[Test] Daemon X Machina

20 Septembre 2019 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Tests Switch

Lors de son annonce à l'E3 2018, on pouvait clairement dire que Nintendo parvenait à créer une surprise avec le jeu Daemon X Machina. Contrairement à ce que l'on pouvait croire, il s'agit bien d'une sortie mondiale et non d'un jeu réservé au marché japonais qui est absolument fan d'expérience vidéoludique mettant en scène des robots géants. Un pari osé pour cette exclusivité Nintendo Switch qui tente clairement de séduire sur le papier en faisant appel à Kenichiro Tsukuda (Armored Core) et le mecha-designer Shoji Kawamori (Macross, Vision D’escaflown...). Les premières images et vidéos pourront faire référence à d'autres productions : Gundam ou encore Zone of the Enders. Si le studio Marvelous n'aura pas de mal à séduire les joueurs japonais, il ne reste plus qu'à savoir si le reste du monde pourra tomber sous son charme...

On pouvait le craindre, malheureusement c'est une réalité, la réalisation du jeu n'est clairement pas brillante. Ce n'est pas totalement une surprise, il suffisait de se montrer curieux en découvrant la démo du jeu pour prendre conscience que sur le plan technique, le jeu se montre extrêmement modeste. Une dimension technique tellement moyenne qu'on se demande si la direction artistique est un réel choix ou la seule issue pour limiter les dégâts... Car oui le jeu fait le choix du cel-shading pour cette aventure et ça fait vraiment son petit effet. Un style apprécié par les développeurs, qui permet souvent de mieux s'en sortir sur le résultat technique du jeu. Autrement dans la mise en scène, le jeu est vraiment très bon, explosif et dynamique en plus d'une interface très chargée et dans un style qui colle à merveille avec cet univers futuriste de robots géants.

C'est très coloré avec un joli travail sur la lumière pour offrir de belles variantes dans un même décor. Ces derniers sont variés dans le style de base (décor classique : forêt, désert, neige) mais totalement vides. Le level-design est basique et l'environnement ne montre aucune richesse, on se répète mais oui c'est bien vide. Ceci dit il faut relativiser la pauvreté de ces décors puisque le concept du jeu ne nous amène pas non plus à faire de l'exploration. On enchaîne les batailles explosives, rapides et violentes. On a rarement le temps de s'offrir une pause pour admirer le décor, on ne se rend donc pas vraiment compte de ces décors légers. Par contre on n'excuse pas la faible prestation technique, surtout en faisant usage à une telle direction artistique réputée pour ne pas être exigeante en matière de ressource.

Même avec du cel-shading on arrive à obtenir un framerate instable. Celui-ci s'emballe lorsque l'action est trop importante à l'écran. On pourra faire face à de l'aliasing, du clipping, une distance d'affichage très faible ou encore divers bugs de collisions. Le jeu se montre légèrement moins pénible visuellement lorsqu'on joue en mode dock plutôt en qu'en mode portable mais la différence est mince. Même avec de la bonne volonté et très peu d'exigence, difficile d'épargner la finition du jeu. On se montre quand même rassurant, le jeu est parfaitement jouable mais techniquement il souffre de quelques défauts facilement visibles. On se rassure très vite lorsqu'on se lance dans les premières missions et que l'on prend les commandes d'un robot. C'est tout de suite fun, jouissif et nerveux. On retrouve rapidement l'esprit de ce style de jeu et des licences citées en introduction.

Les sensations sont vraiment bonnes et la prise en main très bonne. On tire en variant les formes d'attaques, on se déplace soit en glissant, soit en volant, avec ou sans boost, vous l'aurez compris difficile de s'ennuyer. C'est d'autant plus vrai que les ennemis sont nombreux ou alors redoutable dans le cas des boss qui possèdent un nombre de PV tellement énorme qu'il faudra se montrer puissant et patient pour en venir à bout. Le but est clairement de faire usage de l'intégralité de son arsenal tout en améliorant régulièrement son équipement et surtout son robot. Votre puissance d'attaque se résume à trois armes en plus d'un équipement annexe en complément. Si les armes sont un élément clé lors des batailles, les déplacements constituent aussi un point qu'il faudra maîtriser, des déplacements réguliers et vifs d'autant plus que le jeu se passe étrangement d'un système de verrouillage.

