[Test] Rustler (Switch)

8 Septembre 2021 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Tests Switch

En cette rentrée 2021, les sorties s'enchaînent avec des titres attendus et des supposées bonnes surprises. Dans la catégorie GTA-like, si les joueurs attendent évidemment le sixième opus de la licence, un éventuel remaster d'opus précédents ou encore un concurrent délirant comme Saints Row, il existe d'autres alternatives qui méritent le coup d'oeil. Par exemple depuis 31 août dernier, on peut se plonger dans un GTA-like intitulé Rustler. Un titre développé par Jutsu Games (112 Operator) et édité par Modus Games.

Un jeu que l'on peut se procurer sur de nombreuses plateformes : PC, PlayStation 5, PlayStation 4, Xbox Series, Xbox One ou encore Nintendo Switch. C'est d'ailleurs sur cette dernière que l'on va découvrir cette nouvelle licence qui tente de rendre hommage aux premiers épisodes de la licence Grand Theft Auto avec une touche évidemment personnelle. Sur le papier, le pari est osé, intéressant mais manette en main est-il convaincant ?

Lorsqu'on aborde le jeu, il faut bien comprendre son approche et son style. Oui, on peut le classer dans la catégorie des GTA-like mais il ne faut surtout pas y voir un concurrent direct des dernières productions de ce style de jeu. Les moyens ne sont déjà pas énormes pour ce projet mais surtout on est davantage sur un hommage aux premiers jeux de cette catégorie ce qui implique une approche visuelle assez spéciale pour les joueurs qui n'auraient pas connu cette époque. C'est bel et bien un jeu d'action en monde ouvert mais avec une caméra en hauteur et donc une vue de dessus (attention pas totale, il y a un léger angle de la caméra) à l'image d'un Grand Theft Auto 2 par exemple. On peut citer un autre exemple plus récent, Grand Theft Auto Chinatown Wars, qui avait fait une apparition séduisante sur Nintendo DS et PlayStation Portable en 2009.

Du coup si cette approche peut déplaire sur les consoles de salon actuelles, on le trouve nettement plus pertinent dès qu'il est question de cette version Nintendo Switch. On va vite comprendre qu'il ne faut tout de même pas de grosses attentes sur cette nouvelle licence. Le style graphique est joli et suffisant pour ce style de jeu même si l'on pouvait espérer forcément mieux en matière de finesse et d'effets visuels. La mise en scène n'est clairement pas son point fort malgré quelques séquences un peu plus inspirées au cours de l'aventure. Même constat pour le personnage dont le charisme n'est clairement pas sa force contrairement à l'humour générale qui règne dans le jeu. On valide par contre le choix du cadre médiéval qui permet d'offrir au jeu un style plus personnel plutôt qu'un décor urbain et contemporain.

D'ailleurs le choix d'un tel décor va permettre au jeu de mettre en avant des éléments du moyen-âge sans forcément s'appuyer sur une période précise de l'histoire. Il faut donc s'attendre à des chevaux, des arcs et des haches, n'espérez pas faire face à des voitures, des pistolets... Visuellement le jeu alterne entre le bon et le moins bon sans être catastrophique. On profite d'une carte généreuse en matière de taille mais malheureusement celle-ci a tendance à se montrer un peu vide et répétitive. Oui nous pouvons découvrir quelques cités, un joli château mais aussi des plaines où la variété fait défaut autant en matière de décors que d'ennemis. Certaines zones sont vivantes mais cette vie qui nous entoure donne l'impression d'être dans un cycle strictement identique, il n'y a pas assez de différence, de surprise et donc de cette petite touche naturelle.

Attention on rentre dans les détails pour la critique mais manette en main, ce n'est quand même pas désagréable. D'ailleurs en matière de bonne idée on peut souligner la présence d'un cycle jour/nuit très sympathique. Cet univers médiéval mérite donc une plus grande richesse mais aussi technique. On s'y attendait et si l'on peut comprendre l'argument du budget limité pour le développement, il faut bien comprendre que ce n'est pas une démonstration technique. On précise tout de même que le jeu fait l'objet d'un suivi sérieux et qu'une mise à jour est déjà disponible depuis sa sortie, on peut donc espérer que le jeu se bonifie au fil des semaines à venir. Actuellement la prestation technique est correcte mais il est tout à fait possible de rencontrer des bugs physiques avec certaines parties du décor.

