[Test] TT Isle of Man : Ride on the Edge 3 (PS5)

Le Tourist Trophy de l'île de Man, la célèbre course de moto, est de retour en jeu vidéo. Une épreuve mythique qui se déroule depuis le début du 20ième siècle sur cette fameuse île de Man située dans la mer d’Irlande, à proximité des côtes écossaises, anglaises et irlandaises. Cette compétition a donc eu le droit à plusieurs adaptations en jeu vidéo dont la dernière en date remonte à mars 2020 sous le nom TT Isle of Man : Ride on the Edge 2. Après 3 ans d'attente, la série est de retour et débarque pour la première fois sur la nouvelle génération de consoles.

Un nouvel épisode qui s'intitule TT Isle of Man : Ride on the Edge 3 et qui est disponible depuis le 11 mai 2023 sur PlayStation 5 (version testée ici), PlayStation 4, PC, Xbox Series et Nintendo Switch. Développé par RaceWard Studio et édité par Nacon, ce troisième opus s'annonce avec des nouveautés et améliorations pour s'imposer comme une simulation incontournable dans l'univers de la moto ?

L'une des forces de la série, c'est bien évidemment son caractère officiel. Ce troisième opus se montre toujours aussi convaincant sur ce point avec notamment la reproduction du tracé officiel du Tourist Trophy à l’échelle 1:1 grâce à la technologie de laser scan. Un travail qui permet de renforcer l'immersion de cette compétition dans ce cadre particulier. Cette année, et pour la première fois dans la licence, les développeurs vont plus loin et se laisse tenter par un monde ouvert. Oui, c'est l'une des grosses nouveautés, depuis son annonce le studio évoque l'introduction de cette nouvelle vision "open roads" qui va permettre aujourd'hui de se balader librement sur l'île de Man. Cette proposition est séduisante, mais elle peut susciter des craintes sur la tenue du jeu sur le plan technique, la mise en oeuvre d'un monde ouvert est exigeante, on va vite le voir, il y a une marge de progression dans la reconstitution du décor.

Cette démarche respecte les codes actuels et se présente tout de même comme une bonne idée pour offrir cette fraîcheur à la série. En chiffres, ce monde ouvert offre un total de 200km de routes, dont 60 km pour le Snaefell Mountain Course, pour plus de 260 virages dont certains très exigeants. Ce travail de modélisation permet au joueur de se plonger plus franchement dans l'île de Man en découvrant l'intérieur de l'île mais aussi sa montagne Snaefell. On verra par la suite que le monde ouvert ouvre la porte à une plus grande richesse dans le contenu. Sur le plan visuel, on est donc toujours face à un jeu qui cherche le réalisme. Il n'y a pas de filtres particuliers ou d'effets visuels à outrance, on est donc face à des couleurs plutôt froides pour un résultat le plus crédible possible.

Le jeu propose plusieurs périodes de la journée (matin, midi et coucher de soleil) ainsi que plusieurs types de météo (nuageux, calme avec des éclaircies, pluvieux). Si ce nouvel épisode affiche de l'ambition et de la passion, il lui manque toujours cette petite finition pour le rendre encore plus impressionnant. Attention, la prestation technique reste tout de même convaincante mais le jeu montre ses limites sur plusieurs aspects malgré des efforts évidents et une progression par rapport à l'épisode précédent. Premier constat qui saute aux yeux, les motos bénéficient d'un soin particulier. Sur ce point la réalisation est vraiment convaincante avec des motos bien modélisées. Le décor affiche moins de soin mais il n'est pas ridicule pour autant, du moins l'environnement le plus proche.

En effet lorsqu'on parle du décor de l'île il faut diviser le résultat en deux parties. Il y a les décors quasiment en lien direct avec les différents tracés, ceux-ci se montre assez soignés. Par contre, les arrière-plans et tous les éléments dans un champ de vision plus lointain peinent vraiment à convaincre surtout pour cette version next-gen (PlayStation 5). L'environnement est plus varié et crédible que dans les opus précédents mais tout en restant encore trop léger et générique. Le travail sur les spectateurs n'est pas irréprochable par exemple. L'ambiance de l'île reste encore figée et approximative. Après il ne faut pas oublier non plus qu'avec ce style de jeu, on n'est pas dans une approche contemplative de l'île, les vitesses sont importantes, le décor défile, la réalisation en l'état est donc suffisant dans un rôle d'habillage et d'un minimum d'immersion par rapport au terrain de jeu proposé.