Pour un tel jeu, il faut avouer que c'est plutôt étonnant de ne pas trouver un système de lock, même basique. On aura donc simplement un affichage sous la forme d'un carré pour illustrer une cible potentielle mais au moindre mouvement de l'ennemi, il faudra se montrer attentif et rapide car vous perdez le repère. La visée est donc plus technique et moins assistée que prévue, un choix surprenant lors des premières missions mais dont on accepte avec plaisir par la suite, ceci offrant des combats plus exigeants d'autant plus que le jeu peut se montrer brouillon et illisible lors de certaines séquences. Il n'est pas rare de faire face à tout un tas d'effets visuels (explosions, éléments du décor) qui viennent faire obstacle sur notre phase d'observation de l'ennemi, le repérage est donc encore plus compliqué.

L'occasion de dire que si le jeu est jouable avec les joy-cons, il est évidemment nettement plus confortable de choisir le Pad Pro pour un tel jeu. Si la personnalisation de son robot est importante, on y reviendra, il faudra aussi parfaitement gérer les différentes jauges mises à disposition : santé, endurance, attaques spéciales (femto). Par contre si vous aviez des espérances sur la mise en place de phases d'explorations, ce sera le cas mais elles ne valent absolument pas le coup d'oeil et donnent plus l'impression de phases de transition entre deux phases d'actions, une simple question de rythme. Au niveau de la durée de vie, le jeu peut se montrer extrêmement long, riche et passionnant mais cela implique votre totale adhésion au concept. Vous voulez effectuer une bataille ? Sélectionnez un contrat à partir du terminal.

Voilà le déroulement du jeu avec un choix entre missions principales pour découvrir le scénario et des missions annexes facultatives mais intéressantes pour la progression de votre robot. Pour que ces missions secondaires soient vraiment rentables (crédits), il faudra remplir des objectifs. En matière d'objectif, si vous vous doutez que le coeur du jeu est l'élimination des ennemis, quelques variantes sont de la partie mais celles-ci sont timides : course-poursuite, protection d'un convoi, recherche d'informations... On dégage tout de même une mission et même une mécanique de jeu qui pose des questions au niveau de sa pertinence. En effet si votre robot est HS, vous n'êtes pas mort car chaque robot est géré par un pilote. Vous contrôlez donc votre pilote dans ce cas. Sauf que face à des robots géants, vous mourrez en deux minutes.

Vous verrez quelques quêtes avec des déplacements du pilote, celles-ci ne sont pas intéressantes et on aurait largement préféré un échec de la mission dès lors que le robot est détruit plutôt que de cette fausse seconde chance. Entre deux contrats, il faut prendre la peine de faire évoluer son robot (ou son mecha, libre à vous de définir le thème le plus approprié, le fond est le même). Une personnalisation poussée, intéressante et qui justifie une belle et longue durée de vie. Elle incarne d'ailleurs l'excellente rejouabilité du jeu puisque vous pourrez modifier différentes parties : tête, corps, bras, jambes... Non seulement il y a des statistiques et donc des performances pour chaque élément mais il y a aussi, une dimension cosmétique. Une customisation poussée qui sera possible après différentes approches.

Si l'on pense d'abord à l'achat dans une boutique, on pourra aussi passer par la case fabrication (en échange de quelques ressources) mais surtout, on pourra récupérer du loot sur les robots détruits, et là c'est tout de suite très addictif. Que ce soit pour des parties du corps ou des armes, il faudra fouiller sur les cadavres. Pour la partie cosmétique, on pourra récupérer des couleurs et stickers différents mais aussi miser sur des graffitis cachés dans la zone de jeu. Il faudra donc faire évoluer son style mais aussi l'équilibre du robot en matière d'attaque, de défense, de vitesse... Sur le plan offensif, le choix est large avec de nombreuses armes à feu (pistolet, fusil d'assaut, sniper), épées lasers, canon laser, lance-roquette, lance-flamme sans oublier un bon bouclier.

