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[Critique] Criminal Hors-série - Un été cruel

2 Août 2021 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Coin Lecture (News et Critique)

L'éditeur Delcourt continue, avec goût, de nous faire profiter du talent d'un duo qu'on ne présente plus : Ed Brubaker et Sean Philips. Après le récent et excellent Pulp, l'éditeur nous fait donc découvrir un nouveau comics de ce duo : Un été cruel. Un one-shot avec Ed Brubaker au scénario, Sean Phillips aux illustrations et l'on n'oublie pas la participation du fils, Jacob Philips, pour les couleurs. On peut donc même parler d'un trio reconduit par rapport au récit Pulp.

Forcément sur le papier, ces trois noms apportent de sérieuses garanties sur le potentiel de ce comics. Et si l'on cite Pulp parce que sa sortie est récente chez Delcourt, on pourrait parfaitement citer d'autres récits : Sale week-end, Fondu au Noir... Un été cruel (EAN : 9782413027096) est un comics qui possède 288 pages avec de belles dimensions (19.2 x 28.5 x 2.8 cm). On précise également qu'il est disponible depuis le 30 juin 2021 avec un prix de 29,95€ pour la version papier et 19,99€ pour la version numérique.

Avant d'aborder les qualités de cette édition ainsi que les éventuels bonus proposés, on va bien expliquer et situer ce comics. En effet s'il est bien question d'un one shot, il possède aussi le statut de hors-série. En effet on peut classer le comics Un été cruel comme un "Criminal Hors-série", vous l'aurez compris il se situe dans l'univers de la série Criminal, déjà piloté par le duo, qui se compose de 7 tomes. Ce n'est pas le premier "Criminal Hors-série", des titres comme Sale week-end ou encore Mes héros ont toujours été des junkies possèdent également ce statut dans l'univers Criminal. Ceci dit on peut parfaitement lire et apprécier le comics sans forcément connaître la série principale.

Autant avec le comics Pulp, on avait trouvé que le comics était court et pas très épais, autant ici l'éditeur Delcourt propose ce comics sous une forme bien plus imposante. Il suffit de voir le nombre de pages et les dimensions pour comprendre que le pavé est imposant et surtout d'une belle qualité, un comics aussi costaud à l'extérieur qu'à l'intérieur. On se répète mais l'ouvrage est particulièrement soigné avec une superbe couverture et une face arrière tout aussi percutante avec un rappel des auteurs, un résumé sans oublier la mention qui signale bien que le récit est situé dans l'univers de la série Criminal. On plonge très vite dans le récit, les premières pages ne proposent aucune contenu particulier si ce n'est une superbe illustration. 

On découvre la présence d'un prologue de quelques pages et s'enchaîne par la suite le récit. Le passage d'un chapitre à un autre se traduit par une page noire recto/verso avec, à chaque début de chapitre, une première case qui se compose du titre du chapitre abordé. Pas de bonus particulier sur le début du comics, on aurait pu penser un petit rappel de l'univers de la série ou quelques informations pour éventuellement introduire des éléments pertinents. Par contre, après la fin du récit, on découvre quelques bonus de très bon goût. On pourra profiter d'un Postface d'Ed Brubaker sur trois pages mais aussi d'une belle et longue galerie d'illustrations, une merveille pour les yeux.

On vous laisse évidemment la surprise du contenu des illustrations, elles sont en tout cas superbes avec une belle variété puisque la provenance est différente. Enfin les quatre dernières pages proposent un rappel complet de la collection Criminal. On y trouve un rappel des 7 tomes de la série régulière mais aussi des trois tomes Hors-série. Enfin une double page propose de manière efficace un rappel des œuvres de ce duo (Incognito, Kill or be killed, Pulp, Fatale, Fondu au noir...). On peut donc profiter, en plus du récit, de nombreux bonus intéressants à contempler. Il faut aussi parler de la qualité du papier et de l'impression, aucun défaut constaté avec un papier épais et agréable en main.

On va maintenant aborder l'histoire et on commence évidemment par rappeler le synopsis de ce hors-série : Au cours de l'été 1988, Teeg Lawless met au point le plus gros braquage de sa carrière. Mais Ricky, le fils de Teeg, et ses amis, s'engagent sur la même voie que leurs pères, et cela va devenir le pire été de leur vie. Un Été cruel est une épopée où la tragédie se transmet de génération en génération. Chef-d'œuvre des maîtres noirs les plus célèbres de l'industrie, Brubaker et Phillips. Un résumé court mais efficace rappelant évidemment les artistes talentueux aux commandes de ce récit. On l'a dit c'est en lien avec la série Criminal.

