[Test] Baldur's Gate 3 (PS5)

13 Septembre 2023 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Tests PS5

Après l'excellent boulot réalisé par le studio Larian sur Divinity Original Sin et Divinity Original Sin 2, les développeurs du studio belge frappent de nouveau un très grand coup en s'attaquant au retour de Baldurs's Gate. Une licence de l'univers Donjons & Dragons qui connaît une chouette popularité. Une licence déjà brillante par le passé grâce à un autre studio de talent, celui de Bioware.

Après plusieurs années de développement et d'accès anticipé, le jeu débarque enfin en cette année 2023 sous le nom de Baldur's Gate 3. Une sortie calée début août exclusivement sur PC pour arriver un mois plus tard sur PlayStation 5 (version testée). Pas de suspense, c'est une immense réussite, d'une qualité indéniable, et qui se présente comme un sérieux candidat au titre de GOTY 2023.

Le jeu est tellement riche et passionnant qu'on est obligé de se tenir sérieusement dans les propos évoqués afin de laisser vraiment ce plaisir de la découverte. Même si on va le voir, chaque aventure semble unique et personnelle, l'expérience de jeu est vraiment renversante si l'on parcourt du contenu inédit sans connaissance du périple qui peut nous attendre. On souligne également que si l'on parle bien d'un jeu de rôle, on se trouve ici face à un RPG dans une catégorie très précise : le CRPG (Computer Role Playing Game). On est donc dans un jeu de rôle avec une liberté encore plus grande dans plusieurs registres, un genre de niche sur le marché mais comporte de nombreux fans et des communautés actives. Pour avoir une idée du concept du jeu, on peut toujours se pencher sur le jeu Divinity Original Sin 2 qui donne une idée assez claire de cette philosophie qui fait la force du studio mais ne passe pas pour être la plus accessible dans un premier temps.

On aura de toute façon l'occasion de rappeler certains aspects du jeu. On commence d'abord par faire un point sur la partie visuelle de cette version PlayStation 5. On se répète, il s'agit bien du test de la version PlayStation 5 tout en sachant que le jeu fait l'objet d'un suivi actif et sérieux, plusieurs correctifs sont déjà tombés et d'autres sont prévus. L'univers Baldur's Gate ne vous évoque peut-être rien ou très peu, l'épisode précédent commence sérieusement à remonter et ne s'étendait pas à plusieurs supports, un genre de jeu réservé à un public très précis à son époque et qui tend sérieusement à s'ouvrir grâce au talent du studio Larian, à l'image de la série Divinity. Pour Baldur's Gate, le jeu respecte un univers précis qui possède de nombreux adeptes : le jeu de rôle Donjons & Dragons. Celui-ci est le tout premier jeu de rôle sur table de genre médiéval-fantastique dont sa création remonte dans les années 1970.

On rassure les amateurs de ce jeu, les développeurs respectent de la plus belle manière cet univers en offrant une très belle direction artistique. On fait connaissance d'un univers très coloré et surprenant par sa richesse et sa variété. Les environnements sont nombreux et participent à cette forte identité qui se dégage tout au long de l'histoire. Le décor est donc séduisant à l'image du level-design très soigné et qui nous surprend même au départ pour ce style de jeu qui adopte une vue isométrique, tout en sachant qu'il existe une liberté sur le zoom de la caméra. C'est vivant avec des rencontres toujours plus dingues et charismatiques au niveau des personnages. On souligne également le bon niveau d'interaction qui accroît cette profondeur dans l'exploration et les environnements. Pour enfoncer le clou de ce superbe spectacle, le jeu propose des cinématiques sublimes dont une introduction vraiment splendide.

En plus de la performance artistique, le jeu se démarque aussi pour sa prestation technique très solide même si elle reste perfectible, autant sur PC que sur cette version PlayStation 5. Le studio fait appel au Divinity Engine, son moteur maison, avec en prime des évolutions pour l'occasion. Le rendu est vraiment excellent avec un résultat d'ensemble convaincant dans les animations ou l'éclairage par exemple. Le travail sur la lumière apporte énormément au jeu aux environnements et aux cinématiques. Il est donc logique de faire face à de multiples reprises à de jolis plans. La partie personnage à l'image du décor, progresse également avec une modélisation plus soignée et surtout des expressions plus nombreuses avec un meilleur détail. Cette nouvelle version du moteur permet donc de gagner en finesse au niveau des textures et de la modélisation tout en observant des animations encore plus nombreuses et crédibles.

