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[Test] Skull and Bones

24 Février 2024 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Tests PS5

skull and bones

L'attente était longue, interminable même, mais cette fois-ci c'est la bonne, le jeu Skull and Bones est enfin disponible. On commençait sérieusement à avoir des doutes après de nombreuses années de développement et de multiples reports. Ce jeu qui mise sur les bateaux et l'univers des pirates est donc disponible depuis le 16 février 2024 sur PlayStation 5 (version testée), Xbox Series et PC.

Depuis son annonce, la licence possède une aventure très compliquée qui, comme d'habitude avec ce profil, laisse craindre le pire sur le résultat final. Un titre qui affiche néanmoins plein de promesses, sur le papier, accentuées par les récentes communications d'Ubisoft. Est-ce qu'on se tient réellement devant une aventure maritime qui vaut vraiment le détour ou au contraire face à un naufrage que l'on redoute depuis quelques mois ?

skull and bones

Il faut bien l'avouer, le jeu était attendu malgré des retours pas spécialement convaincants lors des versions bêta ou encore à travers la communication de l'éditeur. Derrière ce projet se cache la surprise des batailles navales découvertes lors d'Assassin's Creed III pour ensuite amener la série vers un épisode dont le coeur du jeu était justement les batailles navales : Assassin's Creed Black Flag. Le concept et l'univers de la piraterie possèdent clairement son public et suscitent l'engouement auprès d'une partie des joueurs lors de ses différentes tentatives dans l'univers Assassin's Creed. Sans surprise, l'éditeur continue sur cette voie mais cette fois-ci à travers une licence inédite. Il est donc tout à fait naturel de régulièrement comparer cette nouvelle production avec la formule proposée par Assassin's Creed Black Flag même si les deux jeux ne partagent pas la même approche concernant l'expérience de jeu.

Skull and Bones nous plonge au coeur de l'océan indien au 18ième siècle dans une période où les pirates occupent les mers en quête de trésors. Le travail artistique est plutôt convaincant de la part des développeurs en mettant en place un style visuel qui s'efforce de mettre en valeur les clichés du genre tout en apportant une touche personnelle. Cette dernière est cependant insuffisante, il y a un léger manque d'inspirations, d'originalité, Ubisoft a proposé des productions plus inspirées et rafraîchissantes. Ce n'est pas mauvais pour autant avec un joli travail sur les différents lieux (Saint-Anne par exemple) mais aussi les protagonistes de l'histoire ou encore les navires. La vraie force du jeu réside surtout dans son ambiance qui colle bien à l'univers des pirates et qui parvient à renforcer l'immersion du joueur lors de certaines séquences, on joue le rôle à fond du capitaine de son navire en remplissant les missions et en suivant les objectifs. 

Forcément, on s'en doutait un peu, les batailles navales font l'objet d'un soin particulier et s'il y a tout de même une certaine frustration dans la mise en scène de celle-ci (on y reviendra en abordant le gameplay), il faut avouer que le rendu est vraiment sympathique avec la mise en place de cinématiques et surtout une caméra dynamique qui renforce un peu plus l'action. On espérait une empreinte visuelle encore plus forte d'une manière générale mais la prestation artistique reste tout de même assez satisfaisante, on retient surtout cette bonne ambiance pour la majeure partie des avant-postes. Le coup de coeur n'est que partielle sur la patte visuelle, le rendu global ne provoque pas un effet aussi important, peut-être que la partie technique explique ce sentiment mitigé.

skull and bones

En effet si la direction artistique possède tout de même un peu de charme, c'est surtout la partie technique qui ne provoque la claque espérée. L'éditeur annonce une grosse production avec des ambitions et le résultat peine à convaincre au point même de dire qu'à son époque Assassin's Creed Black Flag offrait une plus belle surprise sur sa réalisation et notamment sur l'eau. Le moteur graphique affiche ici un résultat un peu particulier. Les textures et les couleurs donnent une combinaison un peu spéciale à l'univers du jeu et ses décors. Ce rendu très réaliste ou du moins pas comme on pouvait l'imaginer, c'est difficile à expliquer mais il y a cette sensation de faire face à des filtres pouvant donner cette apparence parfois un peu spécial.

Le compromis technique est donc un peu particulier et possède certainement un lien avec le développement compliqué de cette production. Il faut être honnête c'est loin d'être renversant, on est vraiment sur une réalisation dans la moyenne actuelle, voir presque légèrement en retard, la magie n'opère pas spécialement. La finition n'est d'ailleurs pas non plus exemplaire avec de nombreux bugs dès sa sortie, on ne doute pas que des correctifs vont rendre l'ensemble plus propre mais compte tenu des reports, on espérait découvrir un jeu plus propre dans son état. Comme la plupart des productions sur la nouvelle génération, vous avez le choix en privilégiant soit la qualité de l'image, soit la performance.

