[Test] Fire Emblem Engage

30 Janvier 2023 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Tests Switch

Nintendo attaque fort cette année 2023. Si de nombreux joueurs attendent notamment le retour de Link sur Nintendo Switch, le géant japonais commence d'abord par proposer un nouvel épisode dans l'univers Fire Emblem. Après l'opus Three Houses, la Nintendo Switch accueille Fire Emblem Engage. Une saga que l'on ne présente plus dans la catégorie des jeux de rôle tactique. Une nouvelle aventure attendue par les fans mais aussi les joueurs qui affectionnent le genre. Une base reconduite avec quelques nouveautés ?

D'un épisode à un autre, on peut souvent craindre une trop grande proximité, avec ce nouvel opus, on va vite découvrir que ce n'est pas le cas. Une bonne note sur le papier même si la direction artistique proposée peut diviser une partie des joueurs, un constat classique lorsqu'on tente un style visuel, ce n'est ni la première fois, ni la dernière fois. Il faut quand même avouer que le visuel est soigné et il est inspiré que l'on aime ou pas. Ce nouvel épisode met donc l'accent sur un charac-design très coloré. Il s'en dégage une identité forte avec ce style très voyant et percutant. Les épisodes précédents passent pour des aventures plus froides, sobres et réalistes à côté de ce nouveau style beaucoup plus fantasy.

Si l'apparence du casting est soignée, il faut aussi souligner les efforts et la qualité des nombreux vêtements proposés. Cette direction artistique au niveau des protagonistes fait donc partie des changements forts proposés par cette nouvelle histoire. Par contre les environnements ne profitent pas de cette vague de couleurs, on reste face à des décors plus classiques, parfois même un peu pauvre mais qui s'explique par la formule du jeu. On souligne par contre l'effort de mettre en oeuvre de nombreuses cartes très différentes, chaque chapitre est synonyme d'un petit voyage en passant d'un décor d'intérieur à un désert, un village... On précise également le très bon rendu général avec un mélange 2D/3D qui fonctionne parfaitement sur Nintendo Switch.

Techniquement ce nouvel épisode se montre meilleur que le précédent. Le rendu est plus propre avec toujours plus de détails et une très bonne stabilité. La mise en scène est également soignée en proposant de nombreuses animations ainsi que de jolies cinématiques. La mise en scène des combats est vraiment inspirée et percutante. Un joli spectacle que l'on peut profiter de manière confortable autant en mode TV qu'en mode portable (ce dernier possède comme la plupart du temps notre préférence). Le titre se montre très fluide, les chutes sont très rares et très faibles, même en cas de fortes et nombreuses animations à l'écran. Si le titre gagne en finesse, c'est surtout dans la profondeur des décors et des visages que l'on observe des progrès.

Les expressions des visages sont meilleures, tout en restant perfectibles, et les décors se montrent plus riches. L'interface et la caméra affichent aussi des petites améliorations visant à toujours améliorer le confort de jeu autant dans l'observation de la zone de jeu que dans l'utilisation des mécaniques. Si de nombreux aspects peuvent progresser encore plus, on pourra surtout citer la distance d'affichage en phase d'exploration, ceci dit, rien de bien méchant pour l'expérience de jeu. Sur le plan visuel, il faut surtout retenir le côté spectaculaire de nombreuses séquences ainsi que le style très coloré des nouveaux personnages.

Pour le gameplay, le choix opéré par le studio est clairement le meilleur et si le visuel s'autorise quelques folies au niveau des personnages notamment, le gameplay joue lui la carte de la continuité avec des nouveautés percutantes et le retour de certaines mécaniques pour un résultat totalement percutant. La base du jeu est donc fidèle à la série, on se trouve toujours dans un jeu de combats tactiques au tour par tour où le champ de bataille s'offre une carte spécifique divisée en cases. Un terrain de jeu où l'on déplace nos unités selon le potentiel de chaque personnage pour les mouvements, du classique pour le genre. Une équipe complète et idéalement variée pour faire face à l'objectif demandé et surtout pour se montrer impitoyable face aux nombreux ennemis et challenges.