Le jeu se montre donc très propre et surtout fluide dans la très grande majorité de l'aventure. On peut féliciter le studio pour la finition offerte sur un tel jeu dès sa sortie. Ceci dit, il reste encore un travail d'optimisation pour s'approcher toujours plus de la perfection. Si la fluidité est au rendez-vous certains passages du jeu souffrent encore de légers ralentissements. Le lancement du jeu se montre également un peu long par rapport à la moyenne des productions actuelles. Un temps de chargement que l'on peut accepter compte tenu du résultat visuel. Pour cette version PlayStation 5, on retrouve le choix traditionnel entre l'option graphique qualité et l'option graphique performance (affichage 1080p max). Comme pour la plupart des jeux, notre choix se porte vers le mode performance qui permet de profiter du jeu sans crainte à 60 fps ou presque.

En effet si c'est le cas pour une très grosse partie du jeu (l'histoire est découpée en actes), le dernier acte du jeu se montre moins irréprochable, c'est dans celui-ci que l'on peut tomber sur des bugs et des chutes de framerate. Les développeurs travaillent sur ce problème qui sera corrigé dans les prochaines semaines. En dehors de ce souci d'optimisation, le jeu se montre très convaincant sur PlayStation 5. Pour le gameplay, Baldur's Gate 3 peut susciter quelques craintes chez les joueurs, ce genre de jeu étant très à l'aise dans une approche PC avec un clavier et une souris, le jeu à la manette semble clairement moins efficace sur le papier. Dans la réalité c'est effectivement vrai mais le studio est parfaitement conscient de ce travail d'adaptation nécessaire et réalise une nouvelle fois un très gros travail pour rendre l'expérience de jeu la plus confortable et complète possible sur PlayStation 5.

Un résultat qui s'inscrit dans la continuité des idées mises en oeuvre sur Divinity Original Sin 2. Il faut être honnête malgré de bonnes intentions, la navigation dans les menus reste encore délicate surtout au départ, après un petit temps d'adaptation on commence à prendre le rythme mais c'est forcément moins lisible et intuitif que la version PC. Néanmoins il faut aussi avouer que les développeurs mettent tout en oeuvre avec ce jeu pour rendre le genre le plus agréable possible dans une utilisation avec la manette et très clairement c'est ce qui se fait de mieux en matière de commande et d'interface dans cette catégorie. Cela demande un effort d'adaptation mais dès que l'on commence à bien s'approprier les menus et les raccourcis, le jeu devient aussi agréable que dans une configuration PC.

L'une des forces de cette version PS5, c'est aussi d'offrir au joueur la possibilité de mettre en place une personnalisation personnelle en particulier les fameuses roulettes. On n'est pas soumis à apprendre des commandes que l'on pourrait juger peu pertinente, on définit vraiment son expérience de jeu. Au départ on juge la configuration proposée par le studio qui reste quand même très satisfaisante mais il est tout à fait possible de revoir certains choix pour encore mieux s'approprier l'interface et les commandes, la prise en main n'est donc pas si mauvaise. On peut par exemple évoquer un mode curseur ou encore une vue aérienne qui permet de définir facilement un zoom souhaité. Malgré ces efforts, on pourra toujours se plaindre et trouver certaines fonctions encore perfectibles mais c'est surtout un coup de main à prendre dans la gestion de l'inventaire, des actions et des menus des personnages.

Tant que l'on évoque la prise en main et la manette, on peut faire un point sur l'effort d'exploitation de la Dualsense. Ce n'est clairement pas le jeu le plus brillant dans ce registre mais compte tenu du genre, il y a quand même une volonté de mettre en place quelques fonctionnalités. Le pavé tactile permet par exemple de consulter la carte ou d'accéder au journal avec un appui long. La partie lumineuse est sûrement l'aspect de la manette qui profite de la plus forte utilisation avec un changement de couleur en fonction du sort utilisé. Un changement de couleur selon le type de dégâts ou la couleur du sort en sachant que dans certaines séquences importantes, non seulement la barre sera plus lumineuse mais on pourra aussi profiter dans le même temps d'un petit retour haptique. La partie lumineuse ne s'arrête pas à vos actions, la couleur va aussi s'adapter selon l'état de votre personnage.

Enfin les gâchettes adaptatives sont aussi exploitées, de manière plus modeste à notre goût, mais c'est logique compte tenu du style de jeu. On se répète mais ce genre n'est pas le plus accessible sur le marché du jeu vidéo. Cette liberté implique un investissement de la part du joueur et un temps d'adaptation. Ce n'est pas forcément de se plonger dans ce style de jeu surtout si l'on ne connaît pas forcément l'univers Donjons & Dragons même si ce n'est pas une condition pour profiter du jeu. Il faut donc envisager un démarrage un peu difficile le temps de maîtriser l'interface, les commandes mais aussi les nombreuses possibilités offertes par le jeu autant pour la partie action que la partie exploration. Dans tous les cas, votre patience sera récompensée par la maîtrise totale du genre par les développeurs.

