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[Test] Super Meat Boy Forever (Switch)

4 Janvier 2021 , Rédigé par jeuxvideo-world Publié dans #Tests Switch

La série Super Meat Boy s'offre enfin une suite, dix ans après la sortie du premier opus. Un jeu de plate-forme exigeant et sanglant développé par un duo talentueux : Edmund McMillen (que l'on connaît aussi pour l'excellent The Binding of Isaac) et Tommy Refenes. Une première tentative couverte de succès et disponible sur de nombreux supports. Rien d'étonnant donc de voir l'arrivée d'une suite même si l'attente était longue. Aussi, si le duo a formé ensemble le studio Team Meat, cette suite va faire sans l'un de ses créateurs, Edmund McMillen.

Cette suite s'intitule donc Super Meat Boy Forever et se présente depuis le 23 décembre dernier comme une exclusivité temporaire sur PC et Nintendo Switch (version testée ici). Il faudra attendre au moins 2021 pour voir ce nouvel épisode sur d'autres supports (PS4, Xbox One, iOS, Android...). Avant le coup, ce deuxième essai pose des questions depuis son premier communiqué et l'annonce que la formule sera différente pour cette suite. Si l'esprit est conservé, le genre est tout de même différent et peut refroidir une partie des joueurs séduits par la première expérience. Une nouvelle aventure toujours aussi captivante ?

Malgré une approche différente, on aura naturellement tendance à faire le jeu de la comparaison avec le premier épisode. Avant de rentrer dans le vif du sujet, on peut faire un point sur l'univers de ce nouvel épisode et son scénario prétexte même si ce dernier fait l'objet d'un soin supérieur. Attention cela reste toujours un prétexte pour mettre en scène notre personnage, les niveaux et les boss, sauf que la narration affiche une plus grande profondeur et une mise en scène plus travaillée. On retrouve notre héros, Meat Boy, et Bandage Girl qui font de nouveau face au méchant nommé le docteur Fetus. Le motif de cette nouvelle confrontation ? Notre couple doit sauver leur fille nommée Nugget. Une simple poursuite pour sauver son enfant, c'est basique mais suffisant pour repartir à l'aventure.

Visuellement la différence est nettement visible, normal en même temps avec 10 ans d'écart. On avait dans le premier épisode un style à l'ancienne où régnait une nostalgie qui faisait son effet. Ce nouvel épisode s'inscrit plutot dans une présentation de son époque. C'est très coloré avec des couleurs nettement plus chaudes que le premier volet. Ce dernier paraissait plus froid, sombre et gris. Ici les couleurs sont plus nombreuses, variées avec de belles animations. Là aussi la différence est visible tout en respectant le style et l'esprit de la série. Le titre affiche une très bonne fluidité dans l'ensemble même si l'on a constaté quelques rares et petites chutes de framerate.

On note aussi un meilleur travail sur l'éclairage pour des niveaux plus variés (de jour comme de nuit avec des arrière-plans originaux). Auparavant, on était plus proche d'un style 8 bits avec des arrière-plans sobres, désormais le trait est plus arrondi et donne au jeu un côté mignon qui colle parfaitement avec les personnages et leur quête. Lorsqu'on parle d'un style respecté, il est par exemple question d'un des codes de la série celui de la fameuse trace de sang dès qu'on est touché. L'évolution visuel est donc parfaitement maîtrisée même si certains aspects du jeu peuvent sembler en retrait comme le level-design.

Si le contenu des niveaux regorge toujours autant de pièges, on perd en verticalité par rapport au premier épisode, la raison ? Le nouveau genre. En effet si le premier jeu était un genre plateforme, le second est un runner. On reviendra en détail sur les particularités de cette nouvelle orientation mais ce qui est certain, c'est que celle-ci influence la construction des niveaux. Concernant l'aspect procédural du jeu, il n'est pas question des niveaux d'une manière générale, ce sont les sections qui sont générées aléatoirement. Cet assemblage aléatoire donne évidemment une excellente rejouabilité au jeu d'autant que le mélange est très bon.

En effet il n'est pas question de chance dans l'ordre sélectionné, la qualité est identique d'un ordre à un ordre, n'espérez pas trouver une combinaison plus aisée. Ce système de construction donne lieu à des points de contrôle très régulier qui évitent lourdeur et frustration à chaque mort. Pour le contenu des niveaux, tout en laissant le plaisir de la découverte, on retrouve une bonne dose de pièges : piques, scies circulaires (parfois montés sur des bras articulés), lasers, ennemis (dont certains aériens)... Il faut donc s'attendre à une expérience de jeu toujours aussi sanglante et exigeante. On souligne aussi la présence des cinématiques dont la qualité est au rendez-vous et résume la nouvelle direction artistique de cet épisode.

