Jeuxvideo-world

[Test] Watch Dogs Legion

6 Novembre 2020 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Tests PS4

Ubisoft répond présent cette fin d'année en commençant par la sortie d'un nouvel épisode de la licence Watch Dogs. Un monde ouvert où l'informatique est une arme comme une menace sous différentes ambiances. Un style et une approche qui pouvaient séduire des joueurs tandis que d'autres gardaient un goût mitigé des aventures proposées. D'abord à Chicago avec Aiden Pearce puis à San Francisco avec Marcus Holloway. Si le premier opus était sombre et plutôt captivant, le second offrait un environnement plus comique mais tout aussi amusant. Ce troisième opus s'intitule Watch Dogs Legion et tente une nouvelle fois une approche différente, une ambiance plus froide et sombre dans un univers futuriste mais surtout dans un décor en dehors des Etats-Unis, l'aventure se déroulant à Londres. Un troisième essai percutant ou plutôt décevant ? 

On apprécie déjà cette idée d'être dans un environnement un brin différent avec donc la ville de Londres. Si certains pouvaient avoir des craintes, cette nouvelle zone de jeu ne manque ni de charme ni d'identité. Ce n'est pas le plus grand monde ouvert ou le plus original mais sa conception et son souci du détail permettent d'obtenir un terrain de jeu sympathique. On profite d'une ambiance sombre et surtout futuriste avec la présence de technologie avancée, de drones... Si l'on note la présence de tags pour donner le ton, on apprécie les effets visuels et lumineux grâce notamment aux publicités. Une ville connectée qui se montre pétillante et vivante de jour comme de nuit. Si vous doutez de la localisation, il suffit de se balader pour découvrir des références amusantes avec la mise en place de monuments célèbres mais aussi de véhicules dont les inspirations sont fortes pour les marques anglaises (Mini, Jaguar...).

La direction artistique s'avère donc intéressante et maîtrisée avec une belle richesse dans les décors et une multitude d'effets visuelles qui participent à l'immersion du joueur dans Londres. On souligne également qu'en plus d'une bonne diversité, le jeu propose un level-design intéressant dans la mesure où plusieurs approches sont proposés. Ce n'est pas un jeu qui a pour vocation d'offrir un level-design vertical et pourtant entre l'architecture de la ville et la technologie, on obtient une belle liberté d'exploration. Malheureusement le goût d'une révolution moderne ne suffit pas si la technique ne suit pas.

Ce n'est pas non plus une catastrophe, mais la prestation technique est simplement dans la moyenne. Si l'on connaît les difficultés pour réaliser un monde ouvert stable et propre, on est tout de même en mesure d'attendre beaucoup mieux de la part d'Ubisoft. Loin d'être optimisé, le jeu contient beaucoup de bugs au lancement avec une fluidité souvent douteuse. Le moteur physique montre trop vite son âge et ses limites avec des textures vilaines, des animations peu convaincantes et une modélisation pas toujours irréprochable. Des collisions hasardeuses, une finition qui manque de finesse...

Vous l'aurez compris ce n'est pas une claque visuelle et sa stabilité n'est pas parfaite, on espère que de nombreuses patchs viendront rendre l'ensemble plus propre. C'est frustrant et bien dommage de découvrir une telle expérience de jeu avec une technique dépassée. C'était déjà moyen dans le second volet, pour ce troisième opus ça ne suffit plus il faut vraiment revoir le moteur et la finition globale d'autant que s'il s'agit d'un monde ouvert c'est loin d'être le plus grand de sa catégorie. Ce troisième épisode tente vraiment de proposer une approche différente des deux autres tout en restant dans le thème de l'information et le piratage. Non seulement on change de destination (Londres) mais surtout le jeu ne dispose d'un personnage principal que ce soit un homme ou une femme.

La présence d'une héroïne se présentait déjà comme un vent de fraîcheur sur le papier mais les développeurs vont plus loin et ne propose pas de héros... Une idée qui suscite des avis radicalement différent, si certains y voient une vraie originalité d'autres annoncent rapidement le chemin de l'échec avec un tel choix. Il est vrai que même avec de bonnes idées, il sera bien difficile de rendre l'histoire captivante et charismatique sans un personnage capable d'embarquer le joueur dans une aventure. Dans Watch Dogs Legion, on recrute des citoyens, des agents qui se trouvent en ville et qui possèdent des attributs spécifiques.

