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[Test] Ghost of Tsushima

26 Juillet 2020 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Tests PS4

Cette année 2020 est une année de transition en matière de jeux vidéo avec l'arrivée de la nouvelle génération de consoles. En attendant de voir débarquer la PlayStation 5, Sony propose aux joueurs une dernière vague particulièrement riche en matière d d'exclusivité. Après l'excellent The Last of Us Part II en juin dernier, c'est au tour de la nouvelle production de Sucker Punch de pointer le bout de son nez. On parle bien évidemment du jeu qui s'intitule Ghost of Tsushima et dont la communication n'a cessé d'être rassurante depuis son annonce. Il est temps désormais de vérifier ces belles impressions pour savoir si le studio confirme son talent après le succès des licences Sly Cooper et Infamous. Un été brillant pour la PlayStation 4 ?

Comme à chaque fois face à ce type de production, nous allons tenter d'en parler le mieux possible tout en laissant au joueur un effet de surprise intact. On va donc se montrer relativement prudent dans les mécaniques de jeu et le monde proposé dans cette aventure qui vaut clairement le détour ça ne fait aucun doute. Il n'y aura aucun spoil, juste quelques détails plus ou moins connus par l'intermédiaire de sa promotion et communication depuis l'annonce de son développement. L'aventure nous plonge au coeur du Japon féodal, où les Mongols tentent de conquérir les lieux. Le joueur incarne un samouraï nommé Jin Sakai en opposition aux envahisseurs sur l’île de Tsushima. On va très rapidement découvrir une petite merveille de ce monde. Cette zone de jeu est divisée en plusieurs régions importantes où l'on trouve une diversité propre pour chaque zone.

Une nature dominante et ravissante qui donne le ton très rapidement du jeu sur sa force : sa direction artistique. Comment ne pas être sous le charme de ce japon malgré le conflit en cours. Une nature séduisante pour une île d'une richesse folle qui illumine chaque regard malgré quelques tâches, pas gênantes, que l'on mentionnera un peu plus tard. Il se dégage une beauté et une fraîcheur qui mènent le jeu directement dans la courte liste de ces titres actuels capables d'offrir un travail artistique qui sort de l'ordinaire, cette fois-ci c'est sûr ce studio Sucker Punch respire le talent pour le plus grand plaisir des joueurs. Des paysages colorés, variés avec un travail sur la lumière qui enfonce le clou pour afficher un haut niveau de séduction. Certains plans sortent de l'ordinaire, certaines séquences sont marquantes, oui le voyage est total. 

Une variété et une douceur qui peuvent vite basculer vers de la violence et même du gore avec des affrontements tranchants. Des têtes coupées, des villages brûlés et une faune (un peu pauvre à notre goût) apeurée. Vous l'aurez compris, artistiquement parlant le jeu se montre particulièrement costaud et surprenant. On avait rarement vu un jeu capable de traiter une guerre avec autant de couleurs, de beauté et de légèreté sans pour autant sombre dans une censure grossière loin de là. C'est sûrement anecdotique pour un grand nombre de joueurs mais les développeurs poussent les références et la démarche artistique jusqu'à l'intégration d'un filtre spécial qui permet de jouer au jeu en noir et blanc, une référence notamment à Akira Kurosawa un grand cinéaste japonais. Visuellement, on peut aussi souligner la présence du vent comme repère du chemin à suivre mais aussi une certaine verticalité qui permet d'apprécier l'environnement et dans un but d'observation et d'action selon le contexte.

On pouvait craindre une série de champs et de plaines verdoyantes, au final l'île est beaucoup plus complexe, intelligente et intéressante dans sa construction. Sur le plan technique, le jeu se montre également très séduisant même si quelques petites faiblesses dans la finition sont perceptibles. Ce n'est pas étonnant, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un monde ouvert, une approche qui implique souvent un vrai défi pour proposer une expérience de jeu sans faille. On pourra donc noter parfois quelques textures moins convaincantes, des animations qui manquent de souplesses ou encore des expressions du visages parfois un peu pauvres. D'ailleurs si le jeu possède un véritable charismatique par son univers et sa construction, il affiche un charisme bien moindre en matière de personnage et notamment notre héros. Ce dernier est sauvé par un certain niveau de personnalisation mais de base il n'est pas le personnage le plus charismatique.

En dehors de cette petite irrégularité, le jeu tourne vraiment bien avec quelques ralentissements sur le modèle standard mais rien de vraiment méchant, la ventilation tourne à plein régime mais l'expérience de jeu est très confortable. On pourra d'ailleurs noter le réalisme au niveau du sang. Une physique frissonnante de réalisme lors des différents affrontements que ce soit dans les projections ou sur le décor (sol, tenues, armes). Vous l'aurez compris sur le plan technique, le jeu affiche une très belle prestation mais sans être irréprochable ou du niveau du récent et The Last of Us Part II par exemple. Jin Sakai, ce n'est pas peut-être pas le samouraï le plus charismatique, le plus fun, le plus délirant mais on va vite découvrir qu'il est redoutable manette en main. C'est technique, jouissif et totalement cohérent avec cet hommage au cinéma japonais. Les inspirations sont nombreuses selon les mécaniques de jeu, on peut évidemment citer Zelda mais aussi Assassin's Creed. On a donc un style de jeu qui mélange plusieurs approches avec autant de l'action que de l'infiltration mais aussi de l'exploration afin de profiter au mieux de cette magnifique île.