Le titre est plutôt fluide dans l'ensemble pas de grosses chutes. En ce qui concerne les textures, la modélisation, les animations, le résultat est globalement satisfaisant pour une expérience confortable même si encore une fois cela reste modeste. On note par contre une IA vraiment très moyenne avec des comportements surprenants mais classique pour ce genre de production : personnage aveugle, déplacement improbable, poursuite interrompue brutalement... On précise tout de même l'effort d'une traduction entièrement en français et de manière propre pour apprécier l'humour très particulier du jeu. On aura l'occasion de revenir sur cette touche d'humour particulièrement présente dans le jeu.

Une orientation assez spéciale dans l'écriture qui va forcément diviser les joueurs mais cela permet au moins de combler le petit manque de charisme de notre personnage et de l'univers proposé. On incarne Guy, un personnage en quête de gloire et d'argent qui n'est ni noble, ni très intelligent. Son aventure sera synonyme de quêtes dont une bonne majorité fait évidemment référence au maître du genre : Grand Theft Auto. Il faut donc s'attendre à des découvrir des quêtes principales et secondaire qui demandent d'éliminer une cible précise, procéder au vol d'un élément précis, d'assurer une livraison, de basculer en mode infiltration... La prise en main n'est pas mauvaise mais on va vite découvrir quelques lourdeurs et imprécisions notamment au niveau des déplacements avec un cheval.

La montée est parfois délicate et les sensations pas toujours top, cette méthode de déplacement implique donc un petit temps d'adaptation. On l'a dit, c'est un univers médiéval donc pas de pistolet et de voiture mais des chevaux, des fermes, des épées, des haches, des arcs... Une dizaine d'armes pour se défendre en sachant qu'il est aussi possible de faire usage d'un bouclier et donc de se mettre en garde. Guy peut également réaliser des roulades dès qu'une esquive est nécessaire par exemple, le personnage est souple et réactif dans ce registre. Une jauge d'endurance est de la partie pour conserver une certaine cohérence dans l'enchaînement de ce type de mouvement. Il ne faut donc pas s'attendre à un système de combat poussé, c'est simple mais efficace.

On se répète mais c'est tout de même dommage que l'IA affiche un comportement aussi moyen, il ne faut pas s'attendre à être surpris ou rencontrer du challenge à travers les différentes missions du jeu. S'il joue la carte de l'hommage envers Grand Theft Auto, il y a des aspects moins flatteurs, à l'image de sa durée de vie. Ce n'est pas une catégorie qui souffre dans ce domaine, et pourtant c'est l'un des principaux défauts du jeu. Il vous faut une dizaine d'heures pour terminer le jeu, c'est vraiment court. Alors oui le prix est réduit dès son lancement puisqu'il est question de 29,99€, mais quand même pour un monde ouvert, ce score est faible. Heureusement, il n'y a pas que les missions principales, le jeu contient des missions secondaires en bonne quantité, même si l'on tombe souvent sur de nombreux allers-retours.

La qualité est variable sur la partie annexe du jeu, certaines tâches sont drôles tandis que d'autres paraissent rapidement lourd et loin d'être fun. En matière d'activités, on peut citer les courses de chevaux ou encore les combats en arène. Concernant les chevaux, malgré l'univers médiéval, le jeu adopte des mécaniques classiques concernant le moyen de transport. On peut citer la personnalisation dans les écuries ou encore la disparition brutale des poursuivants grâce un passage rapide de peinture sur le cheval... Ce n'est pas toujours crédible mais le fun est là et le plaisir d'exploration est bien au rendez-vous même si la police sera de la partie. Là aussi, on constate la reprise du système de niveau de recherche. Concernant cette notion de liberté, le jeu adopte un système de progression comme les anciens opus GTA.

