[Test] The Crew Motorfest (PS5)

Après The Crew 2 il y a maintenant 5 ans, Ubisoft et le studio Ivory Tower retentent l'aventure The Crew avec un nouvel épisode. Annoncée en ce début d'année 2023, cette nouvelle tentative s'intitule The Crew Motorfest et compte bien s'imposer dans une catégorie où la concurrence n'est pas énorme à l'exception de Forza Horizon, uniquement disponible sur Xbox, et en attendant de voir le futur Test Drive Unlimited. The Crew Motorfest est disponible depuis le 14 septembre dernier sur PlayStation 5 (version testée), PlayStation 4, PC, Xbox One et Xbox Series. Un retour brillant sur la nouvelle génération ?

La série proposait jusqu'à présent de se balader dans divers véhicules aux Etats-Unis. Pour la première fois, on change radicalement de décor avec comme terrain de jeu l'île O'ahu de l'archipel hawaïen. Au coeur de l'océan Pacifique, on est rapidement plongé dans un cadre paradisiaque, plus petit mais largement suffisant pour se balader librement. Cette nouvelle destination n'empêche pas de profiter de décors variés, on va retrouver suffisamment de biomes différents avec la plage, la forêt, la jungle, la montagne, un petit goût de volcan ou encore des zones urbaines. Une variété très convaincante qui nous mène à profiter d'un relief vraiment différent, pas de doute le terrain de jeu est vraiment très fun pour mettre en valeur les différentes catégories de véhicules.

On retrouve le style et la mise en scène d'une production d'Ubisoft avec ce côté festif et toujours très coloré. Le titre ne cesse de mettre en avant une tonne d'effets visuels pour proposer un spectacle à chaque épreuve. Il faut donc s'attendre à des petites explosions, des confettis et même des feux d'artifices avec une tonne de couleurs. Un spectacle qui fait d'ailleurs référence au rendu de Riders Republic, une référence que l'on va régulièrement évoquer dans les différents aspects puisque l'éditeur va reprendre plusieurs aspects de ce jeu. En tout cas il faut bien avouer que cette approche permet d'obtenir une ambiance vraiment fun et amusante même si parfois on peut estimer que les couleurs, le style flashy et les différents artifices visuelles sont dans la surenchère au point même de se demander si ce n'est pas pour masquer au mieux certains défauts. 

Cela reste un choix positif qui se combine à d'autres qualités comme le cycle jour-nuit ou encore les différents effets météorologiques. La prestation visuelle est donc vraiment complète sur le plan artistique avec en plus une approche intéressante, celle d'offrir un style radicalement différent selon le thème de l'épreuve. Par exemple dans le cas d'une épreuve de drift avec une ambiance japonaise, on va trouver une ambiance unique avec quelques couleurs qui sortent du lot et des teintes renforcées. Un constat valable pour les différentes ambiances offrant ainsi un vrai changement visuel en plus de la variété naturelle de l'île. Pour compléter le tableau, le jeu adopte des cinématiques dont le rendu est plutôt chouette et complète le travail sur la mise en scène, c'est vraiment sympa à découvrir.

Finalement le seul point un peu plus décevant mais que l'on peut comprendre, c'est qu'en dehors du décor et des nombreux effets visuels, cette île peut sembler triste. Il ne faut pas s'attendre à découvrir de la vie lorsqu'on se balade sur l'île, c'est un véritable désert. Il n'y a aucun humain et aucun animal, on croise seulement des véhicules. Pour la partie technique, le jeu se montre très joli et affiche de vrais progrès par comparaison à The Crew 2. On a le choix classique entre le mode résolution et le mode performance. Ce dernier permet d'obtenir un framerate de 60 fps tout en conservant un très bon rendu visuel, il a clairement notre préférence pour ce style de jeu. D'une manière générale, le jeu s'en sort donc plutôt bien avec des textures globalement convaincantes, un très bon travail sur la lumière et surtout un très bon boulot sur la modélisation des nombreux véhicules du jeu.