Une fonctionnalité de recrutement intéressante où l'idée est de lancer une révolution et donc une armée en motivant le peuple. Si certains acceptent à condition d'une petite mission pour rendre service, d'autres nécessitent un peu de recul afin de comprendre comment bien s'y prendre pour faire évoluer l'opinion des plus réfractaires. Le concept est vraiment amusant et pas trop répétitif dans l'ensemble mais par contre des profils classiques si ce n'est cliché. S'il y a bien un brin d'identité ça ne vaut clairement pas la profondeur d'un vrai personnage où le joueur peut s'attacher au fil de l'histoire. Chaque corps de métier profite de ses avantages, du médecin à l'avocat en passant par le policier...

Un gameplay propre à chaque métier avec des forces et faiblesses. Aussi et c'est vraiment sur ces détails qu'on mesure la profondeur du jeu, un personnage peut subir un statut temporaire. En effet il peut être blessé ou carrément subir la prison. Le seul moyen sera de patienter afin de retrouver sa liberté et ses capacités. Evidemment selon votre équipe, des atouts permettent de réduire le temps d'attente. Attention à vos actes, si un personnage ne valide pas vos actions dans une situation, il pourra créer un sentiment de vengeance et provoquer carrément un kidnapping d'un membre de l'équipe... On laisse volontairement des zones d'ombre sur le concept pour conserver la surprise, le but ici est de bien comprendre que si cette nouvelle approche peut surprendre et frustrer, elle possède de nombreuses mécaniques qui rendent le système complet et loin d'être superficiel. En plus de ce gros changement d'approche, les développeurs proposent aussi des nouveautés dans le gameplay. On fait enfin face à des combats au corps-à-corps avec une série de coups mais aussi la possibilité de mettre en oeuvre des esquives et des contre-attaques.

Un ajout qui apporte un certain dynamisme dans les affrontements contrairement aux phases de tirs moins percutantes. Oui Watch Dogs Legion est également un jeu de tir à la troisième personne avec un système de couverture. Malheureusement, qu'importe si les armes sont létales ou non, on a toujours des sensations très moyenne avec l'arsenal, une impression de jouet qui tend à s'améliorer mais pas assez pour vraiment trouver des séquences nerveuses et jouissive comme d'autres jeux du même genre. On retrouve aussi ce qui constitue l'une des identités majeures de la série : le piratage. C'est clairement l'élément marquant du premier opus et qui possède toujours une place importante dans la série. On retrouve avec joie le piratage des caméras mais aussi l'usage de tout un tas de technologie du drone au volant pour transporter un personnage à de petits robots pour passer par des conduits. C'est cette même technologie qui permet de varier les plaisirs dans l'approche d'une zone et de profiter du très bon level-design.

Derrière cette liberté appréciable et cette technologie de pointe, on est surpris de manière négative face à la disposition du piratage des feux de signalisation. Non seulement c'est totalement incohérent avec l'univers du jeu mais surtout cette mécanique était déjà en place et fonctionnait parfaitement dans les précédents opus. Une transition parfaite pour parler de véhicules du jeu et de cette conduite toujours aussi particulière. C'est encore trop lourd et imprécis pour prendre du plaisir malgré de jolis véhicules. C'est dommage et ça pénalise également les courses-poursuites du jeu, il y a encore une grosse marge de progression de la part des développeurs sur cet aspect. On revient sur les fameux agents en évoquant cette fois-ci la progression de ceux-ci. En effet il est possible d'acheter des armes et améliorer les capacités de chaque agent. Un arbre de compétences bien conçu qui laisse place à de nombreuses possibilités en matière de piratage et de gadgets.

Pour déverrouiller ces améliorations, il faudra des points technologie que l'on récupère tout au long de l'aventure. Si le challenge n'est pas spécialement énorme, on pointe surtout du doigt la prestation moyenne de l'IA humaine. Oui la précision est importante car l'IA "technologique", et notamment les drones, s'en sort beaucoup mieux. Le champ de vision est encore trop timide au point d'avoir l'impression que l'IA est aveugle et puis parfois on aura un comportement radicalement différent pour une situation sensiblement identique. Parfois une mauvaise action n'est pas relevée et parfois l'IA réplique d'une manière très franche... Elle est donc imprévisible en plus d'être très moyenne dans les phases d'actions. En gros il faut bien comprendre que depuis le premier volet, il n'y a pas d'évolutions majeures sur l'intelligence artificielle.

Au niveau du contenu, pas de héros charismatique mais une histoire sympathique avec différents types de missions. Le scénario principal se découpe en quatre chapitres avec un schéma identique où une faction est mise en avant avec un affrontement spécial en guise de conclusion. Vous allez vite retrouver une structure et une mise en scène qu'Ubisoft maîtrise parfaitement, ce n'est pas original mais ça fonctionne bien. Si l'on se concentre uniquement ou presque sur cette histoire principale, il faudra compter environ 20 heures de jeu. On trouve aussi de nombreuses missions secondaires qui ont le mérite d'être scénarisées. Celles-ci possèdent un lien direct avec le scénario principal et consistent globalement à accomplir des actions pour recruter ou aider des agents. Pour enrichir encore plus ce monde ouvert et apporte une plus grande variété, les développeurs proposent aussi des activités annexes.