En qualité, le framerate est à 30 fps avec quelques ralentissements mais l'image est plus belle avec des effets de lumière plus percutants. En mode performance, c'est vraiment stable avec du 60 fps mais forcément on a ce compromis visuel et donc cette apparence générale assez moyenne sans être mauvaise. On a évoqué les textures mais ce sentiment mitigé se retrouve aussi dans la modélisation et les animations de l'univers du jeu. Parfois c'est flatteur et agréable à l'oeil au niveau des personnages ou de certains environnements mais le rendu de l'eau n'est, par exemple, pas le meilleur que l'on a pu voir sur ces dernières années, dommage pour un tel jeu. 

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Ce petit goût de déception, on va malheureusement le ressentir dans la plupart des aspects du jeu. On se répète et on va sûrement le redire à plusieurs reprises mais on a le sentiment qu'il y a un potentiel dans ce concept et que les développeurs semblaient détenir une formule mais ce qui pose problème c'est la mise en scène et la concrétisation de toutes ces idées. Du coup on ne saisit pas vraiment l'approche et s'il y a des mécaniques évidentes, on est surpris de voir cette faible évolution pour ne pas dire régression après autant d'années par rapport à la sortie d'Assassin's Creed Black Flag. Skull and Bones offre donc au joueur une expérience de jeu multijoueur qui se situe du côté de l'action-aventure avec pour thème principal la piraterie.

Jusqu'ici c'est à peu près clair même si très rapidement on va se rendre compte que cette orientation va se montrer encore plus précise et du coup un peu rigide et répétitive puisque le jeu se concentre essentiellement sur les fameuses batailles navales. Il faut en tirer une conclusion, le jeu mise d'abord sur l'action, la part d'aventure et donc d'exploration va avoir le droit à un petit traitement qui va rapidement se montrer décevant et ridicule. Du coup mieux vaut donc aborder ce jeu en écartant la partie aventure et les balades en mer sans nécessaire réaliser des batailles, le principe du jeu, c'est d'enchaîner les affrontements entre navires sans vraiment la finesse que l'on pouvait espérer. Le bateau, c'est l'élément principal et on pourrait dire que c'est le hub, le menu principal, étant donné qu'il est l'élément central.

Alors il sera possible de visiter quelques villes et avant-postes mais cette exploration n'apporte rien et ne fait qu'accentuer notre frustration face aux limites du gameplay dans ce registre. Vous pouvez réaliser des petites promenades et lancer des discussions mais ça s'arrête à ce stade au niveau des mécaniques lorsqu'on est en dehors du bateau, et cette limite est de notre point de vue trop pénalisante pour espérer séduire à travers une aventure complète, pas seulement des combats en bateau. Pourquoi ne pas mettre en place de l'action lorsqu'on se situe à terre avec une vue à la troisième personne ? C'est évident que le développement plus long et délicat mais le résultat n'est plus le même non plus. Un retour en arrière qui se démontre aussi par l'impossibilité de nager, dans un tel jeu, c'est quand même un peu particulier.

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Le jeu mise sur la mer et affiche ainsi un vrai déséquilibre entre les faces de jeu en plus de mettre en avant un côté dirigiste qui ne fait rien pour arranger notre point de vue. C'est quand même une nouvelle fois frustrant de se contenter d'une cinématique pour finaliser l'abordage. Dès que l'essentiel est fait, vous basculez en mode cinématique, alors oui le petit côté spectacle fonctionne bien mais on est trop rapidement spectateur d'une séquence qui pouvait justement apporter un peu de variété. Visiblement, le jeu met tout en oeuvre pour que le joueur se contente de piloter le bateau et de couler les navires sur son chemin. Autant dire que le jeu est rapidement répétitif. Attention il ne faut pas trop être sévère non plus car s'il est effectivement trop limité à notre goût, le gameplay affiche des qualités dans le registre des batailles navales. 

On note déjà une prise en main qui n'est pas trop mauvaise et se rapproche fortement de ce que l'on pouvait découvrir dans Assassin’s Creed Black Flag. C'est valable pour les commandes mais pour les sensations, elles sont ici meilleures et plus réalistes. Le poids du bateau et l'exigence des manoeuvres gagnent en crédibilité et en technique sans basculer totalement dans la simulation, les développeurs parviennent à un très bon équilibre dans la gestion du navire. Il faudra se montrer réactif, précis et surtout bien tenir compte de l'endurance. Pour la partie offensive, en dehors d'afficher un niveau de puissance suffisant, il faut surtout faire preuve de précision. Il faut bien observer les navires ennemis et trouver les bonnes trajectoires dans le bon rythme pour prendre une grosse option sur la victoire.

