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[Test] Yakuza Like a Dragon

27 Novembre 2020 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Tests PS4

Après l'excellent Judgment dont la sortie remonte en juin 2019, Yakuza Studio et Sega reviennent en cette fin d'année 2020 avec un nouvel épisode de la série Yakuza. Cette nouvelle aventure s'intitule Yakuza Like a Dragon et annonce clairement une forme de révolution par rapport aux précédents volets de la série. Malgré son titre, on fait bien face au septième opus de la série contrairement à Judgment qui se présentait comme un spin-off. Le jeu est disponible sur PlayStation 4 (version testée ici), Xbox One, Xbox Series, PC et prochainement sur PlayStation 5 (mars 2021). Une sortie au moment de l'arrivée de la nouvelle génération de consoles. Un créneau qui ne promet sûrement pas une révolution technique mais depuis son annonce, le reste du jeu semble afficher une certaine fraîcheur tout en respectant un minimum la série et son esprit. Une nouvelle formule convaincante ?

Avant de rentrer dans les détails, on va brièvement résumer le contexte de cette nouvelle histoire. Le joueur incarne un Yakuza nommé Ichiban Kasuga, qui sort de prison suite à une trahison par son ancienne famille...Le ton est donné. On commence d'abord par faire un point sur la partie graphique de ce nouvel épisode. Il y a tellement de changement et de surprise à travers ce nouvel épisode que l'on va se montrer discret sur certains choix, certains aspects et certains contenus. Encore une fois on insiste bien sur le virage important de la série à travers cet épisode. Il ne faut pas le voir d'un mauvais oeil mais il faut bien avoir conscience que ça se détache sur beaucoup de points des opus précédents, et pourtant c'est bien et bien une forme de "Yakuza 7".

Les choix sont réfléchis et intéressants même si l'on peut ne pas approuver l'ensemble des modifications. Ceci dit les développeurs parviennent à conserver l'esprit de la série et ses qualités. Par exemple en matière de mise en scène, c'est toujours aussi bon avec un travail d'acteur vraiment excellent. On retrouve toujours une grosse quantité de dialogues et surtout de nombreuses cinématiques, la manière de raconter cette nouvelle histoire est donc sensiblement proche des autres volets de la série. C'est même mieux puisqu'à l'image du spin-off Judgment, ce nouvel épisode possède une traduction française, un bel effort pour les joueurs et qui lui permet de viser un public encore plus large.

Lorsqu'on parle du visuel de la série Yakuza, on pense directement à la qualité de l'univers du jeu notamment au niveau des environnements avec la superbe reconstitution des quartiers. Le plus célèbre est celui qui s'intitule Kamurocho et qui se situe dans la ville de Tokyo. Si le nom est fictif, la construction de cette zone est basée sur un quartier réel de Tokyo qui se nomme Kabukicho. Une zone impressionnante que l'on va pouvoir (re)découvrir à travers cette nouvelle aventure pour notre plus grand plaisir. Sauf que cette fois-ci on aura plus le sentiment d'être passage selon l'avancée de l'histoire car l'aventure se déroule également dans une autre zone totalement inédite. 

En effet on va pouvoir faire la connaissance d'un quartier de Yokohama qui se nomme Isezaki Ijincho. Un décor totalement différent en matière d'architecture mais aussi de superficie avec une zone quasiment trois fois plus grande que Kamurocho. On apprécie vraiment ce voyage car s'il y a des similitudes, toujours autant de bars et de restaurants, le style dégagé par cette nouvelle zone est captivant et tranche suffisamment avec celui de Kamurocho. On valide complètement cette proposition des développeurs et on en regrette même que la dimension technique de ce nouvel épisode ne se montre pas plus impressionnante pour profiter encore mieux de ce nouvel environnement.