Une vue intérieure est d'ailleurs disponible avec une restitution assez convenable même si la qualité reste quand même variable. En dehors de la vue intérieure, il faut quand même avouer que les véhicules font l'objet d'un joli soin autant pour les textures que la modélisation. Par contre il arrive de faire face à certains éléments du jeu qui n'affichent pas des textures aussi soignées en plus de quelques bugs, en particulier du clipping. Quelques imperfections qui ne posent pas de problème majeur pour l'expérience de jeu, la finition reste quand même satisfaisante. Les efforts ne s'arrêtent pas à la partie visuelle, on est rapidement rassuré lorsqu'on prend les commandes des différents véhicules. En effet le gameplay de ce nouvel épisode corrige sérieusement les problèmes de l'opus précédent.

On retrouve enfin quelques sensations tout en conservant le côté arcade de la série. Une conduite qui dégage du plaisir, du confort, des sensations mais aussi des différences d'un modèle à un autre. Les voitures sont le coeur du jeu et c'est avec ce type de véhicule que les différences sont les plus visibles. La prise en main est toujours aussi bonne, on peut faire glisser le véhicule facilement sans pour autant en perdre le contrôle, la tenue de route est donc assez bonne même si celle-ci se montre imprécise et oblige parfois à corriger à plusieurs reprises la direction sur certains modèles. La sensation de vitesse est bien présente et plus réaliste dans son évolution. Le jeu se montre ainsi nettement plus crédible et réaliste que The Crew 2.

On retrouve enfin une notion de masse plus réaliste, les véhicules ne paraissent plus vide et ne dégage plus cette sensation de jouet, le travail réalisé est vraiment très bon et peut enfin prétendre à jouer un rôle d'alternative à Forza Horizon même si ce n'est dernier reste tout de même la référence dans ce style de jeu.  Cet excellent travail sur la physique et sur les réglages proposés reste néanmoins encore perfectible mais il va dans le bon sens. L'esprit arcade étant dominant, il ne faut pas s'attendre par exemple à des sensations différentes d'une surface à une autre. Le changement de sol ne vient pas, ou très peu, perturber les repères et la conduite du joueur. Le fun est donc de retour en sachant que le jeu propose de nombreuses supplémentaires dans les aides à la conduite pour profiter du jeu selon ses envies.

Si le jeu se concentre vraiment sur les voitures, il ne faut tout de même pas oublier l'existence des motos, des bateaux et des avions. Même si ces transports sont en retrait, les sensations progressent en particulier les motos dont la conduite redevient agréable et intéressante. Le bateau et l'avion se présentent plutôt comme des alternatives pour l'exploration et quelques épreuves pour varier les plaisirs sans avoir la prétention d'offrir une expérience de jeu profonde. Enfin, à l'image d'un Riders Republic, le jeu intègre le système de changement à la volée du mode de transport, on passe donc d'un type de véhicule à un autre avec une grande facilité. Une fonctionnalité qui participe grandement au confort des nombreuses promenades sur l'île. L'autre correction majeure en lien avec le gameplay, c'est bien évidemment la difficulté du jeu.

L'IA n'était clairement pas le point fort de l'épisode précédent, on profite là aussi de quelques améliorations qui permettent de séduire un large public. En plus d'ouvrir le gain d'une épreuve à un podium plutôt que la première marche uniquement, les développeurs offrent plusieurs paramètres afin d'obtenir des adversaires selon son niveau personnelle et ses attentes. Une configuration personnelle qui offre une meilleure souplesse sur l'expérience de jeu en sachant que l'IA affiche dans tous les cas un comportement plus naturel sur la piste et contrôle mieux son niveau d'agressivité. Des efforts qui permettent d'obtenir un meilleur rendu général dans le déroulement des épreuves même si certains aspects peuvent ne pas plaire. En effet on pense notamment aux commentaires tout au long du jeu.

Il s'avère que ce nouvel épisode a tendance à se montrer trop bavard à notre goût et en particulier pendant les épreuves. On préfère profiter des bruitages du véhicule, du décor et éventuellement de morceaux musicaux mais sûrement pas des commentaires de PNJ dont le but est d'apporter une touche d'animation pas pertinente et assez maladroite. Entre deux épreuves ou à de rares occasions dans l'exploration, on pourrait comprendre l'idée mais durant la course c'est un peu lourd. Au sujet de la Dualsense, cette version PlayStation 5 offre une exploitation convaincante de la manette, l'éditeur fait figure de bon élève dans ce registre. Il faut donc s'attendre à une utilisation du haut-parleur, des gâchettes adaptatives et du retour haptique. Un effort qui participe à ce regain de la série dans le réalisme et les sensations globales durant la conduite.