Si l'expérience de jeu en solo s'annonce longue et intéressante si vous appréciez le concept du jeu, il ne faut pas non plus oublier la dimension multijoueur. Avec ces boss qui sont de gros sacs à PV, rien de mieux que de relever le défi avec d'autres joueurs. Il est possible de se lancer dans des quêtes jusqu'à 4 joueurs. Comme d'autres jeux où la coopération est percutante, les jeux de rôle par exemple, et où le but est de réussir la mission pour espérer décrocher un butin qui sort de l'ordinaire. Enfin pour ceux qui souhaitent se procurer la version numérique sur l'eShop, sa taille est de 6,73Go environ.

Pour l'ambiance sonore, difficile d'être totalement sous le charme. On aura tendance à se plaindre d'une approche musicale très classique pour le genre. En effet les différentes compositions tournent autour d'un rock assez brutal pour renforcer les combats et affrontements. Ce n'est pas surprenant mais c'est clairement le genre approprié pour un tel style. Ce n'est pas mauvais mais ce n'est pas un coup de coeur non plus. Par contre on apprécie la présence des voix anglaises et surtout des voix japonaises. Le doublage est soigné, mais certains souligneront la gymnastique délicate pour ce style de jeux C'est nerveux et déjà assez brouillon en plus d'être très rapide, difficile donc de se concentrer sur la lecture des sous-titres dans certaines situations... Mais le vrai gros bémol sur l'aspect sonore du jeu, on le trouve au niveau des bruitages.

Pour un jeu aussi nerveux, violent et jouissif, on s'attendait à des bruitages qui renforce cet impact global, or ce n'est pas du tout le cas. Le bruit des armes est pauvre, classique et ne met d'ailleurs pas en valeur la puissance et la qualité visuelle des armes. Même constat pour les contacts entre robots et avec le décor, c'est trop timide et n'ajoute pas la petite touche explosive que l'on pouvait attendre dans un tel jeu. On termine en parlant du scénario du jeu. Autant on avait des attentes sur les autres aspects du jeu, autant sur l'histoire on espérait rien de plus qu'un prétexte pour mettre en scène des combats de robots...

Et finalement on est agréablement surpris par la qualité de l'écriture. Au départ, on peut facilement se perdre par cette histoire qui se montre difficile à comprendre et trop brouillonne dans les présentations des différents camps et protagonistes. On enchaîne une série de noms assez délicats à mémoriser au premier coup d'oeil. Mais une fois quelques missions effectuées et surtout une avancée suffisante du scénario, on prend du plaisir à suivre l'évolution de l'histoire jusqu'à la fin. On ne va pas lâcher de gros détails pour que chacun puisse découvrir cet univers, mais sachez qu'il est question de conflits politiques, de mercenaires mais aussi d'intelligence artificielle suite à un événement sur terre. On s'arrête là pour les brèves informations sur la partie scénaristique du jeu mais sachez qu'elle vaut le détour sans être renversante.

Daemon X Machina est une belle surprise à destination de la Nintendo Switch. On avait des attentes et si ce n'est pas le hit incontournable que l'on pouvait penser lors de son annonce, on est tout de même séduit par l'expérience de jeu. Un genre peu représenté sur la console hybride de Nintendo, cette tentative s'installe donc comme l'une des références. Pourtant, le jeu n'est pas parfait, techniquement très moyen, un gameplay perfectible ou encore une bande-son qui manque de punch dans les bruitages.

Mais ces petits défauts ne gâchent pas la direction artistique, le plaisir de jeu, son contenu solide avec une belle rejouabilité et son scénario très plaisant à suivre. Si vous aimez les jeux où des robots géants s'affrontent que ce soit avec des armes à distance ou au corps-à-corps, avec une profondeur dans la personnalisation et une dimension multijoueur, vous tenez là un titre qu'il faut découvrir.

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Graphismes : 14/20
Gameplay : 15/20
Durée de vie : 16/20
Bande-son : 14/20
Scénario : 14/20