D'ailleurs ce sentiment n'a pas vraiment sa place en course mais bel et bien lorsqu'on se lance dans l'exploration. Les environnements sont parfois vides avec une distance d'affichage limitée où le décor va apparaître avec un petit retard. On a également le droit à quelques ralentissements et de l'aliasing. Par contre, on note des progrès sur les animations du pilote et en particulier la gestion des chutes qui paraissent nettement plus souples et réalistes. Pour une première incursion dans la nouvelle génération, TT Isle of Man : Ride on the Edge 3 affiche des progrès et des promesses tout en restant encore largement perfectible sur le plan visuel. La physique est un élément important pour ce style de jeu surtout lorsque la licence penche sérieusement vers la simulation. Pour ce nouvel épisode, la physique affiche des améliorations tout en restant encore perfectible.

Il faut tout de même avouer que l'on gagne en réalisme et en finesse dans la conduite lorsqu'il s'agit de gérer les virages et les freinages. Le comportement de la moto est plus crédible et nécessite donc une bonne maîtrise pour espérer sortir de jolis chronos. On insiste bien sur l'aspect simulation et donc la difficulté au départ pour réussir des épreuves sans trop de chutes tout en conservant un bon niveau de performance. La prise en main n'est pas évidente si vous jouez occasionnellement à ce style de jeu. La simulation est poussée et implique une gestion des freins, des pneus mais aussi de l'essence. Lorsqu'on commence à bien en prendre en main la moto, il se traduit du plaisir dans le pilotage tout en conservant un réalisme dans les trajectoires et les résultats, on ne survole jamais le jeu.

On relève par contre une gestion encore particulière avec la physique de certains éléments du décor. Si le passage sur l'herbe est logiquement punitif et assez crédible dans le comportement, on pourra être surpris du résultat de la moto lorsqu'elle touche ou monte légèrement sur un trottoir. Si à vive allure, on accepte logiquement une perte de l'engin, il arrive de subir un comportement étrange à faible vitesse. D'ailleurs on peut évoquer les sensations dans le pilotage. Si la vitesse est bien retranscrite avec les belles accélérations, on manque encore de sensations précises et différentes lorsqu'on roule sur piste humide. Même constat lors d'une collision qui n'offre pas de vibrations particulières malgré une animation plus réaliste des chutes. La sensation de vitesse reste la force principale.

On précise d'ailleurs que le jeu propose différentes vues (casque, guidon). On revient sur cette prise en main délicate et surtout sur l'orientation simulation du jeu. Il existe plusieurs difficultés ainsi que plusieurs aides au pilotage afin d'obtenir une configuration qui correspondent aux attentes de chaque joueur. On peut donc mettre le tracé au sol par exemple ou obtenir diverses assistances dans la gestion des virages et du freinage. Le placement de la moto est un travail difficile, même avec quelques aides. Par contre, contrairement à de nombreux jeux de courses (très souvent ceux dont l'approche est plus arcade), il n'y a pas de possibilité de faire usage d'un système de rewind, on assume chaque erreur de pilotage.

En difficulté débutant, on perd forcément son approche simulation mais cette mesure permet de prendre ses repères. La difficulté intermédiaire procure déjà des sensations plus convaincantes avec une exigence mesurée, le compromis idéal pour profiter du jeu avec un bon challenge dans la conduite. Enfin pour ceux qui veulent pousser au maximum le réalisme, la difficulté réaliste demande vraiment une très bonne maîtrise du gameplay et donc un dosage précis des différents organes de la moto en plus d'une bonne connaissance du terrain. Les différentes difficultés permettent donc de viser un public assez large et de faire évoluer ses sensations selon les progrès réalisés, la proposition est vraiment bonne de la part du studio.

Pour finir sur les sensations, et avant d'aborder le contenu, on peut mentionner l'exploitation de la DualSense pour cette version PlayStation 5. Les vibrations sont présentes sans être toujours convaincantes par manque de finesse, le haut-parleur est plutôt bien utilisé pour profiter de différents sons et enfin les gâchettes adaptatives offrent une certaine résistance vis-à-vis du freinage. Pour une première tentative sur PlayStation 5, le travail réalisé avec la DualSense est quand même très satisfaisant. On arrive maintenant à la durée de vie de ce nouvel épisode. Le contenu s'enrichit avec des idées intéressantes pour rendre ce nouvel épisode plus complet et varié. C'est difficile d'offrir une estimation du temps de jeu proposé puisque cela dépend de votre attente et de votre capacité à prendre en main le jeu.

On peut tout de même évaluer que le mode carrière, s'il est réalisé dans son ensemble, nous amène à une bonne vingtaine d'heures, un chiffre qui va facilement doubler si l'on cherche à compléter l'intégralité du jeu. Avant de rentrer dans les détails, on peut déjà donner quelques chiffres qui situent le contenu et l'esprit officiel de ce nouvel épisode. Il est donc question de 32 circuits différents (tracés actuels et historiques dont les célèbres courses St John’s et Clypse). On pourra profiter de plus de 20 pilotes officiels et près de 40 motos dans deux catégories : Superbike (1000 cc) et Supersport (600cc et 750 cc). En matière de marques, on trouve Honda, Triumph, BMW, Yamaha ou encore Kawasaki.