Avec The Crew Motorfest, on enchaîne les bonnes surprises entre quelques maladresses. Le contenu est par exemple lui aussi surprenant puisqu'au lancement, le jeu propose plus de 50 marques pour un total de plus de 600 véhicules ! Un chiffre énorme qui va certainement évoluer au fil des mois qui suivront sa sortie. Un score qui cause une belle surprise et qui concerne l'ensemble des véhicules du jeu pas seulement les voitures. Mais étant donné que les autres engins sont un peu secondaires et que la voiture occupe la place centrale, on peut dire que le contenu annoncé représente fortement le catalogue des voitures. Pour preuve, The Crew 2 affichait une meilleure parité. Avec ce nouvel opus, il y a une petite quantité de bateaux, d'avions, un peu plus de motos et énormément de voitures sous licence.

Un contenu solide qui promet de longues heures dans la personnalisation et le système d'amélioration, identique à celui de The Crew 2. D'ailleurs on précise également qu'il est tout à fait possible d'importer l'intégralité de son garage de The Crew 2 dans ce nouvel épisode, une fonctionnalité vraiment sympathique pour les fans de la licence. Concernant la longueur de l'expérience de jeu, elle reste évidemment très délicate à définir. Mais si l'on considère que l'on joue plus ou moins en ligne droite en cherchant à accomplir les missions principales, on peut estimer qu'il faut environ une bonne vingtaine d'heures. Encore une fois ce score ne représente qu'une vulgaire moyenne dans l'optique de finir le jeu sans prendre le temps de profiter de l'exploration, sans refaire une quelconque épreuve et sans chercher à accomplir des objectifs ou défis supplémentaires. 

Le déroulement du jeu s'articule donc sous la forme de playlist. Chaque playlist traite une thématique précise qui offre donc une mise en scène différente et la mise en avant de véhicules complètement différents. Là aussi, nul doute que les développeurs proposeront d'autres playlists à l'avenir. Pour l'heure il faut se contenter de 15 playlists, un score très correct même si l'on aurait apprécié quelques playlists supplémentaires. Sans trop en dire, une playlist peut par exemple offrir un voyage dans l'automobile japonais, une autre dans l'histoire de Porsche, Lamborghini... Lorsque vous remportez un objectif, vous obtenez de l'argent, de l'expérience mais des pièces de véhicules (moteur, frein, boite de vitesse...).

L'enchaînement des objectifs et des playlists permet d'accéder à des événements encore plus gros, il ne faut donc pas hésiter à tenter sa chance dans de nombreuses épreuves pour débloquer du contenu supplémentaire petit à petit. Cette campagne principale contient aussi des objectifs secondaires parfois classiques tandis que d'autres sont déjà plus originaux comme éviter au maximum les dégâts sur son véhicule. Cette organisation du jeu est plutôt convaincante toujours sous le signe de la fête mais aussi de l'histoire. Même si le pilotage n'est pas aussi réjouissant, on regrette quand même que la moto, le bateau et l'avion ne possèdent pas plus de contenus dédiés. On apprécie la philosophie de pousser le joueur à sortir de sa zone de confort en demandant de piloter des véhicules précis pour certains événements mais c'est dommage de ne pas proposer un peu plus d'épreuves pour les autres types de véhicules.

En dehors de ces fameuses playlists, et malgré un sentiment de vide dans le monde ouvert, le jeu parvient tout de même à offrir quelques activités annexes dans une quantité raisonnable. Un contenu classique mais appréciable comme les radars, des coffres, des photos de panorama ou encore des slaloms. Des petits challenges amusants qui permettent de varier les plaisirs avec la campagne principale et surtout de se promener sans prise de tête à travers l'île. La série The Crew ne se contente évidemment pas d'une expérience solo, le jeu conserve son identité de départ et va même plus loin en proposant un contenu multijoueur conséquent qui se met à jour régulièrement et qui s'inspire du travail réalisé une nouvelle fois sur Riders Republic. Le jeu propose donc plusieurs modes de jeu JcJ pouvant aller jusqu'à 32 joueurs.

