[Test] Valfaris

5 Décembre 2019 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Tests Switch

Vous vous souvenez peut-être, il y a maintenant 3 ans environ, d'un jeu de plateformes en 2D nommé Slain : Back from Hell. Pas parfait mais un peu timide sur de nombreux points, on tombe sur une nouvelle production du studio Steel Mantis sur cette fin d'année. On reste sur un style similaire mais avec l'impression d'une copie plus aboutie lors des différentes présentations du jeu. Edité par le studio Big Sugar, cette nouvelle tentative des développeurs se nomme Valfaris et espère bien séduire les amateurs de shooter 2D nerveux et violent à la sauce pixel-art. Disponible sur PC, PlayStation 4, Xbox One et Nintendo Switch (version testée à cette occasion), on va découvrir si Valfaris se présente comme un petit jeu incontournable dans sa catégorie où la concurrence est toujours plus sérieuse et nombreuse.

On ne va pas répéter à chaque fois les similitudes avec la précédente production du studio, Slain : Back from Hell. Sachez donc pour ceux qui connaissent le jeu, que cette nouvelle expérience de jeu possède une identité propre et bien plus forte mais que certains aspects sont repris, ce qui n'a rien de surprenant. Le jeu nous plonge dans une planète dangereuse et vilaine nommée Valfaris. Un univers qui adopte comme style graphique... le pixel-art ! Un choix qui peut diviser mais lorsqu'on se penche de plus près sur la réalisation du jeu, on constate que le soin est total et au final cette formule lui convient à merveille. Un style étonnant qui pioche un peu partout mais avec une maîtrise totale. Que ce soit un côté cyberpunk, heroic fantasy dans une sauce rétro de bon goût, le résultat est vraiment bon et nous plonge dans une ambiance unique. Un monde macabre, crade dans son décor avec du sang et un goût étrange où l'on a l'impression de pouvoir mourir à chaque pixel. C'est glauque mais aussi très coloré avec des combinaisons de couleurs étonnantes et pétillantes d'un décor à un autre.

La palette est simplement énorme et offre non seulement une grande variété mais aussi des résultats qui ne cesseront de vous surprendre. Là encore le choix peut diviser ce mélange démesuré peut ne pas être du goût de tous les joueurs mais le style fait quand même son effet sur l'aventure. Un shooter 2D qui décoiffe dans le résultat des affrontements, pas de filtre sur la violence. Techniquement la finition est à la hauteur de sa direction artistique. Les animations sont nombreuses et soignées, le travail sur la lumière est impeccable et participe à la mise en valeur du décor, tout est là pour une immersion totale du joueur. L'univers est riche avec un gros souci du détail dans les différents décors du jeu tout en conservant la cohérence de son univers, c'est donc sombre, diabolique, futuriste avec un goût d'extraterrestre forcément. On vous laisse un peu de surprise, vous allez vite découvrir des décors d'une richesse folle d'autant que dans un tel univers, la mise en scène est parfois imprévisible et surprenante, Valfaris le prouve clairement tout au long de l'histoire.

On revient sur la partie animation tellement le travail est détaillé avec une profondeur sur notre personnage mais aussi sur les ennemis du jeu dont les boss. Le bestiaire est aussi renversant que le reste du jeu en sachant que chaque niveau possède son propre bestiaire, offrant une variété autant dans le décor que dans la menace sur notre chemin. Des soldats armés, des vers dégueulasses, des araignées, des chiens mécaniques, des oiseaux étranges... La liste est longue et respecte le délire du jeu. L'ensemble se montre original, à l'image des boss dont les animations apportent énormément à la qualité des affrontements. Autre excellent boulot qui participe à la qualité et la variété de l'aventure, c'est le level-design. C'est riche avec de bonnes idées et un minimum de verticalité pour offrir de belles séquences. La nervosité des affrontements et de la conception des niveaux s'ajoutent à une mise en scène dans le ton de l'univers. On insiste vraiment sur le côté glauque et sanguinaire de cette histoire qui donne lieu à un résultat dégoûtant de chaque combat avec des monstres.