Avant d'évoquer brièvement le système de combat, on peut d'abord parler de l'écriture en particulier de son impact sur votre aventure. Vous êtes vraiment le personnage que vous souhaitez, héros ou pas. Chaque décision possède un impact sur le jeu et pas seulement sur un dialogue, la moindre action, la moindre exploration influence l'évolution de l'aventure. Il faut bien réfléchir car les conséquences sont parfois nombreuses et importantes. Par exemple, un long repos par exemple peut avoir un impact à votre réveil selon le contexte, le temps ne se fige pas et chaque situation vise à être crédible tout en restant dans le respect de l'univers proposé. Une histoire avec des choix et conséquences, ce n'est pas nouveau dans le jeu vidéo mais on est souvent frustré du faible impact.

Dans le cas de Baldur's Gate non seulement la narration mais aussi l'évolution de votre personnage influence le cours de l'aventure au point de parfois passer à côté de nombreux contenus du jeu. Les choix sont nombreux avec parfois des surprises qui tiennent sur le long terme, c'est franchement passionnant. Forcément avec une telle approche, la notion d'amis est de la partie. On pourra recruter divers personnages et bâtir diverses formes de relations. Chaque personnage du jeu possède une histoire propre et intéressante, le casting est vraiment brillant et comme votre personnage, ceux-ci font l'objet d'une évolution au cours de l'aventure en fonction des choix réalisés. Le système de jeu est d'une puissance folle et déclenche rapidement un côté addictif qui pousse le joueur à être curieux du poids de chaque choix.

Concernant la partie combat, on se trouve face à un système de jeu au tour par tour qui peut se montrer classique dans les apparences mais qui fonctionne très bien et encore une fois dans le délire de l'univers proposé. C'est tactique, stratégique tout en conservant cette fameuse part de chance car on se trouve toujours face à un système de jets de dés. Les actions varient en fonction des lancers de dés. Ceux-ci définissent le degré de réussite, chaque action possède une amplitude d'efficacité. Un système suffisamment complexe qui met donc en valeur vos choix au niveau des caractéristiques des personnages mais aussi de votre lecture du terrain, le level-design occupe également une place importante dans la stratégie des actions en combat. Il faut bien définir son style, ses compétences tout en sachant que le jeu est d'une grande richesse en matière de sorts.

On a évoqué le pouvoir du joueur sur la narration, les combats mais il ne faut pas non plus oublier l'exploration. En effet il faut définir habilement votre parcours et parfois prendre des risques, une curiosité qui peut autant mener à des belles surprises que des ennuis. Pour apporter un peu d'intérêt dans l'exploration et l'accès à certaines zones, on pourra faire face à des petites énigmes. Le gameplay se révèle donc totalement à la hauteur et implique un peu de temps avant de prendre le recul nécessaire et le rythme de l'aventure si l'on découvre le genre. Finalement, le seul petit défaut, c'est le placement de la caméra qui peut parfois de ne pas être totalement pertinent en fonction de la zone de jeu et notamment du relief.

Nous n'avions aucune inquiétude au sujet de la durée de vie d'un tel jeu et lorsqu'on découvre cette profondeur stupéfiante, non seulement l'aventure s'annonce longue mais surtout elle dispose d'une rejouabilité sensationnelle. Le jeu est découpé en plusieurs actes sous forme de quêtes principales et secondaires (dont certaines se déroulent sur plusieurs actes) avec un vrai travail d'écriture. Pour une première partie, sans trop avoir de connaissances du genre, on peut envisager une fin de partie après 70 heures de jeu environ. Un chiffre qui reste une simple estimation puisqu'il est tout à fait possible d'obtenir un temps de jeu plus élevé cela dépend de nombreux paramètres dans votre façon de jouer. Si vous cherchez à gratter au maximum chaque pixel du jeu, la durée de vie explose, on peut facilement doubler le chiffre.

Un constat déjà excellent mais le jeu va plus loin avec une rejouabilité vraiment puissante par cette notion de choix à multiples et fortes conséquences. C'est bien simple, le studio annonce 17000 fins différentes (on parle ici de variantes). Un score renversant sur le papier mais que l'on peut facilement comprendre au bout de quelques heures, les choix sont tellement nombreux qu'à chaque décision, on découvre toujours plus de chemins et de possibilités dans le déroulement de l'aventure et l'évolution des protagonistes. Par rapport à la progression le jeu se montre très souple sur la gestion des sauvegardes. Tout au long de l'aventure, il y a des sauvegardes automatiques tout en laissant la possibilité de réaliser des sauvegardes manuelles. Il existe même une fonction sauvegarde rapide bien pratique.