En effet on retrouve le moteur du jeu développé à l'occasion de Yakuza 6 : le Dragon Engine. Celui-ci a fait l'objet de petites améliorations que l'on pouvait déjà observer sur le spin-off Judgment. Et même si ce moteur n'est pas spécialement impressionnant, heureusement qu'il est récent pour pouvoir proposer une expérience de jeu confortable dans ce nouveau quartier encore plus vivant qu'auparavant. Si on profite de jolis effets de lumière et d'une manière plus générale de nombreux effets visuels, on perçoit assez vite les limites du moteur sans être ridicule pour la fin de génération (on parle bien ici de la version PlayStation 4). Une fluidité correct à 30fps sans faire face à des ralentissements, c'est toujours mieux que rien.

Ceci dit la finition est juste bonne, la faute à de l'aliasing mais surtout à un traitement différent sur certains points du jeu. Si l'on est sous le charme artistique et technique de cette nouvelle zone avec un vrai souci du détail au niveau des décors, ce constat est moins valable pour les personnages du jeu. D'un côté on découvre un réel soin pour les personnages principaux que ce soit en matière de modélisation, de textures et de détails au niveau des visages. Chaque personnage affiche un vrai charisme et une personnalité propre dans le style. Le seul bémol réside dans les animations encore trop rigides, un problème qui n'est pas nouveau dans la série. Et d'un autre coté, on trouve de nombreux pnj qui sans être des copies, sont encore trop génériques à notre goût.

Les animations sont répétitives en plus d'être aussi lourdes et clairement ils ne bénéficient pas du même traitement. Si l'on peut évidemment comprendre l'existence d'une différence pour la population locale, on peut tout de même espérer un peu lieux dans les déplacements et le rendu visuel. Enfin, on regrette toujours l'absence de vrais progrès sur les temps de chargements, toujours trop nombreux et longs. Jusqu'à présent, lorsqu'on évoquait la licence Yakuza, on parlait d'un beat'em all avec un système de combat jouissif et nerveux en dehors de ses balades en ville. Désormais on bascule radicalement vers une autre approche... celle du RPG avec un système de combat en tour par tour.

Si certaines licences prennent des petits virages, ici on est vraiment face à un changement important. Il est évident que ce choix va sûrement déplaire à une partie des joueurs qui appréciaient l'ancienne formule mais il serait dommage de ne pas prendre la peine de découvrir cette nouvelle proposition qui possède de nombreuses qualités et qui ne demande qu'à évoluer petit à petit au fil des prochains opus à venir. Attention si ce changement est important, il tente d'associer une nouvelle démarche avec l'esprit de la série, on garde donc cette qualité des combats dans la mise en scène et ce plaisir d'enchaîner les affrontements même si ceux-ci pourront paraître très nombreux et répétitifs.

Une dimension tactique accompagne cette nouvelle approche avec une part de réflexion dans la mesure où vous n'êtes plus seul. Il y a une notion d'équipe, cohérente avec la dimension RPG, qu'il ne faudra surtout pas négliger. La prise en main n'est d'ailleurs pas évidente avec beaucoup d'informations et de mécaniques à comprendre pour espérer vaincre à chaque affrontement d'autant que certains combats mettent en scène des ennemis avec une particularité que l'on redoute à chaque fois pour ce genre de jeu : des sacs à PV. Très rapidement on se rend compte que malgré la tournure en tour par tour, le jeu affiche des affrontements tactiques mais aussi très dynamiques. Il faut être attentif et faire preuve de réflexe lorsque des QTE apparaissent.

Un système équilibré qui permet d'influencer les dégâts réalisés mais aussi de se défendre et réduire les dégâts subis. Ce dynamisme se traduit aussi par des mouvements aléatoires et permanents durant les combats en plus d'un décor vivant. Les personnages sont constamment en mouvement, il faut donc agir au bon moment et au bon endroit car les alliés de la cible peuvent devenir des obstacles si ce n'est un conducteur en voiture qui vous percute, oui tout est possible et surtout il suffit d'un rien pour que votre tour soit frustrant dans sa réalisation. Mais si le décor peut être un piège, il peut aussi faire basculer une attaque en faisant par exemple usage d'un objet présent sur place et augmenter sérieusement les dégâts.