Les sensations sont donc meilleures sans être pour autant trop techniques, par rapport à la série Assassin's Creed, Skull and Bones cherche d'abord un bon compromis sans forcément reconduire le principe à l'identique, même si certains joueurs estimeront que les deux jeux sont quand même trop proches. On ne peut pas nier que les combats sont jouissifs et que ces batailles navales sont donc une réussite même si elles restent perfectibles. Les développeurs tentent de mettre en place au mieux les ingrédients attendus pour ce type d'expérience de jeu à l'image de la progression du navire ou encore de l'aspect loot qui va se montrer simpliste et répétitif, on est loin d'une expérience originale et inédite.

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Au niveau du contenu, malgré son statut de jeu service, celui-ci propose une campagne principale plutôt généreuse avec une aventure qui se boucle entre 20 et 30 heures selon votre façon de jouer. Ce n'est qu'à la fin de cette campagne que le endgame se met en place et apporte une dimension supplémentaire au jeu qui va sûrement plaire et surtout rassurer une partie des joueurs même si l'on va vite constater que malgré quelques efforts dans le contenu cela reste assez timide, on espère vraiment un suivi sérieux et surprenant dans les prochains mois pour enrichir au maximum le jeu. Avant de se pencher sur certains aspects du contenu et la notion de multijoueur, on peut déjà revenir un peu sur cette campagne principale dont l'écriture est quasiment inexistante puisque le but c'est d'être le roi des pirates en quelque sorte, le jeu l'évoque sous le nom de kingpin.

Même si cela reste facile et basique, c'est crédible et ce n'est pas vraiment le problème de cette campagne. On va vite découvrir que les développeurs ne sont pas inspirés pour rendre l'aventure variée, surprenante et surtout rafraîchissante. C'est très rapidement répétitif avec des missions qui implique de partir d'un point précis et se rendre à un autre point ou encore vaincre un navire, récolter des ressources... Des objectifs très classiques et en nombre finalement assez limité. Il y a bien une ou deux conditions qui sortent du lot mais globalement c'est léger et loin d'être original. On trouve aussi des missions pour certains personnages des avant-postes comme le forgeron ou encore le menuisier, mais là encore c'est répétitif. Avec un tel univers, on pouvait espérer une surprise du côté du concept de la chasse aux trésors mais même pour ce genre d'activité, heureusement bien présente, c'est vraiment basique.

Une lecture de la carte qui indique le point où l'on doit se rendre sans difficulté spécifique dans l'orientation ou le trajet. Dans ce registre de la chasse aux trésors, et sans parler de l'épisode Black Flag, la série Assassin's Creed se montre par exemple nettement plus original et passionnante. Il manque le côté mystérieux, l'aspect énigme, le plaisir d'une chasse exigeante ou encore les éventuelles surprises durant cette exploration. La preuve, une nouvelle fois, que le jeu écarte complètement le côté aventurier et donc une exploration limitée. Sans surprise avec son modèle économique et son statut global, le jeu mise beaucoup sur la personnalisation à la fois du personnage mais surtout du bateau. Des modifications que l'on réalise dans les différentes zones où l'on trouve les personnages secondaires qui font office de boutique et d'artisans.

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La personnalisation est suffisamment poussée au lancement, avec une bonne dose de cosmétique, pour donner de l'intérêt au loot. Cette personnalisation n'est pas que visuel puisqu'il cela permet de répondre au challenge et à la difficulté croissante en fonction des niveaux, les modifications participent à la progression globale du joueur. Au lancement il existe plusieurs navires avec un total de 3 classes différentes et plusieurs types d'armes. Nul doute que la sélection sera encore plus large et variée dans les prochains mois. Cette progression est indispensable mais elle va aussi montrer la lourdeur et la répétitivité du jeu. Les ressources nécessaires pour faire évoluer son navire sont souvent délicates à obtenir avec de nombreux déplacements qui rendent l'exercice un peu pénible sur le long terme. On apprécie cette modification de l'arsenal avec plusieurs emplacements prévus pour les armes.

L'aspect jeu service ressort évidemment avec la personnalisation cosmétique du navire sous différentes formes (coque, voile, décor, plaque...). Une boutique est donc présente sans être vraiment envahissante, le jeu ne force pas la main et ne dirige pas de manière lourde le joueur vers cette boutique, même si le modèle est toujours discutable, il reste ici plutôt correct pour le moment. On rappelle bien que ce contenu dans la boutique n'est pas indispensable pour profiter pleinement du jeu et pour faire évoluer en puissance le navire. Il s'agit bien de se démarquer sur le plan visuel par des éléments cosmétiques spécifiques. Concernant la dimension multijoueur, la première précision pas spécialement emballante, c'est la présence d'une connexion internet obligatoire. Ce n'est pas le premier titre de l'éditeur a adopté cette approche, mais c'est toujours discutable.