Elles débarquent entre chaque monde et permettent d'apprécier le style cartoon de l'épisode avec comme dit précédemment un aspect mignon, coloré et toujours avec cette petite touche violente qui caractérise la série. Si l'on reproche parfois à certaines séries de proposer des suites timides ou trop proche du premier opus sans modifier ou évoluer un concept accrocheur, ce n'est pas du tout le cas avec Super Meat Boy Forever. Avec cette suite, les développeurs décident une orientation complètement différente au niveau du gameplay. On oublie la plateforme pour accueillir un runner, oui c'est clairement une surprise.

D'ailleurs le choix est tellement surprenant et étonnant que de nombreux joueurs seront perturbés par ce choix si vous n'avez pas suivi la communication assez discrète de ce nouvel opus. On le dit clairement, cette suite ne fonctionne pas du tout de la même manière que le premier. Il s'agit là d'un runner où le personnage court automatiquement et dans une seule direction sans jamais marquer un arrêt (à moins d'être face à un obstacle) et sans jamais avoir la main sur le changement de direction, le joystick n'est pas utilisé. Ce nouveau système nous mène à des commandes extrêmement simples à comprendre, cette nouvelle aventure fait appel à... deux boutons ! En effet compte tenu du nouveau genre, il suffit désormais de sauter avec une touche ou de se baisser avec une autre touche.

Difficile de faire plus simple, du moins sur le papier car en plus du challenge propre à la série, on va découvrir un minimum de profondeur. Quand on se baisse par exemple, étant donné que l'on est constamment en mouvement, on réalise une glissade qui peut se traduire par une attaque simple sur un ennemi. Un potentiel offensif identique pour l'autre touche où un saut peut se traduire par l'enchaînement d'un coup porté à un ennemi. Malgré cette simplicité, la prise en main n'est pas forcément évidente. En dehors des commandes, on va surtout découvrir des ennemis et des pièges en permanence qui exigent une connaissance de la zone et surtout une parfaite maîtrise du timing.

Il faut vraiment prendre le rythme et comprendre ce concept de déplacement automatique avec une direction qui n'évolue qu'en fonction de vos actions et du décor, sur une simple ligne droite, n'espérez pas faire demi-tour. Un rythme qui peut agacer et poser problème pour les joueurs qui aiment définir leur propre rythme surtout ceux qui ont besoin de fonctionner avec une vitesse personnelle dans l'optique par exemple de profiter de chaque pixel pour apprécier le travail réalisé sur les niveaux mais aussi pour l'exploration et la recherche de collectibles. Un exercice clairement plus délicat dans un runner comme celui-ci, de quoi faire naître une potentielle frustration chez certains joueurs.

Pourtant, cette audace des développeurs mérite des félicitations, il y a clairement une prise de risque et si le changement semble dans un premier temps radical, on apprécie autant cet opus. En conservant un minimum l'identité de la série, ce nouveau gameplay démontre cette capacité de la licence au sein d'un même univers d'offrir des styles de jeu différent. Cela ne veut pas dire qu'on les approuve tous, mais cette nouvelle approche fonctionne aussi bien que la précédente. Evidemment si votre attente était fondée sur le même gameplay que le premier mais avec une évolution visuelle et des niveaux inédits, vous pouvez passer votre chemin. Un changement de gameplay qui n'affecte pas le challenge du jeu, bien au contraire. On meurt toujours autant avec la célèbre trace de sang mais une petite nuance fait son apparition.

Désormais à chaque mort, on ne recommence pas le niveau depuis le début mais à partir d'un checkpoint. En gros un niveau fait l'objet d'une construction en plusieurs morceaux. Quand vous mourrez, vous reprenez au début d'un morceau et non du niveau. Au cours de l'aventure, on pourra même rencontrer des pics de difficulté qui nécessite une maîtrise parfaite de la séquence : des combats de boss. Cela peut paraître basique mais la mise en scène de ces combats permet de varier le rythme plutôt que d'enchaîner sans transition (il y a quand même les cinématiques) les niveaux. On fait clairement face à des défis à chaque fois, non seulement certains se montrent originaux mais impliquent vraiment une précision sans faille.

Le seul avantage que l'on peut y voir dans ces combats, grâce ou à cause (question de point de vue) du gameplay, c'est le faible nombre de pattern, si ce n'est qu'il en existe parfois qu'un seul. Le challenge est donc de réaliser une exécution parfaite du combat. On va donc apprendre un peu comme un Souls-like par la répétition des morts en sachant que si vous mourrez vous recommencez complètement le combat, peu importe la phase du combat. Au niveau du contenu, le jeu est découpé en quatre mondes. Chaque monde comprend plusieurs niveaux avec un boss à chaque fois. La sérieuse difficulté du premier épisode est reconduite, ce qui rend l'estimation de la durée de vie délicate. Néanmoins on peut estimer qu'il faudra bien 6-7 heures, un minimum qui peut augmenter selon votre capacité à répondre rapidement ou non au challenge proposé.