Sans surprise, un système de classes est de la partie avec des forces et faiblesses selon le type d'arme. La connaissance de chaque classe est importante pour exploiter les failles et ainsi se faciliter de différentes manières les nombreux combats. On précise que chaque personnage peut accéder à plusieurs dizaines de classes différentes, le choix est comme d'habitude très large, la notion de maîtrise fait l'objet quant à elle de quelques modifications par rapport à l'épisode précédent. Par rapport à l'interface et l'ergonomie d'une manière générale, de nombreux efforts sont visibles pour rendre l'expérience de jeu plus confortable. C'est nettement plus lisible et souple sans pour autant perdre des informations pratiques. On ne va pas revenir dans le détail de toutes les mécaniques qui répondent systématiquement présentes depuis longtemps, mais on peut rappeler rapidement les grandes lignes avec par exemple la présence du bouton magique.

Vous avez commis une erreur ? Pas de problème, le jeu vous offre la possibilité de remonter le temps afin de corriger la mauvaise action. Une fonctionnalité pratique et qui permet à la série d'ajuster sa prise en main et se rendre plus accessible auprès d'une partie des joueurs. On verra par la suite que ce n'est pas la seule manière pour satisfaire le plus large public possible. Si vous avez joué à d'autres du genre, vous devez certainement connaître le concept du triangle des armes. Chaque type possède est à la supérieur un type et inférieur à un autre type. Dans le cas de Fire Emblem, l'épée est supérieure à la hache, cette dernière est supérieure à la lance tandis que celle-ci est supérieure à l'épée. Un concept qui signe son grand retour pour notre plus grand plaisir et qui colle à merveille à la licence.

On constate aussi l'ajout d'un système d'art martial (poings) qui possède un avantage sur plusieurs types : les arcs, la magie ou encore les dagues. On continue avec un autre changement, les armes ne sont plus destructibles à l'exception des bâtons. En effet ces derniers possèdent désormais plutôt une approche d'un objet utilisable comme une potion dans le cas d'un usage de soin d'où l'existence encore d'une durabilité. Au rayon des combats, on peut aussi souligner la présence d'une tactique permettent de briser la garde d'un personnage. Certaines armes permettent ainsi de figer l'action de l'adversaire en figeant sa contre-attaque si ce dernier est brisé par notre dernière offensive. Cela concerne évidemment la durée du tour mais la mécanique est intéressante et permet de rappeler qu'il faut exploiter les faiblesses des classes et armes pour optimiser au mieux chaque tour.

C'est d'autant plus important que l'on peut évoquer, en dehors d'une bonne dose de challenge, que certaines ennemis et notamment les boss peuvent surprendre par l'utilisation d'un objet qui permet par exemple de revenir à la vie. Le genre de surprise qui remet en cause les calculs de la première lecture de l'affrontement. En parlant de lecture de la carte, on peut aussi évoquer le retour des cartes dans le brouillard ! Un bon moyen de brider le joueur sur sa stratégie. On ne peut pas vraiment anticiper, il faut progresser avec prudence et un peu de chance. On peut optimiser la démarche en utilisant les bonnes unités, en tout cas c'est encore une fois une mécanique amusante qui fait son retour. On pourrait presque s'arrêter là pour le gameplay et dire que c'est convaincant avec des bons choix.

Sauf que les développeurs vont effectuer un coup de grâce avec la vraie et grosse nouveauté de cet épisode : les Emblèmes. On vous laisse le plaisir de la découverte mais on peut au moins évoquer les grandes lignes. Tout au long de l'histoire, notre personnage va découvrir des anneaux que l'on nomme des Emblèmes. On peut les équiper à n'importe quel instant au cours de l'histoire afin de profiter de nombreux bonus dont l'objectif est de renforcer des statistiques ou au contraire atténuer certaines faiblesses. Il y a un côté nostalgique par rapport aux épisodes précédents car ces Emblèmes sont liés à des personnages principaux des opus précédents, une mise en scène amusante. Une mécanique loin d'être anecdotique puisqu'en plus des bonus passifs, il sera possible de procéder à une fusion !

Il faut remplir une jauge en combattant ou en se trouvant sur une case qui permet de recharger la jauge en question. Cette fusion permet non seulement de changer d'apparence mais aussi d'apprendre de nouvelles attaques et aptitudes, toujours pendant un temps limité. Cette mécanique est fun, addictive et d'une grande efficacité sans casser l'équilibre ou le challenge de l'aventure. Enfin on peut aussi évoquer une petite séquence de jeu étonnante misant sur une part d'exploration. Ces séquences sont moins pertinentes et ne mettent pas spécialement en valeur la partie technique du jeu. Elles permettent de donner un aspect 3D à l'aventure avec un peu de discussion après une bataille.

