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[Test] Bayonetta Origins : Cereza and the Lost Demon

25 Mars 2023 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Tests Switch

Après le génial Bayonetta 3 dont la sortie remonte à quelques mois, PlatinumGames et Nintendo causent une belle surprise en annonçant très rapidement l'arrivée d'un nouvel épisode Bayonetta, toujours en exclusivité sur Nintendo Switch, qui s'intitule Bayonetta Origins : Cereza and the Lost Demon. Une sortie qui intervient très rapidement après le troisième opus puisque le jeu est disponible depuis le 17 mars 2023. Une belle surprise qui ne s'inscrit pas dans la continuité, il s'agit d'un spin-off faisant office de préquel à la série. Un épisode qui cherche à approfondir un univers toujours aussi séduisant. La nouvelle pépite de PlatinumGames ?

Le premier contact visuel est très surprenant, les développeurs font le choix d'une direction artistique radicalement différente des trois autres opus de la série. Une idée très intéressante pour marquer un peu plus l'aspect spin-off de cet épisode qui ne va cesser de surprendre par une orientation différente. Ces choix ne provoquent pas pour autant une qualité inférieure de cette production, bien au contraire, ce nouveau style affiche une fraîcheur qui attire la curiosité. Bayonetta Origins : Cereza and the Lost Demon adopte donc un style visuel qui se rapproche fortement du rendu d'un dessin avec un ensemble très coloré. L'aventure nous plonge au coeur de la forêt d'Avalon dans la jeunesse de Bayonetta que l'on connaît mieux à cette époque sous le nom de Cereza. La direction artistique est donc étonnante mais surtout terriblement séduisante.

Elle s'éloigne complètement du visuel que l'on pouvait connaître de la série pour une approche visuelle qui fait référence à un livre de conte pour enfants. Le style visuel n'est d'ailleurs pas le seul élément qui fait référence à cette notion de contes, on aura l'occasion de découvrir d'autres éléments qui confirment l'orientation du spin-off. Alors attention, ce choix artistique ne signifie pas pour autant que le jeu est plus accessible ou qu'il se destine à un très jeune public. S'il y a forcément une envie d'élargir son public avec ce choix, ce spin-off conserve l'esprit de la licence mais tente simplement une autre forme. L'idée est vraiment excellente dans la mesure où il est question de raconter l'enfance de notre héroïne. On peut donc y lire une cohérence et une décision presque naturelle de partir sur une patte artistique qui joue la carte du dessin que l'on pourrait trouver dans un conte.

Le résultat est très coloré, brillant et vraiment mignon. Un charme qui fonctionne dès les premières pages, on souligne d'ailleurs que les cinématiques se déroulent sous la forme d'un livre dont on tourne les pages. Les illustrations sont sublimes, il faut s'attendre à profiter de superbes panoramas. Ce dessin à la main est d'une qualité impressionnante. La forêt n'est pas un monde ouvert mais s'offre une construction sous forme de plusieurs zones ouvertes d'une taille suffisamment grandes. Ces zones sont reliées avec souvent plusieurs chemins mais, à l'image de la licence Metroid, ils ne sont pas forcément accessibles sur un premier passage. On souligne aussi que les différents environnements se montrent très souvent originaux et accentuent le côté magique de l'histoire. Le travail artistique peut ne pas plaire surtout si l'on était attaché au style de la trilogie mais on ne peut pas nier qu'il offre un vent de fraîcheur vraiment inattendu.

Le studio a toujours délivré une copie propre sans partir à la course de la meilleure claque technique. C'est un constat que l'on peut toujours faire tout en sachant que le cel-shading fait l'objet d'une utilisation dans un sens artistique. Le rendu peut donc surprendre ceux qui n'ont pas l'habitude de ce style visuel mais c'est clairement le meilleur choix pour mettre en valeur la dimension artistique. Il ne faut donc pas juger sévèrement les textures ou la modélisation, le travail reste propre et sérieux dans les limites offerte par le cel-shading. L'exploration ne comporte aucun temps de chargement et surtout une excellente fluidité, un critère indispensable pour la licence. L'expérience de jeu est chouette et confortable à la fois en mode TV et en mode portable, nous n'avons pas constaté de différences même si le mode portable garde comme très souvent notre préférence.

Si l'on veut vraiment rester dans les détails de la prestation technique, on peut effectivement observer un très léger clipping ou encore un framerate qui semble légèrement baisser en cas d'une activité très riche à l'écran. Si l'on écarte ces petits détails, on peut affirmer que le jeu est techniquement très bon et permet de pleinement profiter du charme d'une série qui ne cesse de surprendre depuis la sortie du premier épisode en janvier 2010. Jusqu'à présent, on connaissait la série sous la forme d'un beat'em all nerveux et jouissif. Le spin-off tente une nouvelle formule en basculant du côté de l'action-aventure un peu plus doux. Un choix totalement cohérent avec sa mise en scène et son style visuel. On va rapidement découvrir une prise en main particulière que l'on peut même qualifier de peu évidente sur les premières minutes de jeu.