En effet il s'agit ici de découvrir le passé de plusieurs personnages que l'on retrouve dans la série Criminal. On le répète, pas d'inquiétude, il n'est pas indispensable de connaître la série régulière, bien au contraire. On peut parfaitement voir le récit Un été cruel comme une superbe porte d'entrée à l'univers Criminal. C'est compliqué de parler de l'histoire sans trop en dire pour laisser à chacun le plaisir de la découverte. On peut par contre insister sur la performance du travail d'écriture réalisé à cette occasion, Ed Brubaker est vraiment au sommet de son art et nous livre ici une merveille en matière de polar. C'est sombre, triste, froid avec des personnages complexes où rien n'est simple. C'est tellement un régal à la lecture qu'il suffit de quelques cases pour créer cette addiction nous poussant à poursuivre les chapitres avec un plaisir immense.

C'est fluide, agréable sans être prévisible et en suscitant diverses émotions. Forcément avec un tel polar, on développe plusieurs sentiments au fil de la lecture, et s'il y a toujours un peu de place pour le rire ou le sourire, on n'oublie jamais que l'ambiance dominante reste la tragédie. Les thématiques abordées sont nombreuses et intéressantes. On peut citer la famille (la complexité des liens), l'alcool, la violence... La mise en scène est variée et captivante, ce récit ne laisse pas de place à l'ennui. Ce n'est pas linéaire, il n'y a pas de chapitres moins inspirés, c'est cette régularité qui démontre la maîtrise de Brubaker dans son écriture. Un scénariste qui décidément ne cesse de nous séduire.

Contrairement à d'autres histoires indépendantes plus courtes à l'image de Pulp, l'auteur possède ici beaucoup plus de marges pour développer les différents personnages et régler sa mise en scène selon ses désirs sans contraintes particulières. Une liberté dans l'écriture qui contribue à cette histoire riche et passionnante avec une fin soignée et intéressante. Pour aboutir à un récit aussi addictif et captivant, il faut un scénario en béton mais également un coup de crayon aussi inspiré. En collaborant une nouvelle fois avec Sean Phillips il est clair que sur le papier, on ne pouvait que s'attendre à une totale réussite. Sans surprise, les dessins sont à la hauteur du scénario, d'où cette passion immense pour ce récit.

On l'a déjà dit, ce duo fonctionne à merveille, la preuve encore une fois avec Un été cruel. Lui aussi est au sommet de sa forme, son style colle à merveille avec les histoires proposées par Brubaker. Le découpage peut paraître au premier coup d'oeil très prudent, classique et pourtant il affiche régulièrement une organisation différente participant ainsi au très bon rythme de l'histoire. Le travail réalisé sur les personnages est vraiment impressionnant et renforce à la fois l'identité du casting et la qualité des scènes marquantes du récit.

C'est vraiment magnifique avec là encore une prestation d'un niveau régulier, il n'y a pas une page qui affiche un coup de fatigue du dessinateur, c'est d'un très haut niveau de la première à la dernière case. Un duo complémentaire qui explique ainsi cette lecture addictive, ce rythme et cette ambiance absolument folle si vous aimez les polars. Alors, on ne cesse de vanter les qualités des œuvres de ce duo mais on commet souvent l'erreur d'oublier le troisième artiste dont la participation est forte et tout aussi déterminante. Oui, on parle bien de Jacob Phillips, coloriste et fils de Sean Phillips. Pour obtenir ce résultat, il faut impérativement des couleurs cohérentes et percutantes avec le style du récit et du dessin.

Pas surprenant de découvrir des couleurs dominantes comme le noir, le bleu, le violet, le rouge mais aussi une touche d'orange. Une liste qui donne une idée de l'approche visuelle mais vous vous en doutez, le code couleur est évidemment bien plus riche, plus fin et plus complexe. Les choix sont toujours pertinents selon la scène afin, une nouvelle fois, de participer correctement au rythme de l'histoire. Un travail sans fausse note qui enfonce le clou sur cette prestation visuelle absolument magnifique. Que dire de plus si ce n'est que cette performance au niveau des couleurs est à la hauteur du récit.

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Conclusion : Un été cruel est un excellent comics. Un polar noir absolument sublime dont chaque artiste maîtrise complètement son sujet. Une association une nouvelle fois gagnante pour une histoire passionnante. On profite, du début à la fin, d'une superbe ambiance avec des personnages soignés dont la mise en valeur est parfaite en matière de dessins et de couleurs. L'édition est à la hauteur du récit avec un format idéal pour apprécier ce hors-série de l'univers Criminal. En matière de polar, on tient ici une œuvre géniale.

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