[Test] Forspoken (PS5)

5 Février 2023 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Tests PS5

Après une fin d'année 2022 riche en sorties, l'éditeur Square Enix commence fort l'année 2023 avec un titre qui fait l'actualité depuis longtemps. Annoncée en 2020 avec le nom de code "Project Athia", et après un développement compliqué avec notamment de multiples reports, cette nouvelle licence va finalement sortir sous le nom de Forspoken en janvier 2023. Cet Action-RPG en monde ouvert, développé par Luminous Productions (Final Fantasy XV), souffle donc le chaud et le froid depuis son annonce. Disponible sur PlayStation 5 (version testée) et PC, Forspoken s'impose-t-il déjà comme un titre next-gen incontournable en ce début d'année 2023 ?

On commence par une première précision afin de faire preuve, comme d'habitude, de la plus grande transparence possible. La version PlayStation 5 testée est un code reçu de la part de l'éditeur Square Enix. Le jeu est vendu 79,99€ sur le PlayStation Store en sachant qu'il existe aussi une version Digital Deluxe vendue 104,99€. Après cette précision, on s'attaque enfin à cette nouvelle licence en commençant par la partie visuelle. Très vite, la magie dégage une drôle d'impression, aucun charme, aucune maîtrise, le studio déçoit rapidement par l'univers proposé. Le monde d'Athia semble pourtant avoir un certain potentiel mais ce monde se montre trop rigide, trop vide. Une structure en plusieurs royaumes où chaque zone est synonyme d'un biome (plaine, forêt, montagne...) avec une patte artistique rappelant la catégorie fantasy sans jamais convaincre.

On a l'impression d'un mélange de plusieurs styles sans jamais parvenir à s'arrêter sur une direction précise. Il possède autant des allures d'une production occidentales que japonaises, le compromis proposé peine vraiment à séduire malgré quelques fulgurances qui lui évitent de passer complètement à côté. L'ambiance est donc particulière, pas mauvaise mais beaucoup trop irrégulière, à l'image des sensations de l'aventure. C'est trop souvent vide, trop souvent répétitif et le level-design n'est pas spécialement inspiré. Pour revenir sur son style fantasy, le bestiaire ne se montre pas brillant, à l'image du décor, son orientation est vraiment classique. Encore une fois si certains décors vont séduire à coup sûr la majorité des joueurs, la belle rencontre visuelle est trop rare.

Le jeu affiche des idées mais il les concrétise de manière trop maladroite pour que la formule fonctionne. L'opération séduction est donc raté mais heureusement quelques aspects attirent tout de même l'attention du joueur. On note par exemple une tentative intéressante, celle de mettre en scène un casting presque uniquement féminin. Un choix qui est discutable et qui va diviser à coup sûr les joueurs car la profondeur artistique derrière ce casting est faible, le travail d'écriture n'aide pas à offrir l'immersion nécessaire à cette démarche. Par contre, on ne peut pas nier que le travail sur les effets visuels est une réussite. Les différents sorts de magie (feu, terre, eau...) parviennent enfin à apporter cette touche magique que l'on souhaitait découvrir et donnent ainsi du volume à l'expérience de jeu en particulier dans les combats.

Le seul côté spectaculaire qui marche donc très bien se trouve dans la mise en scène du personnage avec sa magie mais aussi ses animations dans l'exécution de ses talents. Si la dimension artistique n'est pas totalement convaincante, on va vite découvrir que la partie technique n'est pas plus rassurante bien au contraire. Le premier constat agaçant, c'est la stabilité douteuse du titre à ce jour. C'est dommage car sur le papier, on pouvait espérer mieux. Il faut rappeler que le studio utilise le moteur de jeu de Final Fantasy XV avec de multiples améliorations depuis la sortie du célèbre RPG. Il est clair que le rendu est capable d'être brillant mais trop rarement. On revient sur cette fluidité, comme pour les autres productions de cette génération, il est possible de choisir le mode graphique. On recommande chaudement de basculer en mode performance pour espérer au mieux la meilleure stabilité.