Toujours au rayon de la progression mais cette fois-ci du côté des personnages. On est face à un RPG, chaque protagoniste progresse en obtenant de l'expérience en plus d'avoir les meilleurs équipements possibles selon le profil. On précise qu'au lancement le jeu comporte 12 classes, un chiffre déjà très satisfaisant en sachant que la création du personnage permet des sous-catégories donnant l'impression d'un choix plus large. On vous laisse le soin de découvrir la profondeur de la personnalisation qui permet clairement de drôles de fantaisies dans l'apparence et l'orientation du personnage en matière de classe donc mais aussi de race. Si l'on peut partir d'une feuille blanche, le jeu permet également de choisir un personnage de l'histoire. L'approche est différente puisque l'on accepte une configuration complète avec à la clé du contenu inédit en lien avec le personnage sélectionné.

Une manière supplémentaire de se relancer dans l'aventure et de mettre en lumière cette impressionnante qualité du jeu dans sa rejouabilité. Si le jeu se prête parfaitement à une expérience de jeu solo, les développeurs offrent aussi la possibilité de se plonger dans cette histoire avec des amis en coopération de 2 à 4 joueurs. Avec cette version PS5, cerise sur le gâteau, on peut même envisager de jouer à 2 sur le même écran. Un mode écran partagé très bien géré par la console sur le plan technique. Enfin toujours à propos du contenu, on souligne l'excellente approche du studio sur son modèle économique. Aucune faute de goût puisque le jeu ne cherche pas à mettre en oeuvre un season pass ou une boutique en ligne avec une monnaie spécifique, c'est vraiment appréciable de nos jours.

Jusqu'ici nous n'avons pas parlé de l'environnement sonore du jeu. Un aspect aussi séduisant que le reste du jeu, preuve une nouvelle fois de la finition globale du titre. Le jeu propose déjà de très belles musiques qui renforcent l'univers du jeu autant dans les cinématiques que dans les autres séquences du jeu. L'ambiance du jeu lors des phases d'actions est aussi agréable que les phases d'explorations. Cette OST apporte cette touche supplémentaire qui sublime le style du jeu, c'est un vrai régal pour les oreilles. Pour les doublages, la prestation est également impressionnante, les voix proposées sont nombreuses, variées et donnent une force supplémentaire à l'ensemble du jeu. On peut juste regretter l'absence de doublages français, mais quand on découvre cette qualité de la VO, on s'en contente avec joie.

On termine cette folle et délicieuse expérience en touchant quelques mots au sujet du scénario. On va vraiment en dire le moins possible, si ce n'est pas du tout. C'est le genre d'histoire que l'on doit découvrir avec la plus grande surprise. On fait la connaissance d'un monde captivant avec forcément de nombreuses rencontres. Les quêtes sont nombreuses avec différents enjeux et une mise en scène maîtrisée. Une fois encore, le studio affiche une maîtrise totale de son histoire, l'écriture est soignée et d'une richesse impressionnante. La notion de choix et la grande liberté offerte au joueur n'affectent pas du tout la qualité de l'écriture ou sa profondeur.

Le développement des personnages et celui du monde de Baldur's Gate 3 sont à la hauteur des attentes. Le fil conducteur peut sembler simple pour lancer l'histoire mais son rôle affiche la meilleure justesse possible pour le bon déroulement du jeu tout en respectant le concept des choix multiples avec d'importantes conséquences. C'est donc au joueur de donner cette puissance à l'histoire en fonction de vos envies, on peut mettre en oeuvre de nombreux délires, ce n'est pas seulement la question d'être un héros ou un méchant dans un univers Heroic-Fantasy.

Baldur's Gate 3 est une perle dans sa catégorie et démontre en 2023 que l'on peut réussir à proposer un jeu vidéo maîtrisé et équilibré. Au départ, surtout si l'on ne connaît pas le genre, cela demande un effort pour s'investir et un peu de patience avant de prendre le rythme et de comprendre l'énorme potentiel du jeu. C'est très joli, techniquement stable, avec une superbe bande-son et un contenu solide. Le titre reste évidemment perfectible avec quelques bugs et une dernière partie de jeu un peu moins stable et optimisée mais des correctifs sont tombées durant l'écriture de ces lignes et d'autres arrivent très prochainement. Pas de doute, c'est très clairement un hit, un prétendant au titre de jeu de l'année et l'une des plus belles surprises de 2023.

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Graphismes : 17/20
Gameplay : 18/20
Durée de vie : 19/20
Bande-son : 17/20
Scénario : 18/20