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Outward

21 Avril 2019 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Tests PS4

La catégorie RPG ne cesse de grandir avec toujours plus de licences surprenantes et passionnantes. Si certaines se montrent séduisantes par la dimension visuelle, la patte artistique ou encore la partie scénaristique, d'autres tentent un autre terrain. En effet certaines licences misent sur une difficulté supérieure à la moyenne ou encore des mécaniques de jeu originales. Les développeurs l'ont bien compris, il faut se démarquer et acquérir une identité.

Nine Dots Studio, une petite équipe de développeurs dont les moyens sont limités, nous proposent le RPG Outward en ce début d'année 2019 (le 26 mars 2019 pour être précis). On va vite comprendre qu'il faudra accepter certains choix des développeurs pour profiter pleinement de l'aventure qui ne manque pas de surprendre sur de nombreux points. Un monde ouvert qui mélange des genres pour le meilleur.... et pour le pire ?

Si vous êtes un joueur qui accorde de l'importance à la dimension technique d'un RPG, même un minimum, dans ce cas vous pouvez quitter ce test, la suite va fortement vous déplaire. Si au contraire, vous misez sur un gameplay original, le meilleur est à venir mais avant d'aborder les belles idées de ce jeu, on ne peut pas mentir : le jeu est techniquement daté. Et franchement c'est peu dire lorsqu'on fait face à cette réalisation d'un autre âge dont on estime qu'elle vaut une production de 2009 environ, guère mieux. La partie création du personnage devient logiquement pathétique, l'interface est d'une autre époque et souffre de maladresses, l'univers comporte des bugs en nombre, parfois inoffensif, parfois méchant. Les textures sont vilaines, la modélisation est largement perfectible, les animations sont rigides, la fluidité est douteuse, des crashs sont possibles...

Oui on peut le dire, l'expérience de jeu réserve des surprises en matière de problèmes techniques. on peut tout de même espérer quelques progrès avec l'arrivée de futurs patchs mais le jeu part de très loin sur ce point, il n'y aura pas de miracle même après un excellent suivi des développeurs. Heureusement derrière cette technique d'un autre temps et cette ergonomie largement perfectible, on se rassure un peu avec la direction artistique du jeu qui se montre plus ou moins convaincantes dans l'ensemble.

On souligne surtout la variété des décors (neige, désert, villes et villages, plaines, zones rocheuses...) et une conception globale qui contient quelques bonnes inspirations, mais cela reste encore irrégulier lorsqu'on prend du recul sur la conception globale de l'univers du jeu. Le jeu souffre cruellement d'un manque de charisme, d'identité sur le plan visuel, et ça peut devenir une barrière pour de nombreux joueurs dont les attentes sont nombreuses pour éviter un RPG ou MMORPG très générique et classique dans sa mise en scène. L'immersion sera très délicate avec un tel résultat mais il faut savoir creuser et passer outre son aspect esthétique pour découvrir que le jeu dispose tout de même de quelques atouts qui méritent le détour.

En effet si l'on a bien compris que le jeu ne mise pas du tout sur son charme visuel, son concept propose des ingrédients particulièrement séduisants pour ceux qui sont en quête d'un système original et exigeant. Parfois on aurait presque cette envie de faire mention d'une production de From Software (Dark Souls ou le plus récent Sekiro) pour démontrer clairement l'exigence que peut avoir l'aventure sur certains aspects, notamment dans sa dimension survie. Alors plutôt que de faire un rappel des mécaniques classiques du genre, on va clairement appuyer le test sur les vraies différences, et percutantes mécaniques, par rapport à d'autres productions du même genre. Le jeu assume son côté survie, ce qui a pour conséquence de mettre en avant une gestion indispensable de son personnage pour espérer parcourir le jeu tranquillement. Il va donc veiller à bien boire, manger et se reposer.

Attention, même dans votre sommeil vous pouvez subir des embuscades, il faut être méfiant et savoir où l'on se trouve sinon les mauvaises surprises débarquent pour un résultat catastrophique. La durabilité de l'équipement est évidemment de la partie. La notion de craft est omniprésente avec tout un tas de recettes, sur ce point c'est classique, on souligne surtout la richesse. Pour revenir à la survie, il faut aussi s'attendre à tomber malade. En effet, vous pouvez subir des infections, des grosses fatigues, des hémorragies et vous êtes sensible à la température, méfiance donc aux conditions extrêmes que ce soit le chaud ou le froid. Il faut donc maîtriser son environnement et être bien équipé ou réaliser les soins nécessaires. Justement, en matière d'inventaire, on dispose d'un sac à dos dont la capacité est limitée, la notion de poids est également présente puisque plus c'est gros et plus il y a de la place mais au détriment de la mobilité. Ainsi vous êtes plus lent dans vos actions lors des combats... 