Pour les déplacements, vous pourrez d'ailleurs compter sur un cheval, classique mais efficace. Tant qu'on est dans la notion de déplacements, on peut citer l'une des mécaniques originales du jeu : le vent. Ce dernier est un repère visuel pour préciser le chemin à suivre. on conserve ainsi une belle immersion en plus de renforcer la direction artistique du jeu. Cela peut paraître un détail mais ça fait vraiment son effet plutôt qu'une flèche grossière ou un tracé. L'idée des développeurs est vraiment de s'éloigner au maximum de la consultation des cartes et de toutes formes de GPS grossiers. On n'échappe pas à une carte pour conserver une certaine clarté sur la zone de jeu mais en dehors du menu dédié, l'écran cherche vraiment à se montrer propre sans menus envahissants pour laisser place à la beauté des lieux. D'ailleurs en plus du vent, les oiseaux participent à cette notion de repère. Derrière cette légèreté se cache une sacrée dose de violence car oui, vous allez en tuer des mongols. On va découvrir un système de combat qui s'inspire du système de Nioh, autrement dit, une inspiration de très bon goût.

Il y a donc un système de postures que l'on alterne en fonction du type d'ennemis au niveau de son arme (épée, lance...). En complément des postures on a également des coups légers et forts. En dehors du bon usage des postures, le joueur implique une lecture rigoureuse de l'ennemi afin de connaître ses mouvements et ainsi se montrer irréprochable dans les esquives dont certaines sont indispensables face à un certain coup de l'ennemi. On pourra briser la garde de l'ennemi et même parer (après amélioration) mais ça ne suffit pas pour vaincre les ennemis surtout lorsque ceux-ci débarquent en nombre, on n'est pas toujours face à un simple duel. Justement cette dernière remarque nous amène à quelques petits points négatifs du jeu ou du moins qui nécessite une certaine maîtrise du gameplay. C'est plutôt étonnant mais les développeurs n'ont pas mis en place un système de lock pour les ennemis. En gros pour orienter un coup vers l'ennemi souhaité, il faudra le faire en orientant le stick analogique de la manette.

Ce n'est pas très précis et ça rend la tâche délicate dès que plusieurs ennemis sont proches de vous. Forcément dans des cas de groupes d'ennemis, il faudra s'attendre à une petite frustration lorsque l'ennemi souhaité ne sera pas vers lequel votre attaque sera portée. Deuxième point tout aussi frustrant, la caméra se montre parfois capricieuse avec des difficultés dans son positionnement. Vous combinez ce défaut avec l'absence de lock et vous obtenez des séquences frustrantes où l'on peine à vraiment mettre sa stratégie en place avec des ennemis et des attaques que l'on ne voit pas venir. Heureusement, notre héros possède un arsenal qui permet de se montrer efficace même face à plusieurs ennemis. On va laisser un peu de mystère mais on peut dire qu'en plus du sabre, un arc et plusieurs petits éléments (kunaï, grenades), on peut réussir à vaincre un bon paquet de mongols. Les tenues et armures permettent aussi de participer à cette stratégie offensive et défensive des nombreux combats qui vous attendent.

En dehors d'un côté brouillon pour l'action, l'ensemble se montre quand même technique et jouissif. Pour la partie infiltration, c'est déjà un peu moins le cas la faute à une dimension un peu pauvre en matière de discrétion et surtout à une IA peut-être un peu trop généreuse. Ceci dit on apprécie d'avoir le choix et de pouvoir effectuer une approche discrète pour aborder d'une belle manière une zone ennemie. L'environnement nous aide plutôt bien dans ce sens avec les hautes herbes mais aussi le moindre coin sombre et discret près du décor comme les habitations par exemple. Ce n'est pas le coeur du jeu mais cette composante infiltration permet de varier les plaisirs d'un lieu à un autre. On reste prudent sur les activités de l'île mais on peut au moins dire que si les objectifs sont un peu trop répétitifs, on pourra compter sur la chasse et des duels épiques pour apporter un peu de fraîcheur à cette aventure. Face à ce type de jeu il est toujours difficile de donner une estimation de la durée de vie.