La sensation de ce nouvel épisode, c'est bien évidemment cette nouvelle vision de l'île sous forme d'un monde ouvert. Si certains n'y verront qu'un simple effet de mode, l'idée est intéressante d'autant que son exploitation est plutôt pertinente pour une première tentative. Une aire de jeu qui laisse place à de nombreux points d'intérêts pour découvrir l'histoire de l'île avec de nombreuses anecdotes. Une section journal permet de lire ce type de contenu afin de devenir incollable sur cette compétition. Une exploration libre qui nous mène également à découvrir différents types de défis. En plus des courses classiques, on pourra trouver des défis tâches, des défis confrontation, ou encore des épreuves contre-la-montre par exemple. Si c'est l'une des attractions, le monde ouvert ne met pas dans l'ombre le traditionnel mode carrière.

Peu importe la catégorie, ce mode permet de se lancer dans une saison avec de nombreux événements à accomplir jusqu'à la fameuse Tourist Trophy. La progresse se réalise sous forme d'étapes de qualification en plus des courses. Il faut compter une grosse dizaine d'événements pour tenter de décrocher le titre. Pour revenir au sujet des défis que l'on peut considérer comme des activités secondaires, il sera question d'objectifs souvent synonyme de courses propres et parfaites (pas de chute, pas de collision, meilleur chrono). Si l'on a évoqué l'évolution de la carrière  à travers les deux catégories, le jeu offre aussi une progression technique avec diverses améliorations sur la moto. En gagnant des points d'amélioration, on pourra optimiser les performances de sa moto. Il sera possible de modifier le moteur, les freins, les pneus, la transmission, le réservoir, les suspensions...

Un large choix de modifications dont on arrive à ressentir l'apport des changements. Pour un repère visuel simple et efficace, chaque pièce bénéficie d'un système de niveau et d'un code couleur. Enfin, le jeu propose une dimension multijoueur assez complète avec la création de lobby public et privé, mais aussi de nombreux événements hebdomadaires et mensuels. En dehors des courses, le jeu ajoute également des compétitions en ligne dont le TT eSports. Ce dernier met en scène un système de classement en fonction du nombre de points obtenus durant un temps précis. Le mode multijoueur du jeu est donc assez complet sans être original, et se concentre uniquement sur une expérience de jeu en ligne.

On termine avec la bande-son du jeu et c'est une bonne surprise. En guise de musique d'ambiance, le studio fait le choix d'un style rock un peu prévisible mais qui fonctionne plutôt bien pour ce type de jeu. Ce n'est pas la qualité première de l'ambiance sonore mais la liste proposée reste convaincante. En dehors de la playlist, le jeu va surtout afficher une inspiration plus séduisante dans le traitement sonore des motos. Les bruitages sont immersifs avec le son des moteurs (accélération, passage des rapports), le bruit des pneus ou encore les diverses collisions (même légères) avec le décor. Le résultat est vraiment réaliste et fait plaisir à entendre, ce travail sur les bruitages est clairement l'une des forces de ce nouvel opus et se montre cohérent avec la volonté de proposer une simulation.

TT Isle of Man: Ride on the Edge 3 poursuit sa route en conservant son orientation tout en peaufinant quelques aspects sans pour autant évoluer franchement pour son arrivée sur la nouvelle génération. L'arrivée d'un monde ouvert est intéressante sur le papier mais elle met en lumière une prestation technique encore perfectible malgré des efforts. Le gameplay est toujours exigeant, c'est une véritable simulation. On retrouve donc les qualités de cette approche avec d'excellentes sensations mais on peut aussi retrouver son défaut principal, sa grande exigence pour prendre du plaisir même s'il reste possible de baisser la difficulté et de régler des assistances pour se faciliter la tâche.

Le contenu est très correct, assez varié et surtout sous licence. Enfin l'immersion sonore est très bonne et confirme les efforts du studio pour renforcer au maximum l'immersion du joueur dans cette compétition. Malgré de nombreux points positifs, ce nouvel épisode s'inscrit encore trop dans la continuité avec toujours des imperfections pour vraiment créer la surprise dans l'univers de la moto. Un titre qui est donc surtout réservé aux fans de cette compétition et aux amoureux des deux-roues en quête d'une simulation.

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Graphismes : 14/20
Gameplay : 14/20
Durée de vie : 14/20
Bande-son : 15/20

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Note globale : 14/20

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