Ce système dynamique est donc très intéressant et permet de renouveler les combats d'une manière intéressante même si dans certaines séquences, cela peut vite devenir brouillon avec une petite part de chance. La notion d'équipe est en tout cas très présente et surtout très importante. Il sera par exemple possible de lancer des attaques en équipe, et donc des dégâts plus importants, une preuve supplémentaire de sa nouvelle orientation. Ce travail d'équipe passe par un soin particulier des relations que l'on pourra entretenir avec les différents personnages, un aspect nouveau et qu'il ne faut surtout pas négliger. L'objectif est simple, il faut renforcer les liens pour débloquer des attaques mais aussi du contenu annexe.

Un concept d'une grande profondeur avec la mise en oeuvre d'une évolution de la personnalité (mental, intelligence, passion, gentillesse...) qui vont permettre par la suite de débloquer des métiers (oui encore une nouvelle mécanique, on va y venir). Cette personnalité possède un réel impact sur l'aventure dès qu'un choix se présente ou lors d'une attitude en combat. Le jeu récompense l'effort de se faire des amis puisqu'à l'aide son téléphone, on pourra appeler à l'aide dès que ce sera nécessaire. Oui compte tenu de son nouveau genre, on peut traduire ce concept par une forme "d'invocation".

Tout au long du jeu, on va découvrir des concepts liés au RPG sauf que les développeurs réalisent un boulot monstrueux pour intégrer chaque mécanique de manière cohérente avec une identité qui colle à la série. Il est temps d'aborder la notion de métier qui correspond en gros dans l'univers d'un RPG classique à la notion de classe. Notre personnage progresse grâce au gain d'expérience et donc d'une évolution de ses différentes statistiques (attaque, défense, dextérité, magie...). Chaque métier influence les statistiques mais aussi les compétences et l'équipement (arme, armure, accessoire).

Concernant l'équipement, on a également le système de matériaux qui permettent de crafter de l'équipement, classique mais efficace et même incontournable pour un tel genre. Chaque métier possède un système de rang et se comporte d'une manière efficace ou non face à l'ennemi. On retrouve cette notion de sensibilité de l'ennemi selon la nature des attaques de votre métier. Que ce soit en attaque directe ou indirecte, certains métiers seront disposés à être très efficace face à un certain ennemi tandis que d'autres parviendront à afficher une résistance. Comme pour un système de classe, il faudra faire les bonnes attaques aux bons ennemis selon les capacités de chaque personnage. L'idée de métier permet juste de s'adapter à l'univers et au style de la série Yakuza.

Ainsi on pourra découvrir des métiers comme musicien, danseur, cuisinier, détective... Ce système suscite une certaine addiction avec cette curiosité permanente de découvrir chaque métier pour mesurer son potentiel, c'est vraiment intéressant. Le seul bémol à l'heure actuelle est un problème d'équilibre comme c'est souvent le cas avec ce type de mécanique, des métiers sont plus efficaces que d'autres. Enfin si vous vous posez la question, oui il y a bel et bien des boss au cours de l'histoire et ceux-ci sont d'une puissance redoutable autant en attaque qu'en défense.

Ce type de combat demande du temps et surtout une maîtrise parfaite de son équipe pour réaliser les bonnes actions et surtout il ne faut jamais sous-estimer ce type d'ennemi même avec quelques niveaux de plus que lui. On ajoute également au rayon des qualités du jeu la grande diversité des ennemis et on est souvent surpris d'autant qu'il n'y a pas besoin d'être face à un boss pour faire face à un ennemi d'une grande résistance. Cette nouvelle aventure est surprenante, captivante et particulièrement riche. Il faut entre 40 et 50 heures pour venir à bout de cette histoire en mettant de côté temporairement le contenu annexe qui comme pour les épisodes précédents méritent totalement le détour.

On retrouve le délire et l'humour de la série avec une nouvelle zone de jeu qui ne manque pas d'activités variées. On trouve des bars, des restaurants mais aussi des mini-jeux : salle d'arcade des jeux SEGA, karaoké, cinéma, golf, baseball ou encore Dragon Kart. Ce dernier est la nouveauté en matière de mini-jeu et se présente comme un clin d'oeil au célèbre jeu Mario Kart. On pourra effectuer des courses de kart avec la mise en place de compétitions et la possibilité d'améliorer son kart. Un bon délire qui s'accompagne d'autres activités dans un quartier qui décidément cache bien son jeu.