Une violence qui se traduit à l'écran par des morceaux de corps, des organes et des membres un peu partout, vous êtes prévenus. Si jusqu'ici cette version Switch était irréprochable, on pourra juste signaler de très rares et très court ralentissements lorsque l'action devient dense à certains moments du jeu. Mais ce ralentissement est tellement modeste qu'on en vient à dire que cette version est très propre avec un framerate de 60fps délicieux qu'on ne se lasse jamais. Un constat qui est valable autant en mode portable qu'en mode TV, il n'y a pas de différence sur les deux utilisations. Enfin petit détail qui confirme une nouvelle fois le niveau de finition de ce nouveau jeu des développeurs, il est entièrement traduit en français. Un confort supplémentaire en sachant que c'est un bel effort car le jeu ne propose pas une grosse quantité de textes. Sur cette planète où les mutants règnent dans une ambiance gore, le joueur incarne un guerrier nommé Thérion qui débarque avec son vaisseau pour régler un problème personnel, Valfaris ? Même pas peur.

On l'a dit c'est un shooter 2D mais aussi un jeu de plateformes avec un goût de "Die and Retry" assez prononcé. La prise en main se montre très simple et rapide, on arrive rapidement à comprendre le potentiel de notre guerrier et le challenge qui se présente à nous. Néanmoins il faudra accepter de mourir assez souvent la première heure afin de prendre le rythme du jeu et les bons réflexes pour gérer la trajectoire de nos attaques. En plus du saut dans le registre des déplacements, le jeu comporte trois emplacements d'armes. Une touche pour une arme au corps-à-corps (épée, bâton), une touche pour une arme à distance (pistolet, laser) et une touche pour une arme puissante (lance-flamme, lance-missile). Si l'utilisation est infinie pour les armes au corps-à-corps et les armes à distance, il faudra se montrer plus vigilant sur l'utilisation des armes puissantes. Ces dernières utilisent de l'énergie de la jauge d'énergie de notre héros. En effet en plus d'une jauge de santé en rouge, on a une jauge bleue qui correspond à la jauge d'énergie.

Celle-ci se vide si l'on fait usage d'une arme puissante. Elle se vide également dès lors que l'on encaisse des dégâts en utilisant le bouclier pour se protéger ou carrément renvoyer le projectile d'un ennemi. Cette mécanique est très intéressante puisqu'elle implique au joueur de trouver un équilibre dans son approche face à l'ennemi entre l'utilisation de l'énergie pour l'attaque ou la défense. Cette jauge remonte dès qu'on élimine des ennemis et s'illustre par l'absorption de l'âme des ennemis. Pour la jauge de santé, elle remonte dès que l'on collecte des coeurs. En plus de cette fonctionnalité intéressante, le jeu possède une autre mécanique très intéressante qui joue également la carte du compromis que le joueur doit assumer. Au cours de l'aventure, on fera face à des idoles de résurrection que l'on pourra collecter. Jusqu'ici rien de compliqué, sauf que chaque idole possède deux attributs mais le joueur pourra en profiter d'un seul selon son envie.

C'est bien simple soit vous l'utilisez pour activer un checkpoint, soit vous l'utilisez pour agrandir vos deux barres (vie et énergie). La question est donc de savoir si vous souhaitez sécuriser votre progression des niveaux ou si vous misez sur la puissance mais en risquant de refaire de longues séquences de jeu. Puissance ou sauvegarde, il faudra choisir. Aussi, un détail non négligeable est à prendre en compte dans votre choix, dans le cas de l'activation d'un checkpoint, on profite de fonctionnalités liées à notre équipement. En effet c'est ici que l'on pourra sélectionner nos armes mais aussi procéder à des améliorations grâce à la collecte de minerais de sang obtenus via la destruction de certaines parties du décor. Si l'usage des armes à travers les combats constitue une bonne partie du jeu, il ne faut pas oublier sa partie exploration et plateforme. De nombreux éléments pourront profiter au joueur pour accéder à certaines zones des niveaux dans l'idée d'actionner des mécanismes pour s'ouvrir un passage ou rechercher des objets.