On peut collecter quelques objets et surtout faire un point sur l'intrigue avec les différents protagonistes, l'intérêt est discutable. On en vient à parler de la durée de vie et donc du contenu de ce nouvel opus. Qu'importe votre approche où le mode de difficulté, l'expérience de jeu s'annonce longue et captivante. Il faut compter au moins 40-50 heures pour venir à bout de l'histoire, une estimation largement variable selon votre expérience de la série, votre façon de jouer... Il faut surtout retenir que la durée de vie est longue pour finir l'histoire principale en enchaînant les différents chapitres (une vingtaine). Un score qui va facilement doubler si l'on cherche absolument à finir le jeu à 100%. On l'a dit la série soigne son accessibilité en proposant divers modes de difficulté en plus d'options. Il y a donc d'abord le choix entre trois modes : normal, difficile ou expert.

Ce choix s'accompagne d'options qui permettent par exemple de définir si l'on souhaite jouer avec la mort permanente des unités. Ce nouvel opus confirme sa volonté de s'ouvrir à un maximum de joueurs sans prendre le risque de frustrer une partie de son public. Au niveau de l'aventure, on pourra trouver les missions principales mais aussi des missions annexes ou encore de nombreuses escarmouches. Les missions annexes sont intéressantes et permettent de recruter des personnages en plus d'améliorer des Emblèmes. Les escarmouches se présentent comme des batailles secondaires sous la forme de variantes des missions de l'histoire. Un moyen efficace de collecter de l'expérience mais aussi des ressources.

L'épisode précédent offrait un QG sous la forme d'un abbaye, le principe est de retour sauf qu'il est désormais question d'une ville flottante nommée Somniel. Une zone libre où l'on prépare la mission suivante, on fait le point sur son équipement et on souffle légèrement avec quelques activités secondaires parfois drôles. L'approche est classique, le QG laisse place à des boutiques ou encore une forge pour acheter et améliorer ses équipements, armes ou encore gérer les Emblèmes. Un système de tirage aléatoire est de la partie pour obtenir des anneaux de liens à partir de fragments. L'idée est de créer des bagues avec divers bonus sous forme de sélection aléatoire, on n'est pas loin d'un modèle free-to-play mais il n'y a heureusement aucune dérive dans ce cas précis. La notion sociale est toujours de la partie sans atteindre le degré d'importance de l'opus précédent.

On conserve toujours la volonté de mettre en avant des discussions pour créer des liens, des affinités avec les différents personnages. Enfin ce QG est aussi synonyme de diverses activités sous forme de mini-jeux plus ou moins anecdotiques. On peut citer la présence d'exercices physiques (jeu de rythme, faire des pompes, travailler les abdos) en utilisant les boutons et les sticks dans le bon timing. On aurait pu faire le pari, la pêche est de la partie. Un mini-jeu simple à prendre en main qui permet de découvrir, grâce à différentes cannes, des objets (fragments de lien) mais surtout de nombreux poissons avec différentes tailles. On pourra aussi trouver un mini-jeu plus aérien sous la forme de shoot'em up en volant sur un wyverne. Enfin il est possible de s'occuper d'une ferme à Somniel avec la présence de plusieurs animaux.

La pertinence est vraiment discutable mais permet d'enrichir Somniel et de mettre en lumière un QG un peu plus original pour ce style de jeu. Enfin il existe une ultime manière de prolonger l'expérience de jeu de manière un peu plus fun sur le long terme : la tour des épreuves. Un mode de jeu où l'on retrouve une activité jouable hors-ligne mais aussi des activités en ligne. Un contenu annexe plutôt inspiré même si cela implique un abonnement au Nintendo Switch Online pour les modes en ligne (multijoueur asynchrones). On pourra donc essayer le mode hors-ligne, Tourmente, qui consiste à enchaîner des batailles sur des cartes classiques pour finir sur une carte spéciale. La difficulté est variable et influence le niveau des récompenses.

Si vous disposez d'un abonnement, vous pourrez découvrir le mode Relais qui consiste à participer à une bataille avec un autre joueur face à l'IA. Cela s'organise sur une carte, un premier joueur réalise des tours avant de laisser la main à l'autre joueur pour qu'il ajoute les personnages de son équipe. Un partage amusant et un système de jeu plutôt original, c'est une bonne surprise. Enfin, on pourra aussi essayer des batailles personnalisées où l'on peut créer des cartes. Il faut le voir comme un mode création que l'on peut partager en ligne. L'outil n'est pas très poussé mais permet assez facilement de créer une carte et de placer des unités en précisant les actions à accomplir. Dès que la configuration est terminée, une bataille s'organise avec un autre joueur.