On peut par exemple citer la présence d'un donjon souterrain pour s'entraîner et surtout améliorer son équipe de manière efficace. Mais il faut surtout citer le retour d'une activité que l'on avait déjà vu dans un épisode précédent mais de manière plus simpliste : la gestion d'une société. On va devoir gérer et surtout sauver de la faillite une confiserie. Cette gestion se déroule à plusieurs niveaux que ce soit au niveau du personnel, des actionnaires, des installations, des frais...

C'est d'abord étonnant comme type de contenu mais rapidement on accepte le défi et très vite on découvre une activité vraiment bien conçue et complète, une bonne surprise. Tout est là pour qu'on s'y intéresse et enfoncer le clou en matière de contenu annexe. Au niveau de l'ambiance sonore, ce nouvel épisode réalise une très belle prestation. Au niveau des différentes compositions musicales, on est enchanté de trouver une série de morceaux variés et dont les styles s'accordent parfaitement avec l'univers de cet opus. On en profite pour souligner que le fan service de l'univers Sega se situe aussi dans le secteur musical avec la possibilité d'écouter dans les bars de la ville des titres de différents jeux Sega que l'on vous laisse le soin de découvrir, une option franchement sympathique.

Ce très bon travail sonore se situe aussi au niveau des doublages qui bénéficient d'un soin et d'une crédibilité à la hauteur de nos attentes. Un constat valable pour le doublage japonais qui est fortement recommandé pour un tel jeu. S'il a le mérite de proposer un doublage anglais, ce dernier est tout de même moins convaincant. On termine quand même par un petit mot sur le scénario de ce nouvel épisode qui décidément tente de faire évoluer franchement la série avec plus ou moins de réussite. On découvre donc l'histoire d'un certain Ichiban Kasuga qui va chercher des réponses aux récents événements qu'il a pu subir : la trahison d'un proche.

Une quête périlleuse qui alterne toujours entre séquences sérieuses, violentes et humoristiques. On aura même tendance à dire que l'humour est légèrement plus présente que dans d'autres épisodes sans pour autant rendre l'histoire ridicule. On est bien dans la série Yakuza sauf que cette dose d'humour vient de la personnalité et du charisme de ce nouveau protagoniste qui ne tarde pas à nous convaincre.

Et s'il y a bien des points avec les récits précédents, cette nouvelle histoire parvient à offrir une fraîcheur qui fait vraiment plaisir à voir prouvant que les développeurs tentent vraiment de faire évoluer la série vers d'autres horizons tout en se montrant un minimum fidèle aux racines de la licence. Un travail d'écriture loin d'être basique et classique avec son lot de surprises, une grande quantité de dialogues et de nombreuses cinématiques. On ne va pas en dire plus sur le déroulement de l'histoire et les protagonistes principaux mais si vous avez des doutes sur cet épisode, n'ayez crainte il y a un réel soin apporté au scénario.

Yakuza Like a Dragon est une très bonne surprise. On tient là un épisode qui n'a pas peur de prendre des risques et qui du coup faire sérieusement évoluer la série au point même de vraiment surprendre lors de la découverte du jeu. Heureusement on se rend très vite compte que ce virage est intelligent et surtout qu'il n'oublie pas de respecter la série. Un nouveau système de combat pour une zone inédite avec un personnage principal différent, en voilà un épisode qui respire la nouveauté et les belles idées.

Derrière ces nombreuses tentatives, on trouve tout de même des petits défauts que ce soit dans l'équilibre de certaines mécaniques ou encore de la dimension technique du jeu qui mériterait une plus franche évolution de son moteur visuelle pour franchir un vrai cap surtout avec l'arrivée de la nouvelle génération de consoles. Avec une traduction française, il n'y a vraiment plus aucune excuse pour découvrir la série qui met de côté le genre beat'em all pour accueillir le style RPG à la sauce Yakuza, un délire totalement approuvé.

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Graphismes : 16/20
Gameplay : 17/20
Durée de vie : 17/20
Bande-son : 17/20
Scénario : 17/20

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Note globale : 17/20

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