Néanmoins dès que l'on a digéré l'étape de l'effet de surprise du gameplay proposé, le jeu devient vite accessible, original et donc plutôt agréable sur le long terme même s'il n'offre pas du tout les mêmes sensations que les épisodes de la trilogie. Avant d'évoquer un peu plus en détails la partie combat, on peut déjà parler de la part importante d'exploration de cet épisode, une partie qui donne de la force à cette aventure. Cette dernière possède les allures d'un Metroid dans l'esprit de sa construction, une référence flatteuse en matière de level-design. Il y a de nombreux passages pour relier les différentes zones avec des obstacles différents que l'on peut supprimer selon l'obtention des capacités au fil de l'histoire. On est donc systématiquement dans ce désir d'obtenir de nouvelles améliorations pour découvrir ce qui se cache derrière chaque obstacle.

C'est addictif d'autant que le jeu n'oublie pas d'introduire une bonne dose d'énigmes sous différentes formes pour enrichir l'aventure. Malgré son changement de style, le jeu n'oublie pas de mettre en oeuvre de multiples combats dans la forêt d'Avalon afin d'offrir une dose d'action suffisante mais surtout déroutante au départ. On incarne bien Cereza mais ce n'est clairement pas la même Bayonetta, elle n'est pas encore aussi redoutable dans les combats. D'ailleurs il n'est pas question d'une aventure solitaire mais d'un duo puisque Cereza se balade avec son doudou, une peluche nommée Chouchou.  Le joueur contrôle les deux personnages, Cereza avec le stick gauche et Chouchou avec le stick droit. Vous ne rêvez pas, chaque joy-con est dédié aux contrôles d'un personnage.

Du coup, on serait presque tenté de dire que c'est un jeu pensé pour la coopération et donc un mode deux joueurs, mais ce n'est pas du tout l'idée des développeurs, contrairement aux apparences dans la configuration des commandes, il s'agit bien uniquement d'une expérience de jeu solitaire. On a donc le contrôle de deux personnages, rien que cette approche nécessite un temps d'adaptation et même après plusieurs, on peut vite se perdre sous le feu de l'action d'autant que certaines situations peuvent paraître illisibles, c'est loin d'être une tâche aisée même si cette formule fonctionne parfaitement. L'idée n'est pas mauvaise et c'est parfaitement jouable dans un bon confort mais c'est tellement inhabituel qu'on met un certain à s'adapter à ce type de commande. Il faut accepter que Cereza est plutôt spectatrice des combats.

En effet celle-ci possède des atouts magiques mais elle ne peut faire mieux. Elle s'utilise donc dans l'unique but de balancer un sort, celui d'immobiliser des ennemis pour en faire des proies plus faciles à appréhender. Vous vous en doutez, c'est bel et bien Chouchou qui se charge d'être agressif et de réaliser des coups de griffe pour contrôler les menaces. On est donc dans une gestion particulière des combats où Cereza se charge de faciliter le travail de son doudou en appliquant un sortilège tout en restant prudente. Il faut donc parvenir à placer notre héroïne légèrement en retrait de Chouchou tout en gérant la peluche pour éliminer les ennemis petit à petit sans qu'ils parviennent à faire subir des dégâts à Cereza. Ce n'est pas totalement grave si Chouchou subit des dégâts puisque dès que sa jauge est vide, il redevient une simple peluche.

Il faut donc que Cereza récupère la peluche afin de lui redonner cette énergie magique., d'où l'importance d'être vigilant sur la santé de notre héroïne. A la lecture du concept de ce spin-off, on pourrait penser à une expérience un peu molle et simpliste mais le résultat n'est pas aussi triste. Alors oui, le rythme est effectivement un peu plus lent et le gameplay affiche moins de profondeur mais les combats se montrent tout de même intéressants en particulier les boss qui parviennent à conserver cette dimension épique qui fait la réputation de la série depuis le premier épisode. Pour revenir sur la profondeur du gameplay, et même si elle n'atteint pas celle des précédents opus, le jeu permet de débloquer de nouvelles techniques et de nouveaux pouvoirs à travers un arbre de compétence.

On a donc quand même un sentiment de progression et de puissance au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire. On pense notamment à Chouchou qui va développer des pouvoirs liés aux éléments, simple mais efficace pour varier les attaques. Au niveau de la durée de vie, il faut compter entre 12 et 15 heures pour venir à bout de l'histoire tout en explorant légèrement les différentes zones, sans forcément chercher à retourner dans chaque coin après obtention de nouveaux pouvoirs. Un temps de jeu très correct qui peut atteindre la petite vingtaine d'heures si l'on souhaite terminer le jeu à 100%. L'expérience de jeu n'est donc pas d'une grande longueur mais largement suffisante en sachant que la série n'a jamais vraiment brillé pour sa longue durée de vie.