Attention ce mode tient compte des statistiques de votre sauvegarde globale, il est donc possible de faire face à un joueur qui a déjà terminé le jeu et dont les niveaux sont élevés ou inversement face à un joueur qui débute et dont les niveaux sont faibles. Après ce tour d'horizon d'un contenu solide et varié, il ne faut pas oublier la bande-son. C'est rarement décevant lorsqu'on se penche dans un épisode de la série. La preuve avec ce nouvel épisode qui se montre une nouvelle fois très agréable pour les oreilles. Le traitement sonore est convaincant avec de nombreux thèmes dont certains marquants et épiques. Cette musique dynamique peut paraître parfois légèrement classique mais elle donne du punch aux combats. On constate aussi la reprise de certains thèmes des opus précédents, une touche nostalgique qui n'a rien de surprenant compte tenu du concept inédit des Emblèmes.

En dehors de cette OST séduisante, le jeu propose aussi de très bons doublages. On a toujours le choix entre les voix japonaises (notre préférence) et les voix anglaises. Enfin on termine avec le scénario même si l'on va se montrer très prudent sur les éléments abordés. Pas d'inquiétude, on va surtout délivrer un sentiment sur cette nouvelle aventure et reprendre les grandes lignes de cette nouvelle histoire. Première précision importante, il n'est pas nécessaire d'avoir joué à un épisode de la série pour comprendre cette aventure. Comme pour les épisodes précédents, Fire Emblem Engage se déroule dans un univers inédit. Cela ne l'empêche pas de récompenser les fidèles joueurs avec les Emblèmes, sa redoutable mécanique qui ajoute une touche de nostalgie.

C'est toujours un plaisir de revoir des personnages comme Ike ou Marth par exemple sans que ceux-ci occupent une place trop importante dans le scénario. Par rapport à l'opus précédent, il faut bien avouer que cette nouvelle histoire se montre nettement plus classique et simpliste. Le joueur est plongé dans le continent d'Elyos où l'on trouve quatre royaumes mais aussi des dragons divins. Par le passé cette zone couvrait une terrible bataille face à un dragon maléfique mais après une victoire, il était question d'un sommeil jusqu'à ce qu'un potentiel retour se précise...

Ce style heroic-fantasy peut sembler classique au premier coup d'oeil mais l'histoire offre tout de même de nombreux moments sympathiques, parfois épiques, parfois surprenants. Derrière ce choix d'écriture, on peut aussi trouver une volonté de rendre cette aventure accessible à un très large public tout en conservant un peu de folie. Ce n'est pas désagréable à suivre, c'est dynamique tout en restant propre dans la restitution des affrontements, mais il faut tout de même s'attendre à de nombreuses facilités. Enfin par rapport à l'épisode précédent, le joueur est nettement plus spectateur, le scénario est plus dirigiste, la notion de choix est par exemple quasiment inexistante.

Fire Emblem Engage est un nouvel épisode qui frappe très fort et s'impose déjà comme un titre incontournable sur Nintendo Switch à condition évidemment d'aimer le genre. Si son histoire est très basique, facile dans son écriture, ce nouvel opus va afficher de nombreuses qualités en commençant par une expérience visuelle très colorée et très stable. Des choix artistiques qui peuvent déplaire mais qui possèdent le mérite de donner une identité unique à cet épisode.

Le gameplay réalise une excellente prestation en conservant les bases approuvées de la série, tout en ajoutant des nouveautés percutantes. Certaines mécaniques signent aussi un retour par rapport à l'épisode précédent. C'est donc toujours fun, riche et accessible avec en prime, une touche nostalgique qui fait son effet. Le contenu est complet et solide même en se contentant de finir le jeu en ligne droite. Enfin la bande-son est toujours aussi soignée et inspirée. La série continue donc de briller et à moins de ne pas apprécier les jeux de rôle tactique, nul doute que ce nouvel épisode va vous plaire.

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Graphismes : 16/20
Gameplay : 17/20
Durée de vie : 17/20
Bande-son : 17/20
Scénario : 14/20