Néanmoins on peut estimer que l'aventure en ligne droite nécessite environ 25 heures et que l'on peut quasiment partir sur le double si l'on cherche à le faire à fond. Le jeu s'organise donc sous la forme de missions principales (en plusieurs actes) avec des missions secondaires. On a également tout un tas de points d'intérêts qui amènent à de petites activités et des secrets à découvrir. Le jeu incite à l'exploration puisque les points d'intérêts ne sont pas visibles dès le lancement du jeu, il faudra parcourir l'île et discuter avec la population pour petit à petit obtenir les repères sur la carte. Une mécanique de jeu que l'on connaît et qui fonctionne toujours aussi dans un tel jeu en monde ouvert. On retrouve d'ailleurs le concept de conquérir une zone (dans le cas présent c'est plutôt des camps) pour afficher les points-clés des alentours, simple mais efficace. Le petit bémol de l'aventure dans son ensemble, c'est sa trop grande répétitivité à notre goût. On s'en doutait un peu mais la grosse partie du jeu consiste à reprendre des camps avec de l'action et potentiellement de l'infiltration selon votre approche et votre envie.

La seule différence se résume à la configuration des camps que ce soit dans la dimension, la verticalité et donc les habitations. On a heureusement dans les quêtes secondaires, des quêtes spéciales nommées récit mythiques qui font preuve d'un joli soin et qui sont franchement intéressantes à découvrir. On aurait pu espérer des missions plus variées dans les objectifs et la mise en scène néanmoins cela n'enlève en rien au plaisir du jeu. Une progression est de la partie au niveau du personnage avec un arbre de compétence pour apprendre de nouvelles techniques en plus d'améliorer les armes. Il faudra donc obtenir des points d'expérience que ce soit en terminant des missions principales ou secondaires ou simplement lors de l'exploration par la découverte de nouvelles zones. En effet si les objectifs ne sont pas variés, le jeu n'est pas qu'une simple succession de missions, le monde ouvert est plaisant et particulièrement riche, la partie exploration vaut clairement le détour avec un niveau de récompense similaire.

Enfin si le mode photo se trouve désormais dans la plupart des jeux actuels, on peut clairement dire qu'il a du sens à travers cette aventure visuellement délicieuse. Au niveau de l'ambiance sonore, le résultat est plutôt bon même si l'on pouvait espérer sûrement un peu mieux. Face à une telle direction artistique, on n'est pas surpris de découvrir une forme de poésie en matière de bande-son. Certains thèmes sont marquants mais pas assez à notre goût et surtout cette poésie se traduit plutôt comme un accompagnement discret et doux que sous forme de compositions qui renforcent les séquences de jeu. Cela reste un univers sonore totalement japonais mais dans un style où la légèreté et la douceur prennent l'avantage sur la nervosité et le côté électrique tout de même présents mais dans une moindre mesure. C'est donc un travail sonore pas forcément équilibré mais convaincant à l'image des bruitages. Pour le doublage, on apprécie le choix laissé au joueur entre les voix anglaises, japonaises mais aussi les voix françaises.

Très honnêtement le doublage français s'en sort plutôt bien tout au long du jeu. Néanmoins le doublage japonais, qui est lui excellent, nous semble comme une évidence pour ce jeu, c'est clairement le meilleur choix. On termine par quelques petites précisions au niveau du scénario proposé dans cette nouvelle expérience de jeu du studio Sucker Punch. Les développeurs nous plongent dans un univers utilisant des événements historiques. Nous sommes au Japon, au 13ième siècle où l'armée japonais s'oppose au mongols en pleine conquête de l'archipel. L'histoire se situe sur l'île de Tsushima où nous incarnons un samouraï nommé Jin Sakai.

C'est très compliqué d'en dire plus sur l'environnement et l'histoire sans gâcher la surprise, on s'arrête donc ici pour les quelques éléments de l'histoire. Cela permet au moins de situer le ton de l'aventure. On peut tout de même souligner la qualité du travail d'écriture avec de nombreux thèmes abordés. On trouve une quantité maîtrisée au niveau des dialogues et une mise en scène particulièrement soignée. Cette dernière parvient à mettre en valeur notre héros en plus des qualités visuelles du jeu. Il ne faut pas s'attendre à une histoire originale mais plutôt à un récit historique avec quelques libertés de la part des développeurs.

Ghost of Tsushima est une belle surprise. Sucker Punch frappe une nouvelle fois très fort pour offrir une nouvelle exclusivité incontournable sur PlayStation 4. Décidément la console de salon de Sony finit en beauté cette génération avec des licences exclusives d'une immense qualité. Ce n'est pas le plus original des mondes ouverts mais il a le mérite de proposer une expérience de jeu suffisamment rafraîchissante et passionnante avec un gameplay technique et addictif. Si ça manque un peu de variété, difficile de lui trouver d'autres gros reproches tellement le soin est au rendez-vous. Un titre fortement recommandé en attendant tranquillement l'arrivée de la nouvelle génération.

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Graphismes : 17/20
Gameplay : 17/20
Durée de vie : 17/20
Bande-son : 17/20
Scénario : 15/20

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Note globale : 17/20

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