On souligne aussi que le lancement du jeu est synonyme de quelques bugs mais avec un code réseau tout de même plus stable que d'autres jeux service où le lancement était plus compliqué dans ce registre. Skull and Bones vous permet de jouer en coopération mais aussi d'affronter d'autres joueurs. On peut aussi parfaitement se satisfaire d'une expérience en solo, c'est à vous de voir. Par rapport à la coopération, le jeu permet de jouer jusqu'à 3 joueurs pour accomplir diverses tâches. Par rapport à la nature du jeu et son contexte, la coopération n'est pas une évidence mais l'idée reste tout de même intéressante. Cette coopération ne fonctionne que si l'on connaît les autres joueurs ou que l'on tombe sur des joueurs qui partagent des objectifs communs ainsi qu'un niveau similaire. Cette proposition multijoueur est intéressante sans être vraiment incontournable.

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Par rapport maintenant au PvP, cette formule est de notre point de vue plus intéressante et fun mais là encore, ce sentiment n'est valable qu'à certaines conditions dont la plus importante est de terminer la campagne principale et de se trouver à découvrir la partie endgame. En effet le jeu prend une autre dimension après la campagne où le but principal est de se constituer un empire en gérant du commerce de diverses marchandises. C'est intéressant et cela va mettre en scène des pillages et conflits avec d'autres joueurs vis-à-vis de la collecte des marchandises. C'est peut-être classique et basique sur le papier mais cette expérience multijoueur est la plus intéressante à ce jour et se montre plus cohérente avec l'univers proposé.

On précise d'ailleurs qu'un serveur peut accueillir jusqu'à 20 joueurs. Sur la carte, on pourra également trouver des événements mondiaux pour animer la partie multijoueur. Là encore, le contenu est assez simple mais cela permet de poser les bases d'un aspect multijoueur qui ne demande qu'à s'enrichir au fil des mois. On peut donc relever quelques efforts intéressants de la part des développeurs pour offrir un contenu satisfaisant à sa sortie. Néanmoins lorsqu'on revient à son temps de développement et surtout lorsqu'on observe son prix de vente (79,99€), c'est quand même difficile de ne pas cacher sa déception ou au moins sa frustration.

skull and bones

L'ambiance sonore est souvent soignée dans les productions d'Ubisoft, Skull and Bones le prouve une fois encore avec un travail convaincant sur la bande-son. Les musiques sont suffisamment nombreuses, variées et percutantes pour apporter un peu de force à l'univers du jeu. Un soin qui fait son effet même si l'on aurait apprécié un rendu encore plus marquant et épique. Un résultat satisfaisant et immersif que l'on retrouve aussi à travers les bruitages et les doublages. La partie sonore est certainement l'un des meilleurs aspects du jeu, sans fausse note.

On termine avec le scénario qui lui ne se montre pas spécialement renversant. Il faut l'avouer, on est déçu du travail d'écriture, très simpliste au point de n'être qu'un prétexte pour plonger le joueur dans le monde proposé. On espérait découvrir un casting charismatique, un environnement marquant et une histoire forte, qu'importe son degré de fantastique. Là, c'est basique, il faut être le plus grand capitaine de l'océan indien, un rang que l'on va tenter d'obtenir petit à petit en obtenant la confiance de certains personnages et en naviguant vers les différents avant-postes. Cette histoire manque cruellement d'inspiration, de folie, de magie et de séquences marquantes. 

skull and bones

Skull and Bones n'est pas la pépite espérée dans l'univers de la piraterie. Ce n'est pas un échec total, il y a de bonnes intentions, quelques bonnes idées et un peu de plaisir. Malheureusement le jeu se montre trop moyen, classique et limité dans la plupart de ses aspects. La trame principale est décevante pour ne pas dire inexistante, le visuel est correct sans coup d'éclat et le gameplay est agréable à prendre en main, mais se montre très limité. L'expérience de jeu est donc frustrante avec un contenu juste correct et vite répétitif. Un titre qui mérite tout de même le coup d'oeil si vous cherchez absolument une aventure avec des batailles navales sans forcément en vouloir plus.

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Graphismes : 13/20
Gameplay : 13/20
Durée de vie : 13/20
Bande-son : 15/20
Scénario : 11/20

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Note globale : 13/20

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