En dehors du challenge, il existe d'autres raisons qui permettent d'augmenter de manière importante la durée de vie du jeu. Si vous complétez un niveau avec un rang suffisant (rang A+, rang S...), vous pourrez débloquer et tenter l'aventure de ce même niveau dans une nouvelle version. Comme pour le premier opus, en plus du monde lumineux, le jeu propose de découvrir les niveaux dans le monde noir avec une difficulté encore plus importante. En plus de chercher à réaliser le meilleur rang et de débloquer le monde noir, on pourra partir à la recherche de collectibles, là encore comme le premier épisode. Avant il fallait partir à la recherche de bandages désormais, compte tenu de la narration, il sera question de récupérer des tétines.

La récompense est identique au premier jeu et permet donc de débloquer de nouveaux personnages (une bonne dizaine). Un motif supplémentaire de refaire les niveaux même si cette quête des tétines pourra paraître plus frustrante que celle des bandages à cause du nouveau système de jeu qui implique de réussir au moment où l'on passe près de l'objet sinon il faut recommencer la section alors que l'on pouvait davantage temporiser pour la collecte des bandages. Concernant l'attribution du rang pour chaque niveau, il dépend du score réalisé en matière de temps. En effet, en haut à gauche de l'écran, on pourra suivre le chrono réalisé dans le niveau.

Non seulement c'est en lien avec le rang mais cela permet d'ouvrir des perspectives de speedruns comme pour le premier jeu. On trouve d'autres éléments dans le contenu qui permettent de confirmer le soin apporté à cette suite qui s'enrichit de belle manière. Alors c'est sûrement anecdotique pour une bonne partie des joueurs mais le jeu propose un mode cinéma qui permet de visionner les différentes cinématiques du jeu. Il faut le voir comme un contenu annexe à l'image souvent des sections galerie que l'on trouve dans une grande partie des productions actuelles. S'il n'y a pas de multijoueur à cette occasion, le jeu met en place un système qui s'en rapproche un peu dans l'esprit.

Il est possible de saisir un code qui définit le niveau comme celui d'un ami afin de pouvoir se lancer un défi et comparer son score. Une fonctionnalité intéressante et simple à mettre en oeuvre mais qui confirme bien la simplicité de la génération qui contrairement à d'autres jeux, ne propose une véritable génération aléatoire. La construction se rapproche plus d'un puzzle où l'on varie la position des pièces, ce qui reste déjà un moyen de conception intéressant et suffisant pour obtenir une bonne rejouabilité. Enfin quelques détails sur cette version Nintendo Switch, la manette Nintendo Switch Pro est compatible, son prix est de 15,99€ et la taille du jeu à sa sortie est de 5,6 Go environ.

On termine en évoquant la bande-son, à l'image du premier épisode, l'ambiance sonore est excellente. On profite toujours de très bonnes compositions musicales, suffisamment nombreuses et variées, penchant dans un style nerveux qui collent à merveille avec l'univers de la licence. Un travail sonore percutant que l'on retrouve aussi dans les bruitages. Par exemple, chaque coup donné offre son petit punch tandis que chaque mort se traduit par un bruit d'écrasement. Sur le plan sonore difficile de lui faire un reproche. On précise par contre, et ce n'est pas du tout un problème pour ce jeu, qu'il ne faut toujours pas s'attendre à des doublages à travers les différentes cinématiques.

Super Meat Boy Forever est une suite surprenante mais offre toujours une expérience de jeu sympathique. Dès les premières minutes on découvre non seulement un nouveau visuel cartoon mais surtout un nouveau gameplay qui risque de diviser les joueurs. On passe d'un jeu de plateforme à un runner dont les commandes se limitent toujours à deux boutons. Un déplacement automatique du personnage où l'on perd donc la gestion de la direction, une idée intéressante mais qui peut déplaire.

On peut au moins saluer l'effort des développeurs pour offrir un nouveau jeu qui ne se contente pas de reconduire le concept en changeant seulement les niveaux. Une suite très différente qui conserve tout de même l'esprit de la série sur de nombreux aspects, un contenu solide avec une bonne difficulté et une bande-son une nouvelle fois excellente. Il faut donc bien avoir conscience que la formule, que l'on approuve, est différente avant de se lancer dans l'aventure.

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Graphismes : 15/20
Gameplay : 15/20
Durée de vie : 15/20
Bande-son : 15/20

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Note globale : 15/20

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