Sauf que ce choix implique de découvrir une prestation visuelle pas franchement renversante. Un joueur frustré du résultat va donc tenter sa chance avec le mode qualité et le résultat est effectivement plus pétillant mais avec un framerate nettement plus faible et surtout instable. Un choix systématiquement radical et même le passage en mode ray tracing ne va pas aider à trouver un compromis à la hauteur des attentes et des promesses des premières heures. Le mode performance permet quand même d'avoir l'expérience la plus fluide et la plus stable malgré quelques décrochages. Nul doute que les joueurs vont majoritairement se positionner sur ce mode d'affichage. On assiste à un jeu doté d'une modélisation pas franchement convaincante. Un manque de finesse et de réalisme que l'on retrouve encore plus lorsqu'on s'arrête sur les textures du jeu.

Un constat valable pour le décor mais aussi pour les personnages à l'exception de notre héroïne qui semble profiter d'un soin légèrement meilleur. Les coiffures et les expressions faciales offrent une prestation d'au moins une génération de retard, on est loin de la vitrine technologique espérée lors de la toute première annonce du jeu. Attention le jeu n'est pas catastrophique mais il est loin d'être un hit, la prestation visuelle est juste très moyenne, la finition globale du jeu n'est pas irréprochable. On peut aussi évoquer les animations des autres personnages dans le décor, du travail sur la lumière ou encore les nombreux bugs de collisions... La liste est longue et si de nombreux soucis ne posent pas de problèmes, l'accumulation de ces défauts vont forcément mettre un coup de froid au joueur au cours de l'aventure.

Même l'affichage des textes ne comble pas ce manque de confort général, les maladresses s'enchaînent avec tout de même l'espoir de quelques correctifs pour rendre l'expérience de jeu plus craquante. On va quand même souligner un très bon point, celui des temps de chargement très rapides qui démontrent que l'on est bien sur la nouvelle génération. Ce n'est pas un petit détail avec déjà plusieurs exemples sur cette génération : le voyage rapide des mondes ouverts, les transitions avec les cinématiques, le lancement du jeu... Ce sentiment mitigé de l'aspect visuel se retrouve aussi du côté du gameplay. On trouve à la fois de bonnes idées mais aussi quelques limites et lourdeurs, décidément la formule peine à convaincre. Pourtant, l'esprit désiré par les développeurs est intéressant, celle d'une héroïne virevoltante et brillante sur le plan de la magie. Si son écriture est vraiment frustrante, on y reviendra, aux commandes de celle-ci il se dégage quand même un certain plaisir.

D'ailleurs on pourrait grossièrement diviser l'approche du jeu en deux parties : l'exploration et l'action. Alors on va respecter un certain degré de surprise pour certaines mécaniques et en particulier sur l'évolution du personnage et sa profondeur, l'idée est de présenter les bases du jeu. Si l'on parle bien de magie, ce n'est pas pour autant Poudlard. Un bracelet permet à notre personnage de développer de chouettes capacités et notamment pour l'exploration. Le jeu offre un grand terrain de jeu avec parfois une construction intéressante. Frey va donc se montrer sous un beau jour dans un style parkour qui lui colle à merveille. Elle se déplace rapidement, elle s'accroche à diverses surfaces avec un grappin, elle escalade avec une grande facilité des rochers suspendus, elle flotte dans une bulle d'eau, elle surfe...

Oui les déplacement sont nombreux et toujours dans une volonté d'être vif, fluide et fun. Pour explorer le monde d'Athia, on peut dire que le joueur possède de nombreuses possibilités et globalement le moteur physique s'en sort bien malgré quelques soucis de collisions. Le parkour va même se montrer plus exigeant au fur et à mesure de l'aventure, une difficulté progressive qui donne de l'intérêt à cette dimension en affichant un univers technique. L'acquisition d'une aptitude n'est pas suffisante pour briller, il faut aussi la maîtriser. Bien évidemment selon votre but et votre envie dans l'exploration des lieux, il est tout à fait possible de procéder à des voyages rapides. Une fonctionnalité classique mais d'une efficacité redoutable sur la nouvelle génération grâce à la suppression des longs temps de chargement lors de sessions tournées sur la recherche de trésors et points de compétences par exemple. On regrette par contre que le potentiel du personnage affiche un trop long temps avant de devenir percutant.

Au départ cela peut paraître ennuyant et répétitif avant d'avoir un choix large pour vraiment prendre du plaisir à exploiter chaque lieu avec la totalité des compétences de Frey. On l'a dit, Forspoken est aussi un jeu d'action. Premier constat négatif, la prise en main n'est vraiment pas évidente. On note aussi des combats brouillons à cause de la multiplication des effets, la lisibilité est donc parfois compliquée. Dommage car sur le papier les commandes proposées sont intéressantes avec une répartition pensée pour exploiter la manette. Il y a la volonté d'attribuer un rôle précis pour les touches directionnelles et pour les boutons. Même remarque pour les touches arrières et les gâchettes. On va donc pouvoir faire usage de sorts offensifs avec plusieurs types de magie mais aussi des sorts de soutien. Une capacité ultime est aussi de la partie pour enfoncer le clou et surenchérir en matière de puissance offensive.