Il s'agit en gros de petits défis pour libérer des quartiers en plus de petites activités comme des livraisons ou des parties de fléchettes. On n'oublie pas non plus la partie personnalisation des agents avec de nombreuses possibilités pour obtenir le style souhaité à condition d'avoir de l'argent gagné en jouant. On déplore malheureusement qu'en plus de la monnaie in-game, le jeu met en avant une boutique où l'on peut faire usage d'argent réel pour faire l'acquisition de packs cosmétiques ou carrément de boosts XP. On se répète mais cette approche est d'un goût douteux pour un jeu AAA. Si l'on peut comprendre ce type de modèle pour un jeu free-to-play, dans le cas de Watch Dogs Legion c'est moins évident. Evidemment, ce contenu payant n'est pas indispensable pour l'aventure. Enfin on souligne la présence, désormais traditionnelle, du mode photo pour garder des souvenirs de Londres.

Du côté de la bande-son le résultat est très convaincant. On ressent la volonté d'une cohérence avec l'univers Londonien de ce troisième volet. On pourra donc logiquement profiter d'une bonne quantité de musique de groupes anglais. Une radio anglaise soignée qui donne envie de parcourir des kilomètres pour profiter de cette bande-son...malheureusement cette envie est rattrapée par la fameuse conduite douloureuse, dommage. En tout cas pour l'immersion, c'est le choix idéal et ce bon travail est accompagné de nombreux contenus audio qui viennent enrichir l'univers de cet épisode. Le travail sonore n'est clairement pas négligé dans cet épisode avec par exemple la volonté d'offrir un doublage à l'ensemble des agents que l'on peut contrôler.

Une belle performance quand on sait qu'il s'agit d'un simple personnage que l'on recrute dans le monde ouvert. Il faut tout de même mesurer le résultat dans le sens où les voix sont peut-être nombreuses mais relativement proches. Forcément cette proposition ne va pas dans le sens d'une prestation charismatique ou de voix particulières. On a des personnages classiques pour des voix classiques sous forme de petites variantes. Néanmoins l'effort est vraiment appréciable et permet à chaque fois de profiter de dialogues à travers les cinématiques plutôt que de subir des personnages muets et spectateurs, un brin de vie qui fait toujours plaisir.

Enfin on termine avec le scénario du jeu. Pas d'inquiétude même si le travail d'écriture n'est pas renversant on va rester comme d'habitude très prudent sur les informations données au sujet de l'histoire. On retrouve une histoire plus sombre et sérieuse à l'image du premier volet mais tout en conservant une petite touche d'humour. Si on vous laisse le soin de découvrir les nombreuses thématiques proposées, le principe de l'histoire est de prouver l'innocence du groupe DedSec suite à des événements. En effet on constate la présence de nombreux groupes au coeur de Londres avec des intentions et des pratiques douteuses.

Il faut donc amener à une forme de révolution en procédant à un recrutement de nombreux partisans. L'idée est d'obtenir le plus grand soutien possible de la ville avec des partisans de différents secteurs professionnels. L'histoire n'est pas spécialement mauvaise, mais une fois la fin du jeu on se rend compte que celle-ci n'est pas spécialement originale et plutôt prévisible. Un peu à l'image du jeu, ça manque de charisme, de surprises et de rebondissements. Ce n'est pas désagréable à suivre et c'est assez bien rythmé mais c'est le genre d'histoire que l'on oublie vite sans laisser le moindre souvenir.

Watch Dogs Legion est un très bon jeu proposant une aventure avec de bonnes idées sans pour autant faire réellement grandir la série. Sur le papier il y avait matière à s'imposer comme une expérience de jeu en monde ouvert qui sort de l'ordinaire. Malheureusement si ces idées sont bonnes et assez bien intégrées, elles desservent d'autres aspects du jeu. Techniquement c'est très correct avec tout de même une marge de progression, mais surtout le jeu se montre trop générique et encore trop classique. Si vous êtes fan de la série, nul doute que vous apprécierez ce nouveau volet mais pour les joueurs plutôt indifférents ou déçus des épisodes présents, pas sûr que celui-ci fasse office de réconciliation.

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Graphismes : 16/20
Gameplay : 15/20
Durée de vie : 15/20
Bande-son : 16/20
Scénario : 12/20

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Note globale : 15/20

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