Le terrain de jeu est immense mais on en profite au fur et à mesure de l'accomplissement des quêtes. Le bridage se traduit par exemple sous la forme d'un pont en construction. La progression du jeu ne se résume pas seulement à l'environnement mais aussi aux capacités de son personnage. En effet il est possible d'augmenter les statistiques (santé, endurance, force, maîtrise du cheval) de Guy au fil du jeu grâce à l'accomplissement de quêtes mais aussi de la découverte d'objets cachés dans le monde ouvert. Le jeu propose donc un arbre de compétences avec quatre branches pour obtenir des bonus particulièrement intéressants autant pour le personnage que pour les autres aspects du jeu. Pour dépenser des points, il faudra d'abord trouver un fer à cheval en sachant qu'il en existe une vingtaine.

Ce n'est pas le seul objet à découvrir, on vous laisse le plaisir de la découverte. Pas d'inquiétude si le concept est évidemment fidèle au genre, on ne tombe pas dans le délire de la centaine d'objets, la quantité est nettement plus mesurée dans le cas de Rustler. Malgré des efforts pour rendre le monde ouvert riche, le jeu n'offre pas une énorme rejouabilité pour le genre. Concernant l'ambiance sonore, le jeu s'en sort plutôt bien même si certains choix peuvent décevoir. Autant le dire toute de suite, il n'y a pas de doublage, il faut se contenter de petits bruits à la place, des grognements rappelant certains vieux jeux. Ce n'est pas spécialement gênant mais ça influence forcément le charisme des personnages et scènes du jeu. Heureusement il s'agit du seul détail sonore vraiment discutable, le reste se montre à la hauteur.

On peut par exemple parler des autres bruitages du jeu qui se montrent percutants et soignés. Même constat pour les différentes musiques du jeu qui jouent la carte de la variété et ne se contentent pas d'un univers musical précis. Alors oui, certaines musiques d'ambiance font appel à l'univers médiéval mais on retrouve aussi cette volonté de bien montrer l'hommage à GTA avec des styles plus récents et dans l'esprit du maître de la catégorie, le clin d'oeil est de bon goût. On termine avec le scénario du jeu. Le travail d'écriture offre un style très spécial qui va diviser à coup sûr les joueurs. Les développeurs misent sur un humour particulier, du pipi-caca évidemment mais aussi des séquences improbables, des réflexions drôles, noires, sombres ou complètement déjantées.

Il manque finalement une forme d'équilibre dans le traitement de cet humour, on alterne entre une mise en scène amusante et inspirée et une mise en scène pas spécialement captivante et dont le texte ne rattrape en rien la séquence en question. Attention, le sentiment est totalement subjectif vis-à-vis de cet humour, il est tout à fait possible d'apprécier complètement le délire du début à la fin mais il est aussi possible de l'inverse. Mieux vaut donc savoir où l'on met les pieds avec Rustler. Concernant le synopsis, on peut donc rappeler que l'on incarne Guy, un personnage un peu spécial dans un univers où l'on enchaîne les combats, les vols, la capture de sorcières... La démarche du personnage est parfois flatteuse, héroïque mais toujours dans un style stupide. Du coup en dehors de l'humour, le scénario peut paraître relativement simple.

Rustler est un GTA-like à l'ancienne qui ne manque pas de charme mais qui montre aussi très vite ses limites. C'est souvent fun, il y a de bonnes idées mais il ne faut pas s'attendre à un monde ouvert irréprochable. Cela reste un petit projet qui cherche à rendre hommage aux premiers épisodes de Grand Theft Auto tout en ajoutant une touche personnelle. Un brin de folie qui pourra séduire mais aussi être un frein selon votre humour et vos attentes. La durée de vie est un peu légère mais le contenu n'est pas non plus mauvais. Sur cette version Nintendo Switch, ce style de jeu est pertinent et la concurrence n'est pas énorme. Une parenthèse amusante qui ne va pas bouleverser cette catégorie mais dont la démarche est tout de même séduisante.

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Graphismes : 14/20
Gameplay : 13/20
Durée de vie : 14/20
Bande-son : 13/20
Scénario : 13/20