On peut également réaliser des contre-attaques ou encore des coups critiques. Des preuves supplémentaires que le combat occupe une place importante et qu'il demande lui aussi une certaine maîtrise. Malheureusement le même sentiment négatif se dégage sur cette progression parfois un peu lente et frustrante. On aimerait dès le départ avoir le choix des différents types de magie plutôt que d'avoir une seule magie qui va vite accentuer la répétitivité générale du jeu. C'est le genre de titre qui peut se montrer frustrant selon vos attentes dans le déblocage des capacités. En effet il arrive que finalement, on est tellement proche de la fin que l'on tire la conclusion d'une sous-exploitation de nombreuses mécaniques du jeu car elles étaient accessibles trop tardivement dans l'aventure.

Le monde ouvert permet de combler légèrement cette lacune grâce à son aspect ouvert et sa rejouabilité mais cela ne suffit pas totalement. Alors oui le spectacle visuel est une l'une des forces du jeu, l'arbre de compétences qui évolue en remplissant des conditions se montre aussi intéressant mais on ne parvient jamais à être totalement sous le charme de l'expérience de jeu. En dehors de ces effets et de quelques idées, c'est trop souvent classique et répétitif selon nous. On boucle ce tour d'horizon du gameplay par une précision importante prouvant une nouvelle fois son statut de vrai jeu nouvelle génération malgré ses défauts. En effet le jeu exploite plutôt bien les fonctionnalités de la DualSense. On a déjà une sensation différente au niveau des gâchettes adaptatives avec une résistance plus ou moins forte en fonction du sort sélectionné ce qui donne une forme de personnalité à chaque pouvoir.

Ensuite, on profite de nombreuses vibrations plus ou moins forte selon le déroulement à l'écran. Là aussi, le but est de donner une identité à chaque élément de jeu, la vibration est donc différente selon la matière en scène. Enfin le haut-parleur n'est pas oublié et propose la voix d'un personnage. Si certains pourront peut-être trouver ça trop envahissant, il faut avouer qu'en matière d'immersion, cette fonctionnalité remplit son objectif. Au niveau maintenant de la durée de vie du jeu, on constate que Forspoken se situe dans la moyenne basse pour ce style de jeu en monde ouvert. Mais ce n'est pas forcément une critique car le remplissage artificiel et inutile pour gonfler la durée de certains jeux n'est pas une bonne idée. Pour finir l'histoire principale il faut donc compter entre 15 et 20 heures selon sa vitesse de jeu et son envie de découvrir un peu le contenu secondaire.

Dans le cas où l'on veut retourner complètement le jeu, on se situe plutôt aux alentours de 45-50 heures de jeu, un score très correct pour ce type de monde ouvert. Malheureusement, et cela fait écho aux sensations du gameplay, le jeu ne se montre pas assez captivant à travers ses missions principales, et encore moins avec les missions secondaires et activités annexes. On a le sentiment que le studio n'était pas inspiré sur les objectifs et tâches à accomplir. Pourtant le personnage sort un peu de l'ordinaire, le gameplay possède un potentiel mais sans trop savoir comment le mettre à son avantage. On se retrouve donc avec des missions très classiques, sans surprises, jamais marquantes. Il y a quand même une volonté d'apporter un minimum de variété dans les différentes missions, un bon point tout de même pour faire avancer l'histoire mais aussi faire évoluer notre personnage.

On va donc pouvoir découvrir des donjons et faire des activités annexes en plus des missions principales et secondaires. Mais il ne faut toujours pas espérer une structure étonnante. C'est très souvent le même schéma à base de couloirs et d'un boss. Une répétitivité qui va forcément déplaire à une bonne partie des joueurs malgré l'envie de faire progresser notre personnage avec de nouveaux équipements et de meilleures statistiques. Alors oui il y a bien quelques défis amusants et une exploration parfois sympathique pour certains lieux mais pour les missions, on pouvait espérer une mise en scène plus rafraîchissante face à un tel univers. Il faudra donc souvent se contenter de libérer une zone, vaincre un ennemi...

