du décor.

L'Unreal Engine 4 parvient quand même à offrir une expérience visuelle stable et un minimum confortable avec une belle palette de couleurs et un rappel du style punk de Suda51 qui ne laisse pas indifférent... ses fans une nouvelle fois. Oui ce spin-off tranche, on l'aime ou on le déteste. Les joueurs restaient quand même unanimes sur les qualités visuelles de No More Heroes sur Wii, là ça divise même sur la réalisation... Parfois illisible, parfois moche, le jeu alterne clairement le bon et le moins bon d'une situation à une autre. Heureusement les cinématiques sont un régal pour appuyer une nouvelle fois, les productions des années 80 et 90. Oui l'identité visuelle est toujours aussi forte et pétillante mais avec une partie technique peut-être trop mise de côté sur cet opus.

Sur le papier, l'idée de proposer 6 jeux dans l'aventure, c'est particulièrement alléchant. Mais très vite, la diversité espérée va laisser place à une très grande redondance. Malgré un fun évident et à des séquences jouissives, le jeu se montre clairement trop répétitif et basique. Oui c'est un beat'em all nerveux qui enchante les premières heures pour laisser place assez rapidement à une forme de lassitude. Heureusement que les références souhaitées sont issues d'univers opposé afin de varier un minimum les situations (course de moto, plateforme, hack'n slash) mais pas les objectifs (faire le trajet entre deux points, survivre à des vagues d'ennemis, battre des boss).

Si chaque jeu est différent par son ambiance, l'approche mise toujours sur l'action avec simplement une petite variante, plutôt combat, course, réflexion... Avec une longueur variable d'une séquence à une autre. En matière de gameplay, on fait face à une prise en main relativement simple et immédiate. Le challenge sera au rendez-vous notamment pour les boss qu'il faudra accepter de découvrir et étudier pour espérer s'en sortir facilement. En matière de commandes pures, le joueur dirige Travis Touchdown avec le stick et profite d'une attaque normale et d'une attaque plus percutante via les boutons en plus d'attaques spéciales plus délicates à sortir mais qui valent le détour.

En plus du déplacement classique et vif, on pourra sauter et faire des roulades pour profiter au mieux des phases d'actions nerveuse où l'action est à haute dose. Pour le coup, la jouabilité est vraiment simple mais efficace pour l'ensemble des jeux. Certains joueurs estimeront que ça manque de profondeur et d'innovations, mais il ne faut pas oublier que l'on fait face à un concept d'hommage des jeux rétro et indépendants de ces dernières années. Si le jeu est parfaitement jouable avec les joy-con, il est tout à fait possible de jouer avec la manette Nintendo Switch Pro.

En proposant plusieurs jeux dans le jeu, même dans un format mini, on pouvait s'attendre à une bonne durée de vie. En réalité, on n'est ni agréablement surpris, ni vraiment déçu. Vous pouvez considérer qu'il faut 6-7 heures en ligne droite pour terminer l'histoire, tout en sachant que la rejouabilité n'est pas mauvaise. En plus de partir à la chasse aux collectibles, vous pouvez retenter votre chance dans une autre difficulté (sucré, salé, hot), que ce soit seul ou avec un autre joueur. En effet le jeu offre la possibilité de jouer en coopération en local, le second joueur incarne Bad Man et permet d'obtenir un duo pétillant où l'aventure se montre encore plus nerveuse et violente. Si la différence est visible au niveau de la difficulté, on ajoutera aussi que les points de sauvegarde sont parfois très espacés.

Le délire l'oblige, le jeu met en scène une drôle de manière lorsqu'il est question d'une sauvegarde, on vous laisse la surprise. Pour la chasse aux 100%, le jeu poursuit sa série de références avec la mise en place de tee-shirt dont chacun rend hommage à un jeu de l'univers indépendant. Ainsi en ramassant des pièces pour faire grossir votre compte en banque, vous pourrez acheter des tee-shirts inspirés de jeux comme Dead Cells, Hollow Knight, Furi, Hotline Miami, Superhot, Hyper Light Drifter, Undertale, Morphies Law, SteamWorld Dig 2, The Messenger, Ruiner... Attention si certains exigent seulement de passer à la caisse, d'autres, plus spéciaux, impliquent de procéder à un échange des objets cachés, là aussi on vous laisse le soin de découvrir ce que les différents mondes vous réservent. 

En matière de tarif, le jeu est disponible dès sa sortie au prix de 30€ avec une version numérique qui pèse 6029,31 Mo. On regrette par contre la présence d'un season pass, au prix de 10€, qui permettra d'avoir accès aux futurs DLC dont les dates sont déjà fixées : 28 février et 30 avril. Le premier DLC proposera un nouveau personnage jouable après avoir terminé le jeu  (Shinobu Jacobs) ainsi que des techniques exclusives et un nouveau scénario. Le second DLC proposera également un nouveau personnage jouable, après avoir terminé le jeu : Bad Girl. Il sera aussi question de nouvelles techniques et d'un nouveau scénario en plus d'un monde de jeu supplémentaire.

Un contenu séduisant avant le coup mais également très frustrant de devoir repasser à la caisse alors que l'on aurait pu obtenir dès le départ un contenu bien plus costaud. En dehors du mode principal, on pourra quand même souligner la présence d'un mode aventure particulièrement.... étrange. Une nouvelle fois, c'est une approche complètement décalée de Suda51 où l'on est loin d'un mode de jeu secondaire mais plutôt d'une séquence comique et pleine de références. On pourrait le voir comme la cerise sur le gâteau de cet immense hommage à tous les niveaux.

On termine par évoquer la bande-son et le scénario. Sauf que sur ce dernier, on ne va absolument rien dire. On pourrait se contenter des quelques lignes des développeurs et de l'éditeur lors de la communication, mais même ça on ne le fera pas. L'idée est clairement de conserver une totale découverte sur cette aventure particulièrement chouette et déroutante. On est loin d'un schéma classique en matière d'écriture, et c'est bien là que l'on distingue au mieux la patte de Suda51.

A l'image du jeu, soit on accroche, soit on décroche. Pour la bande-son est à la fois électro et... rétro démontrant là encore le style de Suda51. Certains joueurs diront qu'elle peut se montrer inégale selon les mondes et phases de jeu mais dans l'ensemble elle reste vraiment soignée. Sa conception s'inscrit comme pour l'intégralité du jeu dans une tentative de proposer le meilleur du rétro et de l'indépendant. Le travail remplit à merveille son contrat et colle parfaitement avec la direction artistique du jeu.

Travis Stikes Again : No More Heroes intègre cette liste de jeux que l'on peut difficilement classer ou du moins dans une seule catégorie. En voulant afficher son amour pour les jeux rétro et indépendants, Suda51 et toute son équipe proposent un spin-off complètement déjanté tout en restant perfectible. Oui le délire est là, l'humour, les références et une bande-son électro pour accompagner cette aventure complètement folle. Techniquement par contre, sans être horrible, le jeu ne se montre pas toujours brillant, il est stable mais sa finesse ne va charmer personne. En attendant un troisième opus, on peut affirmer que ce spin-off qui s'adresse uniquement aux fans de Suda51 et de la licence, est un bon moyen de patienter que ce soit seul ou avec un ami.

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Graphismes : 14/20
Gameplay : 14/20
Durée de vie : 14/20
Bande-son : 16/20
Scénario : 15/20

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Note globale : 14/20

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