Du côté du challenge, la difficulté est au rendez-vous mais sans subir un déséquilibre. Certains ennemis sont relativement simples tandis que les mini-boss ou surtout les boss seront plus délicats d'autant que les patterns sont nombreux et de qualités. Si ceux-ci se montrent puissants et résistants de base, certains boss impliquent carrément de faire usage d'une arme spécifique pour réaliser des dégâts. Attendez-vous à recommencer plusieurs combats jusqu'à comprendre l'approche idéale, en sachant que les temps de chargements sont rapides pour éviter une frustration supplémentaire après plusieurs tentatives. Les morts vont s'enchaîner et permettre au jeu d'afficher un peu de longueur même si sa durée de vie n'est pas mauvaise. Si cela va dépendre de votre facilité à franchir les obstacles et surtout les combats, vous pouvez estimer qu'il faut bien 13-15 heures pour terminer l'histoire et plusieurs heures supplémentaires si l'on veut absolument découvrir l'intégralité du jeu. D'ailleurs ce sera la seule raison de retourner dans le jeu car celui-ci fait l'impasse sur un mode coopératif.

Certains seront déçus car ce genre de jeu associe souvent un mode coop pour varier les plaisirs, même si dans ce jeu précis cela ne se porte pas aussi bien que d'autres productions du même style. Il est donc concentré sur le solo, ce qui dans un sens ne devrait pas déplaire à une bonne partie des joueurs. Pour prolonger l'expérience de jeu, il faudra donc miser sur la recherche profonde des niveaux pour débloquer toutes les armes et les améliorer à fond. Un objectif intéressant car le jeu met en scène des salles secrètes où l'on trouve une épreuve qui vaut le détour avec une belle récompense. Aussi, pour ceux qui sont intéressés par la version numérique, sa taille est de 813 Mo et son prix est de 24,99€.

Si vous préférez la version physique, son prix de vente est de 34,99€. Avec un tel univers, un tel rythme et un tel challenge, il fallait une bande-son soignée qui se mélange à merveille avec cette direction artistique. Le résultat est une réussite totale d'autant que les développeurs mettent des moyens en approchant l'ex-guitariste d'un groupe de metal nommé Celtic Frost. Pour ceux qui connaissent il s'agit donc de Curt Victor Bryant qui se charge de la bande-son et le résultat est excellent pour le jeu.

Les compositions penchent vraiment du heavy metal puissant, extrême par moment. Nul doute que certains n'apprécieront pas ce style musical mais pour Valfaris il fallait cette bande-son. Chaque thème renforce le côté brutal du titre et la nervosité des combats. La violence est accentuée d'autant que les bruitages rajoutent une couche supplémentaire pour accentuer la démesure et le côté gore du jeu. La guitare électrique fait vraiment son effet et renforce le style du jeu sans trop en faire, une nouvelle fois l'équilibre trouvé est très bon. Enfin pour la partie scénaristique, non seulement on va rester prudent par habitude mais l'histoire elle-même se montre prudente.

Le travail d'écriture n'est pas l'aspect du jeu le plus poussé, on recherche ici un prétexte pour mettre en scène un tel monde et justifier une telle violence dans les niveaux. Le joueur incarne donc Thérion, un guerrier redoutable qui souhaite retourner sur sa planète d'origine, Valfaris, pour y retourner voir son père, Vroll, dans l'idée de l'affronter. Une forme de vengeance familiale pour offrir une dose d'action dans un futur démoniaque, rien d'original. Il ne faut surtout pas attendre un gros développement sur la relation entre les personnages ou un historique détaillé de la planète par exemple. Cela reste plaisant à suivre et ça captive suffisamment le joueur pour dégager le souhait d'en découvrir toujours plus et de connaître la fin.

Valfaris est une aventure douloureuse mais addictive. Cette nouvelle tentative des développeurs respire nettement mieux la maîtrise sur l'ensemble du jeu. C'est joli, propre, varié et surtout inspiré. Assez simple à prendre en main, le gameplay se montre fun et riche avec des choix forts à faire tout au long de l'histoire. Une belle surprise qui se contente tout de même d'un scénario basique et qui fait l'impasse sur un mode coop. Autrement, très difficile de lui faire de gros reproches, quelques petites imperfections mais rien de méchant. Cette version Switch, comme les autres versions, se montre donc à la hauteur pour ceux qui aiment les challenges et les univers sombres et glauques en plus d'une dose d'heavy metal pour enfoncer le clou.

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Graphismes : 16/20
Gameplay : 16/20
Durée de vie : 14/20
Bande-son : 16/20
Scénario : 13/20