Cette frustration on la retrouve aussi dans la bande-son. Mais encore une fois, le constat n'est pas totalement négatif. Si les musiques ne sont pas aussi brillantes que dans leur précédente production (FFXV), ce n'est pas mauvais avec une bonne cohérence et un bon apport au déroulement à l'écran. Avec son univers, on pouvait s'attendre à une invitation sonore plus surprenante et qui renforce encore plus l'immersion mais globalement la musique accompagne assez bien les différentes séquences du jeu. On est plus mitigé sur le résultat des bruitages dont certains semblent manquer d'une certaine justesse par rapport aux mouvements matières. C'est un détail mais cela démontre le petit manque de finition sur l'ensemble de l'aventure.

Enfin il faut parler des doublages, une prestation vraiment décevante. D'ailleurs à l'image de son écriture et du style du personnage, on va vite revenir sur nos premières belles impressions concernant Frey. Elle semblait intéressante et charismatique. Finalement on la retrouve irritante, pathétique et pas du tout attachante. Il faut dire qu'elle n'est pas aidée par un doublage français vraiment très moyen. Si l'on apprécie évidemment l'effort de proposer des voix françaises, le résultat n'est vraiment pas à la hauteur. Heureusement, il est possible de choisir le doublage anglais ou le doublage japonais. Dans les deux cas, le résultat est nettement meilleur.

On termine avec quelques mots sur le scénario. Comme d'habitude avec ce type de jeu, on reste prudent en rappelant les grandes lignes de l'aventure tout en complétant par un sentiment général. Cette histoire s'intéresse donc à une jeune New-Yorkaise qui se nomme Frey. Une jeune femme qui mène une vie compliquée, sans repère, ces actions sont souvent limite, la justice n'est jamais loin. Elle cherche à s'en sortir et espère découvrir un élément déclencheur pour oublier ce passé compliqué et repartir correctement... Un souhait qui ne va pas tarder lorsqu'elle découvre un bracelet qui l'a plonge dans un monde magique avec des monstres, une nature différente et étonnante mais aussi de nouveaux problèmes sauf qu'elle dispose cette fois-ci les clés et s'impose comme l'héroïne qui peut sauver ce monde mystérieux.

On ne va pas aller plus loin dans la description de départ, vous l'aurez compris c'est très classique et cela peut évidemment faire référence à de nombreuses oeuvres. Si le lancement est classique, on pouvait espérer des surprises dans le déroulement de l'histoire malgré le titre est très classique en permanence. Ce n'est pas original et trop rarement inspiré. Cela manque de profondeur, de surprises, de rebondissements. Le déroulement est trop souvent prévisible et si certains passages se montrent tout de même sympathiques, on garde nos distances avec cette histoire.

L'invitation ne fonctionne pas totalement, on n'a pas l'impression de se plonger dans l'aventure et de suivre avec joie les aventures de Frey. Il faut dire que ce personnage n'est pas à la hauteur. Frey n'est pas charismatique et elle n'est pas intéressante d'une manière générale. Le monde d'Athia souffle le chaud et le froid dans sa personnalité, il y a toujours cette curiosité de découvrir ces terres mais là encore, c'est rarement original. L'aventure n'est donc pas souvent captivante et pourtant on peut voir quelques bonnes idées lâchant un goût d'un titre qui semble pourtant détenir un potentiel.

Forspoken est une nouvelle aventure mitigée. Lors de son annonce, cette nouvelle licence semblait prometteuse mais malheureusement la magie n'opère pas correctement tout au long de l'histoire. Une écriture classique, une héroïne ni attachante, ni intéressante dans son attitude, une prestation technique perfectible ou encore un contenu classique et répétitif. C'est trop souvent moyen et pas assez original contrairement aux premières annonces qui laissaient paraître beaucoup de fraîcheur.

Alors il faut quand même souligner de nombreux aspects intéressants dont un gameplay qui tient la route et une dimension magique qui fonctionne assez bien en plus d'offrir de jolis effets visuels. Son côté spectacle motive un peu à explorer ce monde parfois inspiré mais trop souvent frustrant. L'accompagnement sonore est plutôt correct mais le doublage français n'est pas convaincant. Cette nouvelle licence n'est donc pas mauvaise mais sans être pour autant un titre incontournable en ce début d'année.

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Graphismes : 13/20
Gameplay : 14/20
Durée de vie : 15/20
Bande-son : 13/20
Scénario : 11/20