Mais là encore pas d'inquiétude. Pour avoir une chance de vaincre le ou les ennemis qui font face à vous, vous avez la possibilité de déposer au sol votre sac à dos. Celui-ci ne bouge pas et patiente en attendant votre retour qu'il soit long ou court suivant le résultat de la scène d'action. Evidemment qu'il est possible de mourir mais là encore, c'est original. Le jeu mise plutôt sur une séquence d'échec en guise de mort. Cela veut donc dire que vous disposez d'un scénario qui n'est pas vraiment une mort de votre personnage mais un événement délicat : sauver par une personne, traîner dans une grotte par un animal, capturer par des bandits. Ainsi selon la séquence que vous subissez, il faudra faire un effort pour retrouver sa liberté. La transition idéale pour parler de cette liberté d'exploration, d'action et ce sentiment de n'avoir aucune assistance particulière.

Vous êtes libre du déroulement de l'histoire, chaque action comporte des conséquences réelles, sans pouvoir feinter le jeu par une sauvegarde anticipée afin de savoir si ce choix est intéressant ou pas, il faudra assumer jusqu'à la fin, ce qui présente du coup une excellente rejouabilité. On est également obligé de parler d'un aspect qui renforce considérablement l'immersion du joueur : la carte du jeu. S'il y a bien une carte, celle-ci est complètement brute dans son approche. Aucune assistance de repérage, pas le moindre GPS, uniquement de la lecture de carte, de l'orientation et de l'observation. Cela peut paraître un détail mais c'est vraiment un ingrédient intéressant dans l'optique d'un petit côté simulation de survie. Du côté des points négatifs, il faudra accepter une IA qui n'est pas vraiment au point malgré un bon challenge. 

Avec un tel style et surtout une telle orientation dans la survie et le jeu de rôle, la durée de vie ne peut être que très encourageante. Qu'importe votre façon de jouer, cela se traduit par plusieurs dizaines d'heures avant de voir la fin de cette aventure. Mais ce qui est rassurant, c'est ce potentiel énorme en matière de rejouabilité. Avec la présence de factions et la richesse du contenu et des choix à faire tout au long de l'aventure, on est tenté de refaire encore et encore l'histoire pour découvrir le jeu sous différents angles. Ce côté addictif ne fonctionne évidemment que si vous adhérez au concept du jeu et que surtout vous parvenez à passer outre les problèmes techniques et la prestation visuelle d'une autre époque. Si l'expérience solo est amusante avec un challenge au rendez-vous, le jeu possède l'excellente idée de mettre en place une possible coopération.

Une initiative encore plus savoureuse dans la mesure où il est possible de jouer en local en écran partagé. C'est clairement un très gros point positif lorsqu'on connaît la disparition petit à petit du multijoueur local dans les productions de ces dernières années. C'est même surprenant pour un tel jeu, si un multijoueur en ligne pouvait sembler prévisible, la présence de l'écran partagé est vraiment une belle surprise. C'est aussi une bonne manière de se replonger dans l'aventure à l'image des trophées/succès (sur la version PlayStation 4 testée, on compte 45 trophées dont un trophée platine). Pour le reste, on sera discret sur les éléments du jeu afin de conserver un peu de surprise mais n'ayez crainte le contenu est solide : magie, types d'armes... 

Au niveau de la bande-son, Outward ne se montre guère convaincant. Si les musiques sont plutôt sympathiques, elles sont peu nombreuses et donc très répétitives. Mais le vrai problème se situe du côté des doublages qui eux ne sont pas du tout à la hauteur. Non seulement les doublages concernent une partie des dialogues du jeu mais surtout, les voix françaises ne sont pas franchement séduisantes. Un constat négatif qui pointe du doigt des problèmes dans le ton des voix mais également dans la qualité du mixage sonore. Alors on apprécie tout de même l'effort d'offrir un doublage français mais le résultat pourra logiquement décevoir.

Enfin concernant l'histoire, on vous laisse le soin découvrir le travail d'écriture sans la moindre information. L'introduction est plutôt basique et permet d'amener correctement le joueur dans l'aventure avec le sentiment de partir de zéro et de se plonger très vite dans cette survie qui résonne comme la composante majeure du jeu. Si le scénario ne sera le plus pétillant du marché, la part importante de liberté et surtout cette vraie notion de choix avec de réelles conséquences permettent vraiment de captiver le joueur l'obligeant ainsi à être attentif et prendre du recul sur chaque dialogue.

Outward est un jeu dont il est très délicat de faire un bilan et d'en parler de manière objective. C'est bien un RPG orienté survie avec un challenge intéressant, des mécaniques originales mais aussi une dimension technique et artistique complètement dépassée. Alors oui on va entendre le discours habituel, c'est un petit studio avec de petits moyens... Oui ceci permet d'expliquer le résultat mais nullement de l'excuser. Est-ce que pour autant il faut condamner le jeu ? Non loin de là.

C'est même intéressant dans un sens puisque cela démontre les priorités des joueurs face à un RPG où le marché est dense. L'expérience de jeu vaut clairement le coup d'oeil pour partir à l'aventure seul ou à plusieurs (coop local au menu). Par contre si vous appréciez un minimum de soin pour la réalisation d'un jeu, il est probable que vous ayez quelques difficultés à prendre du plaisir... Mieux vaut donc savoir où l'on met les pieds car c'est clairement un jeu différent de ce que l'on a l'habitude de découvrir.

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Graphismes : 9/20
Gameplay : 16/20
Durée de vie : 15/20
Bande-son : 12/20
Scénario : 12/20

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Note globale : 14/20

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