On souligne également que le système de crew proposant des équipes de 4 joueurs est aussi de la partie. Le live Summit de The Crew 2 laisse place au Summit Contest, la formule est reconduite avec des épreuves en PvE. En dehors du système de saison, le jeu se renouvelle chaque semaine au niveau des épreuves. Des épreuves classées en plusieurs catégories pour tenter d'obtenir toujours plus d'argent et d'expérience en plus de récompenses exclusives. Sur ce point Ubisoft maîtrise complètement ce sens de l'animation avec un vrai sérieux dans le suivi sur le long terme. Avant d'aborder les deux modes de jeu qui vont sûrement séduire une bonne partie des joueurs, il ne faut pas oublier de laisser une place aux artistes. 

Le Custom Show possède la tâche de mettre en avant la créativité des joueurs en mettant en place un hub qui organise des concours de customisation. Une forme de salon de l'automobile où l'on se balade librement en contemplant les dernières créations. Un hub social simple dans sa forme mais sympathique et qui complète à sa manière la richesse du multijoueur de la licence. Enfin il y a donc deux modes inédits et qui se montrent particulièrement fun. Le premier se nomme Grand Race et s'apparente très clairement à la fameuse Mass Race de Riders Republic, cela ne fait aucun doute. Il s'agit donc d'une grande épreuve entre joueurs en plusieurs phases.

Au départ c'est très particulier surtout si l'on ne visualise pas bien le concept de la mass race. C'est un vrai bordel avec des comportements improbables et un rythme particulier. Au fil des participations, on parvient à anticiper un peu plus les pièges tordus de ce rassemblement. L'autre mode qui mérite le coup d'oeil, c'est le Demolition Royale. On assiste ici à une forme de Destruction Derby où plusieurs équipes s'affrontent pour décrocher le top 1, un principe rappelant aussi le concept de battle royale. Une fois encore c'est nerveux, fun et extrêmement addictif dès que l'on commence à bien appréhender les parties surtout si l'on cherche à mettre en oeuvre une collaboration étroite avec les autres joueurs.

Pour finir ce tour complet du contenu du jeu, vous vous en doutez certainement, cette nouvelle aventure comporte un mode photo pour prendre des clichés avec plusieurs options pour conserver un joli souvenir de votre périple sur l'île O'ahu. On termine ce voyage hawaïen en évoquant le travail sonore réalisé. Le résultat est satisfaisant en particulier sur la restitution sonore des différents véhicules. Sans chercher à concurrencer les simulations qui visent la plus grande authenticité possible, The Crew Motorfest tente de faire de son mieux pour proposer des bruitages moteurs crédibles et différents d'un modèle à un autre d'autant que les catégories sont nombreuses et radicalement différentes (on pense notamment au catalogue électrique).

On peut donc dire dans l'univers arcade, on fait face à un très bon rendu sonore sur cet aspect. La partie musicale et plus globalement l'ambiance sonore est dans la lignée des productions Ubisoft de ce style. Ce n'est pas spécialement mémorable mais les morceaux proposés collent bien à l'esprit du jeu et à cette approche festive des épreuves. Enfin, on souligne l'effort toujours appréciable de mettre en place une VF pour les doublages. La qualité est plutôt correcte dans l'ensemble, c'est surtout l'écriture et la présence trop importante des dialogues qui rendent l'ensemble un peu pénible.

The Crew Motorfest signe un joli retour de la série. Les efforts du studio Ivory Tower sont payants et permettent à cet épisode de redonner des couleurs à la licence après un deuxième opus pas franchement emballant. Le titre affiche des progrès sur le plan visuel mais aussi le gameplay pour offrir une expérience de jeu plus fun, plus équilibrée et plus soignée. Le contenu au lancement est vraiment très satisfaisant et s'annonce prometteur sur le long terme. S'il y a toujours quelques défauts et des compromis qui peuvent ne pas plaire à tous les joueurs, il faut bien avouer que ce nouvel épisode se présente comme l'un des meilleurs dans sa catégorie sans être original mais bien plus efficace que par le passé.

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Graphismes : 16/20
Gameplay : 16/20
Durée de vie : 17/20
Bande-son : 15/20

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Note globale : 16/20

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------