Par contre, on peut reprocher pour cet épisode une forme de répétitivité plus accentuée à cause de sa progression vraiment classique et basique. Cela se résume trop souvent à enchaîner l'exploration et les combats pour finalement obtenir un nouveau pouvoir et repartir à l'exploration jusqu'au prochain combat. Il y a pourtant des boss et certains passages soignés par une belle mise en scène mais la structure du jeu est plus simple et prévisible que la trilogie. Pour gonfler un peu le contenu du jeu et tenter justement de casser d'une bonne manière ce rythme qui peut ne pas convenir à une partie des joueurs, les développeurs mettent en place les défis « Tir na nÓg ». Ce sont des épreuves dans des donjons dont l'approche est similaire à ce que l'on pouvait déjà découvrir dans la série avec les défis de combat dans les portails.

Si certains s'inscrivent dans le déroulement de l'aventure, d'autres sont optionnels en sachant qu'il est possible de les refaire à volonté. Le jeu en totalise une trentaine et alterne action et réflexion. En effet on pourra trouver des combats dans une arène mais aussi des énigmes à résoudre, celles-ci sont amusantes avec un chronomètre. Ce contenu annexe permet donc d'enrichir un peu le jeu pour ne pas se contenter de la trame principale tout en restant assez classique. On n'a pas évoqué jusqu'à présent l'un des points forts de ce spin-off : la bande-son. Les différentes compositions proposées sont sublimes. Les thèmes renforcent l'univers magique et fantastique tout en apportant cette douceur qui colle à merveille avec le ton du récit et sa réalisation.

Une ambiance excellente avec des musiques marquantes et des bruitages convaincants, l'immersion est totale. Mais le plus fort et impressionnant qui apporte une touche unique à cet épisode et ne fait que renforcer un peu plus la qualité de l'aventure, c'est la présence d'une voix off. En effet une narratrice conte l'histoire et affirme donc le style visuel et l'orientation de cette aventure qui se présente comme un conte pour enfants avec sa mise en scène sous forme de pages. C'est vraiment chouette et provoque ce petit effet unique d'autant que les voix proposées fonctionnement parfaitement. Pour ces dialogues, on a le choix entre les voix anglaises et japonaises, dans les deux cas le résultat est très bon. C'est bien difficile de ne pas tomber sous le charme d'une telle prestation sonore. Enfin, il convient de faire un point sur l'écriture de ce spin-off.

On l'a vu à travers sa mise en scène et son choix artistique, le ton de l'histoire est complètement différent de ce que l'on pouvait découvrir jusqu'à présent. Néanmoins la maîtrise est totale de la part du studio dans la mesure où ce spin-off ne cherche pas à s'écarter de la trilogie, bien au contraire, le jeu récompense les fans par de nombreux clins d'oeil. Cela permet aussi de découvrir le passé de Cereza afin de comprendre sa transformation en Bayonetta dont le charisme est renversant. Sur le papier, l'histoire peut paraître simple mais elle enrichit un peu plus l'univers de la licence et se concentre vraiment sur cette petite fille dont la mère sera emprisonnée.

Une situation qui va constituer l'objectif de la jeune fille, celui de partir à sa recherche en bravant une forêt interdite. Une sorcière accepte d'assurer l'apprentissage de la petite fille mais sans succès, Cereza ne pense qu'à porter secours à sa mère suite à l'union spéciale de ses parents. A ce stade, Cereza n'est pas la sorcière d'une puissance redoutable que l'on a pu connaître. Néanmoins la petite fille ne lâche rien et va même invoquer un démon qui va transformer sa peluche pour devenir un allié redoutable le temps de trouver une solution.

On ne va pas aller plus loin dans le résumé de l'histoire, en tout cas il y a un goût de voyage et d'aventure dans cette écriture. Le scénario est accessible, un peu plus simpliste et léger que la trilogie mais tout de même très agréable à suivre. Un préquel très sympathique, mignon, qui contient en plus des petites surprises pour les fans de la licence. Pas d'inquiétude, si vous n'avez jamais joué à un épisode de la série, il est tout à fait possible de profiter sans le moindre problème à cette aventure, c'est d'ailleurs l'une des forces de cet épisode, celui d'être ouvert à tous les joueurs.

Bayonetta Origins : Cereza and the Lost Demon est un épisode différent mais toujours aussi séduisant par rapport à la trilogie. Platinum Games démontre une nouvelle fois son talent pour nous plonger dans cet univers magique en mettant en scène Bayonetta de différentes manières. Cette fois-ci, on parle donc plutôt de Cereza puisque l'on se concentre sur son enfance avec une aventure qui fait office de préquelle à la trilogie. Un récit étonnant qui dégage un charme fou avec une direction artistique radicalement différente sous forme d'un conte pour enfants. On plonge volontiers dans un univers très coloré avec une expérience de jeu rafraîchissante et accessible. Une aventure différente qui prend des risques mais qui tente de satisfaire à la fois les nouveaux joueurs et les fans de la première heure. Une très belle surprise !

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Graphismes : 17/20
Gameplay : 16/20
Durée de vie : 15/20
Bande-son : 18/20
Scénario : 16/20

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Note globale : 17/20

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